Ville

Étymologie de ville

Notre mot "ville" nous vient du latin "villa"

La "villa" [1] latine est beaucoup plus que la simple "maison" rurale que serait une "villa" de nos jours.

Cette "villa" latine est proche d’un hameau, ensemble d’habitations, voire d’une exploitation agricole, d’une ferme, permettant d'accueillir les ambassadeurs ou personnes d’importance que l'on ne voulait ou ne pouvait recevoir dans la cité..

En latin la "ville" est "urbs", et non "villa", et désigne une ville avec son enceinte qui en Grèce est la "cité" nommée "Polis"

Illustration 24 : Rome . La Villa Médicis (Mai 2001)

Du "Polis" des grecs au "Urbs des Romains : la ville, le bien public, le bien privé.

Les Grecs admettaient la même différence entre le terme "astu" [2] ("αστυ") et "polis" , que les Romains entre les mots "Urbs"[3] et "civitas [4]".

(le latin urbs désigne la ville et son enceinte, et civitas désigne l'ensemble des citoyens qui constiuent la ville).

L'urbs est donc "la cité" au point de vue des biens publics et, par extension,
d'une communauté qui peut, à juste titre être qualifée de "res publica"
au même titre que le peuple romain ou qu'une colonie qui serait issue de l'Urbs.
Elle s'oppose juriduquement aux biens privés et, plus particulièrement, aux
"agri priuati" qui sont dans la "potestas" de chaque citoyen et qui ont pour
vocation première l'agriculture.
[5]

L'encyclopédie Méthodique du XVIIIe siècle donne :

"Par le mot "polis", en grec, ainsi que par "Civitas" chez les latins, on entendoit une ville habitée, l'idée de citoyen se confondait avec celui de ville [6]".

La ville en Grèce ou "polis"

Vers –443 la ville d'Athène est entourée et protégée par un mur de 7 km ainsi construit sous Périclès la ville d'Athènes englobe alors tous les territoires des bourgades protégées par le mur, sous la protection du Parthénon qui abrite Atena, déesse protectrice de l'ensemble de la "ville", ou cité..

La cité grecque devient alors une communauté géographique et politique ("polis") due à la réunion de villes (plusieurs "astu" [7]) sur un territoire, nommé le "chora".

La ville en Sanskrit et la ville suivant Aristote

Le "polis" et le "acropolis" sont deux termes védiques désignant ce qui est "pur", la citadelle, lieu en lequel se dresse la divinité protectrice de la cité.

Le mot sanskrit "pur"[8] signifiant "la citadelle" ou la "ville fortifiée", donnera le mot grec "polis" (la ville). Le sanskrit "pur-" est un préfixe signifiant le rempart, la cité et le sanskrit "pura" (du sanskrit "pur [9]") désigne l'appartement des femmes, le gynécée; la maison; résidence.

En ce sens la ville, dans le monde antique, correspond à l'ensemble des territoires réunis sous une même citadelle (le Sanskrit "pur") où se trouvent les dieux protecteurs de la cité.

La ville suivant Aristote : La Politique.

Aristote, dans "La Politique"[10] décrit ainsi la ville, en grèce :

"La ville n'est pas comme une alliance militaire, qui vaut toujours par le nombre
de ses membres, réunis pour se prêter un mutuel appui, l'espèce des associés
fut-elle d'ailleurs parfaitement identique"…
[11]

Cet extrait du livre II de "La Politique" d'Aristote est cité, en Grec, par Emile Durkheim en sa préface de la seconde édition de son ouvrage "De la division du travail social" [12]

"ου γαρ γινεται πολις εξ ομοιων [ou gar ginetaï polis ex homoiôn Non certes la ville ne nait pas
de l'égalité
ετερον γαρ συμμαχια και πολις…
" heteron gar summakhia kai polis] la ville n'est pas non plus un
appui mutuel…

En effet pour Aristote, la ville existe d'abord en ces hommes, les citoyens, et est composée de plusieurs "astus" comme indiqué ci-dessus, réunies sous une acropole, le tout désignant, avec les citoyens : la "polis" ou ville grecque

"Ils ne prirent pas la ville": "Où qu'est la bonne Pauline ?"

Cette phrase est une galéjade qui ne correspond à aucun fragment classique est, faussement, attribuée à Xénophon.

"ουκ ελαβον πολιν", (Ouk elabon Paulin') ils ne prirent pas la ville…[13]

La phrase facétieuse complète est :

"ουκ ελαβον πολιν, (Ouk elabon Polin Ils ne prirent pas la ville

αλλα γαρ ελπις Alla gar elpis [14] Car tout espoir

εφη κακα [15]" Ephe [16] Kaka [17]) était envolé

Ou encore : "Ils ne prirent pas la ville car tout espoir (d'y arriver) s'était envolé"

Phrase dont la phonétique donne :

"où qu'est la bonne Pauline ? A la gare elle pisse et fait caca ",

"ουκ ελαβον πολιν αλλα γαρ ελπις εφη κακα"

Phrase qui a amusé des générations d'hellénistes en herbe.

_______________

(10 sept 2010, 25 oct, 11 Janv 2011, 04 août, 24 nov, 10 sept, 25 oct 2010, 11 Janv 2011, 04 août, 24 nov, 25 juil 2014, 20 avril 2021; 18 sept. 2022)

_______________

Notes et références :

[1] Félix Gaffiot page 1676 colonne III

[2] Astu Anatole Bailly page 293, colonne III: La ville, en parlant d'Athène par opposition à la campagne,ou la
ville haute où se trouve la citadelle par opposition au Pirée.

[3] Dictionnaire Félix Gaffiot , page 1631 colonne I urbs : ville [et son enceinte]

[4] Dictionnaire Félix Gaffiot , page 322 colonne I Civitas ensemble des citoyens qui constituent une ville, un état ;

droit des citoyens, droit de cité.

[5] Cité et territoire. Par Monique Clavel-Lévêque, Rosa Plana Mallart. Le mot Urbs et ses dérivés chez les arpenteurs

Romains. Jean Peyras, université de Nantes. Page 51, colonne II.

[6] Encyclopédie Méthodique, Géographie ancienne. A Paris chez Panckroucke 1787. Par Edme Mentelle,
Félix Vicq-d'Azur, Jean Le Rond d' Alembert. Tome I, Page 237, colonne I.

[7] Emile Benveniste "Le vocabulaire des Institutions Indo-Européennes", Editions de minuit 1969. Tome I page 367

[8] Dictionnaire Sanskrit, Gérard Huet, page 188 colonne II (edition 2005) et page 322 colonne I (édition oct 2011)

Pur : rempart, château, citadelle. Le "pur" est le gynécée, la maison, la résidence.

[9] Dictionnaire Sanskrit Français Schtoupak, page 438 colonne II

[10] Aristote La Politique, livre II 1261, paragraphe 4.

[11] Aristote Pol. B 1 1261 a 24 Traduction de Jules Barthélémy Saint Hilaire Librairie philosophique Ladrange,
Paris 1874)

[12] Emile Durkheim PUF 1930 5e édition Décembre 1998. (Citant : Aristote Pol. B 1 1261 a 24)

[13] Greek and Hellenic culture in Joyce. Par R. J. Schork; University Press of Florida 1998
(Schork R J 1931) page 273.

[14] "Elpis" "elpidos" est une conjecture, une chose attendue. "Elpis" signifie l'espoir.
Dictionnaire anatole Bailly page 650 colonne I.

[15] Ibid. Le grec "caca" ("κακα") peut venir du mot kakos (Au neutre, au nominatif, vocatif ou accusatif) signifiant
mauvais, lâche, ou κακη (au duel nominatif ou vocatif) signifiant inique méchant.Danc cette phrase
faussement littéraire on peut comprendre le mot "caca" comme ce qui est mauvais ou cause du mal.

[16] Le verbe "ephe" ("εφη") est une forme du verbe "ephiémi"("εφιημι") sigifiant envoyer à, lancer, se diriger,
tendre vers.
"Εφη κακα" (ephe caca) est donc se qui tend vers le mauvais, ou bien dans le contexte de la
phrase vers un "espoir envolé".
Nota : εφη (ephe) signifie également "dit-on", ou "dit-il" depuis le verbe "phémi" ("φημι") ,
manifester sa pensée par la parole, dire, dire son avis (Anatole Bailly (Hachette © 2000 ,
Edition 1962) page 2064 colonne I