Accueil

Littré [1] donne « accueil » comme l’action d’accueillir, réception que l’on fait à quelqu’un. Accueil a le sens de abri, retraite, mais encore de ‘élan’, ‘effort’, ‘envie’, ‘désir’.

Ce mot emprunte les différentes significations du verbe accueillir [2] ou ‘Escuillir’.

Etymologie de accueil

Larousse ainsi que Robert [3] cite Accueil comme issu du latin populaire « accolligere » [4] issu de « colligere ». Au XVIIe siècle le dictionnaire Gilles Gilles Ménage dérive lui aussi ‘accueil’ [5] du latin « accolligere ».

Les différentes formes de ce mot « accueil » dans le dictionnaire Curne de Sainte Palaye sont : [6] « Acueil, Acuil, Aqueuz, Escoeil, Escoel, Escueil, Escuel, Eskeul ».

Le dictionnaire Godefroy donne Acueil [7], akoil, akel, acuel, achiol au sens de rencontre, choc, élan.

Les douze pairs a mis en mal acuel

Que l’on retrouve dans la dissertation sur le Roman de Roncevaux [8]:

Li douze pers a mis en mal acuel

Le dictionnaire d’Auguste Brachet indique Accueil [9] comme étant ‘substantif verbal’ de Accueillir [10].

Les évolutions de acolligere sont, pour Auguste Brachet [11]:

Accolligere a subi trois changements pour arriver au français :
-1° L' "e" latin pénultième bref a disparu, conformément à la règle
démontrée au mot attendre ; accollig(e)re est devenu accolig’re.
-2° Par cette chute de l’e latin, g et r étant mis en présence se sont
changés en r (accollig’re = accueillir) /…/
-3° L’o de accoligere est devenu ue : accollig’ere est devenu :
accolligere = accueillir, comme dans cueillir (colligere), écueil
(scopulus)… /…/

Le dictionnaire Littré [12] précise :

Accueillir, du Provencal « acuelh ». L’orthographe du mot est restée celle de
l’ancienne langue où notre son 'eu' était exprimé par 'ue'
[13].

Au moyen âge, " Acuelh " est ainsi ‘accueil’ :

" Car, atressi cum bon senhor acuelh
Son ligge ser, mi devetz aculhir
[14] "

(Car, vous devez m’accueillir ainsi qu’un bon seigneur accueille son ‘serviteur lige’ [15])

Achiol [16] est « accueil », et Achiolt : « accueillir » :

Et il lor fait si beaus achiols
Qu'il est tenus al plus courtois
C'onques véissent li François ;
[17] "

Et :

" A cui que il facent acuel,
Od mon cuer jugeront mi oel ;"
[18]

Et encore :

Gente beauté pleine de doulx acueil [19]

Accueillir est donné comme une extension de Cueillir. Le sens primitif de recevoir, réunir, assembler des objets multiples (du latin « res collectas ») s’est élargi dans accueillir en celui de recevoir en général. L’idée de collection s’en est par là, effacée [20].

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(17 avril 2015, 26 avril 2017, 14 juillet 2019, 26 mars, 09 septembre 2020 ; 21 avril 2021 ; 12 oct. 2022 )
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[1] Dictionnaire de la langue Française. Emile Littré de l’académie Française. Tome premier. Librairie Hachette
et Cie, Paris 79 boulevard Saint Germain. 1873.

[2] Dictionnaire historique de l’ancien langage François depuis son origine jusqu'à Louis XIV. Jean Baptiste de
La Curne de Sainte Palaye . Tome premier. Page 52 colonne I

[3] Dictionnaire alphabétique et analogique de la langue française. Paul Robert. Société du nouveau
Littré Dictionnaire Le Robert Paris 1972. Page 15, colonne I.

[4] Dictionnaire Latin Français Felix Gaffiot Hachette 1934. Page 18, colonne III. accolo (adcolo) habiter auprès

[5] Dictionnaire etymologique ou origines de la Langue Françoise par Gilles Menage. Paris Chez Jean
Anisson, 1694. Page 5, colonne II : « On appelle substantif verbal une série de substantifs qui ne
correspondent à aucun type latin, et ont été formés directement d’un verbe français en retranchant la
terminaison de l’infinitif… »

[6] Dictionnaire historique de l’ancien langage François depuis son origine jusqu'à Louis XIV. Ibidem.
Tome premier. (page 53 colonne II)

[7] Dictionnaire de l'ancienne Langue Française Fréderic Godefroy, Volume I page 90, colonne I.

[8] Dissertation sur le Roman de Roncevaux par H. Monin. Paris A l’Imprimerie Royale 1822.

[9] Dictionnaire etymologique de la langue Française, par Emile Brachet. Préface de E Egger, de l’institut.
Douzième édition. Bibliothèque Jean Hetzel et Cie 18 rue Jacob, Paris, 1880.

[10] Ibid. Page 6 colonne II :

[11] Ibid Page 19 colonne II, et page 20 colonne I.

[12] Dictionnaire de la langue Française. Par Emile Littré. Librairie Hachette 1863. Tome premier, page 40 colonne II.

[13] Dictionnaire de la langue Française. Par Emile Littré. Ibid page 40 colonne III.

[14] Lexique Roman ou dictionnaire de la langue des troubadours comparée avec les autres langues de l’Europe
latine. Par M Raynouard. Paris chez Silvestre, 1844.Tome second, page 434 : Acuelhir, aculhir

[15] Serviteur lige : serviteur dévoué

[16] Domino Du Cange.Monachorum ordinis S. Benedicti. Tomus Septimus. Paris Firmin Didot, 1848.
Louis Henschel. Page 6 colonne 2.Achiol

[17] Partonopeus de Blois. Par G. Imprimerie de A. Crapelet, 1834. Page 79 lignes 2292-94

[18] Partoneus de Blois, ibid. volume II, page 140 lignes 9 138-39.

[19] Dictionnaire historique de la langue française, publié par l’Académie Française, tome premier (A - Act).
Paris Librairie Firmin Didot, 1865. Page 617, colonne 2 : Ch. d’Orléans, Poésies : au temps passé quand
nature me fit.

[20] Dictionnaire d’etymologie française, d’après les résultats de la science moderne. Auguste Scheler Docteur
en philosophie et lettres, bibliothecaire du roi des Belges, agrégé de l’université de Liège. Bruxelles, 1862.
Chez Auguste Schnée, rue Royale. Paris Librairie Firmin Didot, rue Jacob. Saint petersbourg, S Dufour,
B Issakoff, B.M. Wolff.Page 5, colonne I. La définition de Accueillir est ainsi ponctuée est sus de la
citation ci-dessus : Que dire de l’etymologie ad-collum, que nous avons encore trouvée dans un livre fort
prôné et placé sous les auspices de M. Paulin Paris ?