Charte

Etymologie de charte

Du grec "chartès" ("χάρτης ") signifiant une feuille de papyrus, un écrit [1]

Dictionnaire etymologique Gille Ménage :

"On appelloit autrefois charte, le grand et bon papier, tel que celui des livres d'Eglise, ou qu'on employoit à l'impression de volumes de droit canon.[2]"

Notre mot Charte ou chartre, pour signifier un vieux titre vient donc du
latin charta. Mais chartre quand il signifie prison ou bien cette maladie
qui fait tomber les enfans en langueur, vient de carcer, & on dit toujours
chartre ; au lieu que pour un vieux titre, on dit
chartre & charte. On appelle
Charte Normande, un titre fort ancien concernant plusieurs privilèges
& concessions accordées aux habitants de Normandie & confirmé par
plusieurs rois.

Le "chartophylax" :

Le "garde-chartre" ou "chartophylax" était à Constantinople ce que le
bibliothécaire était à Rome C'était lui qui présentait au patriarche
tous les éveques & les clercs etrangers, toutes les lettres, tous ceux
qui devaient être pourvus d'eveches, d'abbayes, ou promus aux ordres :
tous devaient avoir son approbation"
[3].

L'empereur Justinien nomme, lui, "keimeliarque" ("κειμηλιαρχης" [4]) celui qui a la garde de registre de l'evèque dans la sacristie.

Ce mot est issu du grec "Keimeleos" ("κειμηλεως [5]")

Ce même rôle de conservateurs des écrits, sera à Rome nommé Notarius ou cancellarius.

Le "skeuophylax" ("σκευοφυλαξ [6]") est à Byzance celui qui est chargé de l'intendance, des meubles, venant du mot grec "skeuoréô" ("σκευορεω") qui signifie prendre soin des ustensiles, au sens de "grand économe".

Du Chartophylax au "Chartophylacium regium regesto"

A Constantinople le "chartophylax" qui est le gardien des écrits sera attaché au service du patriarche.

Quelques uns écrivent cartophylax. Ce mot, moitié Latin & moitié grec,
s'est formé à Constantinople depuis que l'empire y eut été transporté,
de "χαρτα
[7]", fait du latin charta et de "φυλασσω" ("phylasso") je garde.
Il signifie garde-charte. C'était un officier préposé à la garde des chartres
[8]
& des actes.[9]

Le trésor de Chartes sera le "Chartophylacium"[10] ou Archives publiques. Ces archives remontent à Philippe Auguste qui crée le "Thesaurus Chartarum et Privilegiorum domini regis".

Le trésor royal des chartes est le "chartophylacium regium" nommé en "registres"

Ainsi un équivalent de cartulaire serait le "chartoph. Reg. Ch." ou "chartophylacium regium registo".

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(26 juin 2011 ; 22 avril 2021 ; 05 sept 2022)
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[1] Dictionnaire Anatole Bailly "χαρτης" ("chartès") page 2126 colonne II

[2] Dictionnaire etymologique Gille Ménage , tome I page 356 colonne II.

[3] Encyclopedie Methodique, Ou Par Ordre De Matieres, par Par Felix Vicq-d'Azur,
Jean Le Rond d' Alembert. Paris chez Panckoucke, 1786. Tome premier Page 749

[4] "A lexicon of the Greek language", par le révérend J.A. Giles. Londres 1840,
longman , Orme, Brown, Green and Longmans.
Page 363 colonne I : κειμηλιαρχης (keimeliarkès) ou κειμηλιαρχος (keimeliarkos)
celui qui est en charge de précieux trésors. Ce mot n'a été retenu tel dans le Dictionnaire Bailly,
sinon page 1074 colonne III.

[5] Dictionnaire Anatole Bailly page 1074, colonne III "κειμηλεωσις" ("keimeléosis")
action de garder comme un trésor.

[6] Dictionnaire Anatole Bailly "σκευοφυλαξ" page 1758 colonne I, avoir soin, s'occuper des ustensiles,
(du grec "skeuos" ("σκευος") : objet d'équipement, meuble, le corps

[7] Le dictionnaire Anatole Bailly donne "χαρτης" ("chartès") page 2126 colonne II :
feuille de papyrus ou de papier. Donnera le latin -dictionnaire Félix Gaffiot page 299
colonne II - "charta" feuille de papyrus, écrit.

[8] Le dictionnaire etymologique de la langue Française donne, page 187 colonne I chartre :
prison du latin carcer.

[9] Encyclopedie Methodique, Ou Par Ordre De Matieres, ibid, page 749 colonne II.

[10] "Dictionarium universale latino-gallicum". Paris 1765, par Joannes Boudot. page 197
colonne II Chartophylacium : armoire ou tablette à livres