Mercure Hermès

Dieu Romain, "Mercure" est le fils de Jupiter et de Maea [1]. Le nom du dieu Grec dont les attributs sont les plus proches correspondants au dieu Romain est Hermès le messager des dieux, le dieu des relations pacifiques entre les hommes, le protecteur du commerce et des voleurs, dieu des voyages, et dieu de la parole et de l'éloquence…

Dans le dictionnaire étymologique de Gilles Ménage [2] "Mercure" est le "Dieu fabuleux de l'Antiquité.

Puisque Mercure était le messager, celui qui diffuse les nouvelles, on a donné le nom de mercure à plusieurs Livres périodiques [3].

Le "mercure galant" [4] est ainsi le premier périodique Français et, plus tard, en 1724 deviendra "le mercure de France", publication permettant la diffusion de savoirs nouveaux :

"J'ai lu par ordre de Monseigneur le Chancelier,

le Mercure de France du présent mois…" [5].

Étymologie de Mercure, le dieu Romain, et de son pendant Grec, le dieu Hermès

Le nom Mercure romain vient du latin "merx", la marchandise[6] (voir Marché), alors que le Hermès Grec est le "Erméneia" ("ἑρμηνεία " [7]) celui qui communique ou bien, selon le philosophe Proclus, le "messager".

Mercure et Hermès : Un dieu pour le commerce, un dieu pour la communication.

Nommé "a mercibus" ou "Mercure" sachant qu'il présidait au négoce [8].et au marché, les Grecs le nommaient Hermès ("Ερμής ", Ermès[9] ) ce qui signifiait "interprète" [10] "celui qui parle" et est "capable d'exprimer".

Le dieu Hermès grec est lui-même issu du dieu "Taautos" (ou Tauthos ) de Phénicie [11], qui donnera le dieu Egyptien "Thot", messager des dieux, responsable de la connaissance, des scribes et de l'écriture.

Dans les poèmes d'Homère le dieu Hermès est nommé "Hermeias"[12] et dans Hésiode est nommé "Hermaon" dans sa forme dorique.

Hermès en grec possède ainsi le sens de "Ermeo", le "négociateur", et en raison de sa grande connaissance était nommé "Hermès Trimégiste" ou Hermès "Trismégiste", (voir magicien) "trois fois très grand", et est par là, triple (capable du naturel, du moral et du métaphysique) comme fondateur de l'Alchime à l'instar du dieu Thot Egyptien.

Ce dieu Romain Mercure, ou "Hermès" est aussi surnommé "Sokos[13]" ("Σώκος "[14]), "celui qui est puissant", le "sauveur" décrit en une sorte d’épithète Homérique.

Un autre surnom d'Hermès est "agonios" ("ἀγώνιος ", celui qui regarde le combat, celui qui préside aux jeux.[15]), ou encore "Egémonios" ("ἡγεμόνιος", le conducteur), ou encore "pompaios" ("Πομπαιος", celui qui sert de guide aux armes pour se rendre aux enfers).

Mercure Hermes : un dieu Saxon

Le "glossarium germanicum"[16] note que "Herm"ou "aries" est l'autre nom de Mercure[17]. "Herman" ayant le sens d'homme grégaire et au sens de "soldat" [18].

Dans les pays Saxons :

"Wadd, appellé par d'autres Woda, Buda, fut constamment "Mercure"
connu sous ce nom dans toutes les indes dans le nord, chez les gaulois
et jusque dans les mots Anglois restés de cette ancienne langue
[19].

Mercure-Hermès et son signe hiéroglyphique : le bélier

Le bélier est le signe hiéroglyphique de Mercure. Le bélier est également l'animal consacré des Grecs au dieu Mercure qui prit la forme de cet animal [20] pour jouir de la nymphe Pénélope [21], afin de réussir dans ses amours attendues [22] lesquelles engendreront l'enfant monstreux qui effraya sa propre mère : le dieu Pan.

Le "erroos", l'erreur, ou aller sous de mauvaises augures.

Pour ce qui est des termes exprimant des actions violentes ou le fait de frapper[23], au sens de "ereido"(ἐρείδω ) [24], "eriko" (ἐρείκω ) [25] nous devons nous referrer au latin "Aries [26]" "arietis" signifiant le bélier.

En Grec "Erroos" [27] ("ἔρρωος " [28]) signifie à la fois le sanglier [29]et le bélier en la même acception du terme.

Le grec "erro" ("ἐρρῶ " [30]) signifie "errer", "aller cà et là", et par là "aller sous de mauvais auspices", qui nous donnera le radical emprunté au latin "err"[31].

Nous verrons ci après dans le "Thesaurus graecae linguae" que le "errao", "aries" et "erreur" sont trois acceptions d'une même souche : le bélier, aller cà et là, de mauvaise augure et foncant "tête baissée".

Le paradigme du mot grec "erro" donne "Aries" et "Erreur" signifiant à la fois le "Bélier",
ce "qui va ça et là", ce qui est de "mauvaise augure". De là, errer, et erreur.

Le bélier en Grec est "erraos" ("ἔρραος "), sachant que ce mot désigne à la fois le "bélier" et le "sanglier"[32], bien que le manuel étymologique de Louis Bouvet nous indique "erras" ou "erraos" pour le bélier[33] et "errôos" pour le sanglier [34].

(En sankrit le "varahat" [35] désigne le sanglier, le verrat ou le porc.)

Par ailleurs le sanglier comme enseigne Romaine est le "aper" en latin et est le "kapros" Grec [36].

Le sanglier en latin est "aper" comme l'indique Gilles ménage [37], et le grec "porkos" ("πορκος"[38]) est une "sorte d'animal" qui donnera le latin "porcus" [38-1] l'animal sauvage. L'animal solitaire étant nommé le "porcus singularis" dont le nom aurait donné celui de sanglier.

Le "thésaurus grec" donne

"ειρος" fieri ex "ερος" [39], tradit, per pleonasmum literae i : vel ex "ερρω"
significante "Kamno" ("καμνω"
[40]) fieri "ερρως"

Et ce même thésaurus fait le lien entre Erraos et erroos :

erraos ("ερραος") Voir erroos ("ἔρραος ") le bélier.

Et le dictionnaire Grec Français Bailly nous donne "erraos" ("ἔρραος " [41]) comme ayant le sens de "bélier" et celui de "Sanglier" au sens dune part de"ersé" la goutte de rosée, le jeune agneau ou chevreau et d'autre part de "arrèn", ce qui "est mâle".

Hermès : Le bélier, le mâle et l'erreur :

Ce lien entre "erroos" et le "bélier" est confirmé par le Thésaurus Graecae [42] où le grec "erroos" ("ερρωος") ou erraos ("ἔρραος [43]") nous renvoie à "Erras" ("ἐρράς ") le bélier dont le racine est "arrèn" ("ἀρρεν " [44]) le mâle, ce qui est masculin, saillant et s'emboitant.

En grec "arrèn" ("ἄρρην ") [45] désigne le mâle, l'homme, la pièce mâle d'un assemblage, et le mot "arrénèo" ("ἀρρηνέω " [46] ) est celui qui est "hargneux".

Le "erroo" désigne le fait d'aller cà et là, errant sous de mauvaises hauspices et désigne celui qui peut aller périr ailleurs !…

Le dieu Mercure est réprésenté avec cet animal dans la statue de Mercure ou "Hermes criophore [47]" (celui qui porte le "krios" -"κριός"- le bélier)

Notre mot français bélier ne nous vient pas du latin "aries" ni du bélier grec, le"krios".

Notre "bélier" serait-il issu du du grec "bléxaomai" ("βληχαομαι [48]") ou encore du grec Bléxomai" ("βληχῶμαι " [49]) lui même issus du grec "Bléxé" ("βληχή") signifiant le bêlement, vagissement ? Rien ne semble l'attester.

Gille Ménage donne le Bélier comme venant de "Vellarius" [50], caractérisant ainsi "ce qui est velu".

M Frédéric Diez [51] rapproche l'étymologie de notre français "bélier" à "bel hamel" qui serait le mouton doté d'une sonnette en Néherlandais.

Selon Fréderic Diez, le "bélier" est donc celui qui porte la cloche [52]. Cette étymologie de "bélier" est celle qui est retenue dans le dictionnaire Erudit [53] : du néerlanfais "belhamel".

Le Bélier en latin est "Aries", et en Grec est "Krios".

Le latin "aries" pourrait venir du grec "eriphos" ou de l'Iranien "Heirp", et du proto Européen Jarici.

- Action violente frapper : Aries arietis le bélier

- Erroos est le sanglier et le bélier ou bien est "erraos" (bélier Grec)

- Erro ou "ἔρρω " au sens de "kamno" (prendre de la peine) et arreaos (bélier) est
"idem que erroos"

Ram, le Bélier Anglais

Le mot latin "aries" désigne le "ram" des Saxons, peut être via le "erraos" ? [54]

La branche indo Européenne Slave note le mot "Ramenu" signifiant impétueux, "violent", mais l'origine de "ram" (Bélier) n'est pas stipulée clairement.

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(16 août 2010; 13 novembre 2010, 05 Janvier 2011, 21 mai 2011 ; 26 avril 2021 ; 06 sept. 2022)

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[1] Maïa est l'aînée et la plus belle de sept Pléiades ("Πληιαδες" ou "Pléiadès") que sont les filles
d'Atlas et de leur mère Pleioné (Πληιόνη)

[2] Gilles Ménage page 199 tome II Mercure

[3] Gilles Menage, dictionnaire etymologique de la langue Française, page 199 col I

[4] Mercure Galand, fondé en 1672 par Donneau de Visé, deviendra mensuel en 1677, puis sera

associé à Thomas Corneille en 1682

[5] Mercure de France Dédié au roi. Juillet 1750. A Paris André Cailleau rue St Jacques, Veuve

Pissot Quai de Conty, Jean de Nully au Palais. Brill Leiden 1970, Page 215

[6] Dictionnaire de la mtyhologie Grecque et Romaine. Pierre Grimal, Puf, page 292, colonne II.
(1951, 14
e édition 1999)

[7] Anatole Bailly, page 806 colonne III : expression d'une pensée, d'où élocution.

[8] La mythologie et les fables, expliquées par l'histoire. Par l'abbé Antoine Banier. Briasson.
Paris 1764, tome 4 page 111.

[9] Anatole Bailly page 807 colonne I. Messagers des dieux, équivalent du dieu Mercure Romain.

Parfois noté "Ερμας" –Ermas- (page 806 colonne III)

[10] En Grec "interpreter" est "ερμηνευο" ("Ermèneuo") comme indiqué dans le dictionnaire
Planche page 573 colonne I

[11] Etudes sur les dieux phéniciens hérités par l'Empire romain. Robert Du Mesnil du Buisson,
Robert Du Mesnil du Buisson. Brill et Leiden 1970, Page 54.

[12] Anatole Bailly page 806, colonne III. Ερμαων : "Hermaôn" est la forme Dorique de Hermes.
Ερμεας (Herméas), Ερμειας (Herméias) et Ερμειης (Hermeiès) sont des variantes de Hermès.
Le verbe Ermèô

[13] Sokos, dieu Hermès Anatole Bailly page 1889 colonne I

[14] Ibid, Monde primitif, analysé et comparé avec le monde moderne, dictionnaire etymologique
de la langue grecque page 866.

[15] Monde primitif, analysé et comparé avec le monde moderne, Volume 3. Paris 1787. Antoine
Court de Gébelin page 45.

[16] Glossarium Germanicum, page 716

[17] ibid Glossarium Germanicum, page 716 " Vide ergo, annon Mercurius ab ariete dictus sit
Hermes, sicut dictus est 'ερισυιος' laneus, ab "εριον" lana, vellus?"

[18] Ibid : Herm, Herman homme grégaire.et Soldat expérimenté.

[19] Dictionnaire etymologique de la langue Grecque. Le Monde primitif, analysé et comparé avec
le monde moderne: Par Antoine Court de Gébelin. Volume 9, discours page "ccij" Paris
Chez Durand, 1787.

[20] 0u, suivant les sources Mercure prit la forme d'un bouc.

[21] Encylopédie Méthodique. Félix Vicq-d'Azur,Jean Le Rond d' Alembert. Tome I, chez
Panckoucke 1786. Tome I page 440 colonne II

[22] Mercure se revêtit de la forme de cet animal lubrique lorsqu'il engendra de la belle Pénélope, le dieu Pan

[23] Universal etymological dictionary : Walter Whiter. Cambridge university press. London 1822, Page 591.

[24] Anatole Bailly page 800, colonne I. "ερειδω" : appuyer fortement.

[25] Anatole Bailly page 800 colonne III "ερεικω", briser, déchirer.

[26] En latin "Aries", désigne à la fois le Bélier (comme mâle de la brebis), le signe du Bélier, une
machine de guerre, et un étançon ou un contrefort.

[27] Ibid. En grec "ερρωος", Aper, Aries Universal etymological dictionary: on a new plan, Walter

Whiter, page 591.

[28] Anatole Bailly page 809 colonne I, aller lentement, courir à se perte.

[29] En Latin Aper est le sanglier, Felix Gaffiot page 139 colonne II.

[30] Anatole Bailly page 809, colonne I : signifie aller lentement, aller sous de mauvais auspices, aller à sa perte

[31] Dictionnaire latin-français. Louis Marie Quicherat,Amédée Daveluy. Hachette 1865, Page 471 colonne II

[32] Anatole Bailly page 809, colonne I

[33] Ibid, Dictionnaire Louis Marie Quicherat,Amédée Daveluy . Page 264, s'interroge sur le grec
correspondant au latin "aries" (bélier) et ne ce sens "aner" (Anatole Bailly page 264 colonne II) est un
jeune agneau ou brebis.

[34] Manuel étymologique et comparatif du grec et latin. Par L Bouvet. Première Partie, Page 53. Gand 1852.

[35] Dictionnaire sanskrit Huet -2005- , page 267, le "Varahat" est le sanglier sacré, avatar de Vishnu.
Donnera le latin "verres", puis notre français "verrat". En sanskrit le porc, cochon est "sukara"
(page 342) et la truie est "sukari"

[36] Ibid, Dictionnaire Louis Marie Quicherat,Amédée Daveluy . Page 76 colonne I

[37] Dictionnaire étymologique G Ménage", page 451

[38- 1] Voir étymologie de "Porc". Emile Benveniste note dans son ouvrage
"Vocabulaire des institutions Européennes", "Chapitre 2 page 27 "Une opposition lexicale
à réviser : "sus" et "porcus"

[38] Anatole Bailly page 1607, colonne II, "porkos" : nasse de pécheur, sorte d'animal, latin "porcus"

[39] Thesaurus graecae linguae : ερρω Volume 3 page 282. Par Henri Estienne. Paris 1835 chez Firmin didot.

[40] Anatole Bailly, page 1015 colonne II, travailler, prendre de la peine, être fatigué.

[41] Anatole Bailly page 809 colonne I)

[42] Dictionnaire Grec Français composé sur le thésaurus linguae Graecae de Henri Etienne.
Par J Planche Paris Veuve Lenormat 1845 page 835 colonne II

[43] Dictionnaire Grec Français composé sur le thésaurus linguae Graecae de Henri Etienne
page 835 colonne I

[44] Dictionnaire Grec Français composé sur le thésaurus linguae Graecae de Henri Etienne ibid
page 195 colonne III.

[45] Anatole Bailly 275 cçolonne I, un mâle, un homme, viril, énergique.

[46] Dictionnaire planche, Par Joseph Planche,L. A. Vendel-Heyl,Alexandre Pillon page 195

[47] Du grec "krios" le bélier.

[48] Dictionnaire Français Grec Planche, page 201, colonne III "Blexaomai"

[49] Anatole Bailly dictionnaire Grec page 363 colonne III, bêler pousser des vagissements.
Dictionnaire Français Grec Planche page 118 colonneI.

[50] Les Origines de la langue Françoise de Gilles Ménage Paris 1750 chez Augustin Cource. Page 104.

[51] Dictionnaire étymologique des langues romanes. De Friedrich Christian Diez.. Bonn 1853.

[52] Faune populaire de la France. Eugène Rolland. Volume 10. Paris Edition Gustave-Paul-Maisonneuve
et Larose, 1967. Page 116, note 2. "Bélier vient de bell qui dans les différents dialectes bas allemand
signifie cloche /…/ Je ne veux pas dire que le bélier ne soit jamais chargé de porter la clochette,
mais ce n'est pas semble-t-il, le cas le plus fréquent."

[53] Dictionnaire Erudit Larousse , édition 2009, page 179 colonne I.

[54] Peut être via le "arrèn" le mâle grec? Cela n'est pas attesté.