Chômage

Étymologie de Chômage

Vient du grec du grec "Kauma" ("καύμα "), la chaleur ardente du soleil.

Si le chômage, au sens étymologique désignait cette période où l'on ne travaillait pas, période due à l'intense chaleur du soleil, c'est au XIXe siècle qu'elle désignât la non activité d'un travailleur, d'un ouvrier.

Le mot chômage nous provient du bas latin (XIIe) de "caumare", se reposer durant la chaleur... Issu du grec "Kauma" (καυμα" [1], la chaleur ardente du soleil, la brûlure due à la fièvre)... Le mot Caumare est, là, lié dans les faits à son homonyme "chaume" [2], cette paille de peu de coût, ramassée après la moisson, dont on lambrissait les toitures des maisons pauvres... En effet, cette paille souvent de seigle, n'était pas taxée.

Le mot, relatif au chômage, est employé par Montaigne [3] :

"On accusoit un Galba du temps passé, de ce qu'il vivoit oyseusement :
Il respondit, que chacun devoit rendre raison de ses actions, non pas de son
sejour. Il se trompoit : car la justice a
cognoissance et animadversion
aussi, sur ceux qui chaument
".

Il faut bien noter que depuis le moyen âge, beaucoup de jours Saints comme de nombreuses fêtes étaient chômées... Ce mot ne changea qu'au XIX siècle pour devenir, seul en france, attaché à la perte de travail.

Le chômeur outre manche, Rhin et Pyrénées

En Anglais un chômeur est resté le "to be unemployed", en espagnol le "desempleo", en allemand "les arbeitlos zu zein"... Ces langues n'ont pas de "chômeurs".

Dans ces pays le "unemployed" est vu comme la conséquence de "non emploi" (Tant bien cette personne est peu considérée), alors qu'en France cette même personne désigne d'abord celui qui ne produit ni travail, ni les cotisations qui vont de pair.

Jusque dans nos administrations de la fin du XXe siècle le chômeur n'est plus celui dont l'état, (la non activité), est la conséquence de la cessation d'activité industrielle mais est devenu un "état administratif".

Nous possédons à la fois des "chômeurs".... et des "personnes sans emplois".

Le chômeur est maintenant qualifié de tel, car:

1 - Non productif en plus d'être non directement actif

2 - Non cotisant dans une caisse professionnelle.

En effet toutes les statistiques concernant les chômage désignent d'abord les "chômeurs" comme des non cotisants (au sens donc financier) , ce, avant même d'être des "non actifs" (au sens économique).

Il semble que les mots de 'chômage' et de 'chômeur' apparaissent en France dans le vocabulaire politique et social, référés à la situation des ouvriers privés du travail, au tournant des années 1870 (Robert Salais) [4]. L'influence des mouvements socialistes qui cherchent à s'appuyer sur des critères d'analyse scientifique des situations sociales favorise l'apparition d'un vocabulaire technique : ainsi, "chômer"(1871) et "chômage" dont le contenu se modifie.

("chômer" dans le latin de basse époque est "caumare", c'est-à-dire "calme" (usité par exemple dans les expressions suivantes : calmes des affaires, ou du "chômage" des machines, voire de l'argent qui "chôme" quand il ne produit pas d'intérêt).

Il ne s'agit plus de la cessation de l'activité industrielle par suite de mévente [5] au sens général du XIXe siècle.

On voit là toute la puissance d'un des éléments de la thèse, à venir, d'un Max Weber.

En effet :

"A la croisée entre attente individuelle et logique de l'action collective,
les premières initiatives de qualification du "chômage" à des fins pratiques
se developpent autour du déterminant commun de la profession au sens
de « béruf »
[6].

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(05 mai 2010, 03 mai 2017 ; 22 avril 2021 ; 05 sept 2022)
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[1] Dictionnaire Anatole Bailly. Ibid. Page 1070 colonne II.

[2] Venant du grec "calamos" roseau et objets vivers fabriqués de roseaux (Anatole Bailly page 1007
colonne III)

[3] Les Essais livre III, chapitre IX, de la vanité.

[4] Socio-économie du chômage. Par Enrico Pugliese, Caroline Peyron. Edition Harmattan 1996, page 22

[5] Ibid, page 22

[6] La constitution du chômage en Allemagne. Bénédicte Zimmermann. Editions de la maison des science
de l'homme . Paris, 2001. Le syndicat, le chômage et la profession. Page 85