Ouïr

Signifie "entendre", "donner audition", "écouter favorablement".

Étymologie de ouïr

Vient du latin "audire [1]" et donnera "audice" au XIIIe siècle :

Dit au plain marchié à Montlerhi, a l'audice de chascun qui le voult oyre [2]

De François Rabelais dans Gargantua : [3]

"Mais j'ouy qu'il reprochoit aux varlets luy avoir efté robé a demy une oyre[4] de vent garbin [5]…"

[Mais j'entendais qu'il reprochait aux valets de lui avoir pris une outre de vent guarbin].

A la fin du XIII siècle, dans l'Histoire de Jean d'Avesnnes :

"Dieu scet que Tibault ne veoit pas ce qu'il cerchoit quand ses yeulx regardoient ceulx qui
rapissoient sa dame, quand se oyes oyrent la lassee voix de sa souveraine
[6] "

Ouïr : "percevoir", "comprendre", "entendre" et "être exaucé" ?

Le latin "audire" est issu du grec "aiô"("ἀΐω ") et du verbe "aisthanomai" ("αισθανομαι [7]") signifiant "percevoir par les sens", et serait ainsi la source du latin "audio".

Ce mot grec "aiô" ("ἀΐω " [8]), a la signification "d'entendre", percevoir par les sens, mot qui lui même est issu du sankrit "avih", signifiant "ce qui est évident", racine du sanskrit que l'on retrouve dans le mot "obéir".

Le Grec "aiein" "ἀίειν " [9] signifie "sentir", "être saisi en frappant", et par extension, entendre, mot qui aurait été supplanté par "akouein" ("ἀκούειν " [10]) entendre.

De sens analogue le grec "kluein" [11] ("κλύειν ") signifie "s'entendre appeler favorablement", "exaucer" venant de "kléô" ("κλέω ") pour "kaleô" [12] ("καλέω "), qui serait selon une source non confirmée issu de l'indo européen "klew" (qui donnera par ailleurs le grec "kleos" ("κλέος " [13]),) signifiant, la gloire, entendre, la renommée.

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(10 Août 2012 ; 29 avril 2021 ; 09 sept. 2022)

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Notes et références :

[1] Dictionnaire Félix Gaffiot : audire (cf. Grec "aiô"("αιω") et "aisthanomai" ("αισθάνομαι" ) :
entendre, percevoir par les oreilles, connaître, écouter, accorder audience, exaucer.

[2] Arch. JJ 64 fasc 219 Ve dictionnaire Godefroy volume I; page 495 colonne II

[3] Le Rabelais moderne ou les œuvres de Maître François Rabelais, docteur en médecine.
Amsterdam Chez Jean Frederic Bernard, 1752.Tome V, Page 133. Cité dans le Dictionnaire
Gilles Ménage . Paris Briasson 1750. Tome II :
Page 258 colonne II, Oire Rabelais 4 43.
[4] Oire, ou oyre, ou oirel ou oyriel : une outre pour le vin.

[5] Dans le bas Languedoc, le "guarbin" est le vent de Sud-ouest, le "gualerne" est le vent est le
vent de nord-ouest.

[6] Jean Duquesne. Histoire de Jean d'Avesnnes (vers 1468) Cité par le dictionnaire Godefroy Volume V, page 580 colonne III.

[7] Dictionnaire Anatole Bailly. Page 49 "aisthanomai" ("αισθανομαι") Percevoir par les sens,
s'apercevoir de, comprendre.

[8] Dictionnaire Anatole Bailly. Page 53, colonne III "aiô"("αιω") entendre, prêter l'oreille à.

[9] Synomymes grecs d'après les grammairiens, l'etymologie et l'usage. Alex Pillon.
Paris Mme Veuve Maire-Nyon, 1847. Page 64.

[10] Dictionnaire A Bailly, page 64 colonne II : "ακουειν" ("akouien") entendre, dire, écouter

[11] Synomymes grecs d'après les grammairiens, ibid, page 65.

[12] Dictionnaire Bailly. Page 1008 collones I et II "kaleô " ("καλεω") : appeler à soi, inviter, citer
en justice, nommer,faire l'appel de

[13] Dictionnaire A Bailly page 1099 colonne III "kleos" ("κλεος") la nouvelle qui se répand,
bruit, bonne renommée