Béarn

Étymologie(s)  de Béarn.

Pour l'historien latin, Pline, le Béarn se nommait "Venami", ou "Vénarmi [1]", puis ensuite "Benarnenses" et, pour Guillaume de Tyr [2] il sera "Beardum" et "Beart" :

En 1277 dans les rôles gascons le nom du Béarn devient Byern, ou Biern puis dans les chroniques des albigeois au XIIIe siècle devient la "terra gaston [3] " (décrit dans les vers 2646 - 2647 [4] ) et Baines [5] ou Bierne [6] et, pour les chroniques de Duguesclin [7], Tarbelles.

Le lien entre le Beart, Biart et le Béarn est décrit dans "l’histoire du Béarn" de Pierre Marca [8], président du parlement de Navarre :

      "Le manuscrit du fieur Befli l'exprime en cette forte, "Gastos de Biarts"&
      "Gaftos de beart". Mais celui qui le prononce plus naifuement,
      pour auoir vne connaissance particulière de la perfonne, & du païs,
      eft Raimon d'Agiles, Chapelin de Raimon Comte de Tolose,
      car parlant du fiege de Ierufalem, il lui baille son vrai nom,
      Gafton de Bearn, Gastonem de Beardo, quoiqu'il fubftituë le D à l'N.[9]"

Dans l'antiquité une des richesse du sud de cette région est leurs mines d'or qui auraient existé, au sud-ouest du Béarn, dans les régions d'Itxassou et de Cambo les Bains.

Lescar, la "première capitale" s'appelait Beneharnum et donna son nom au pays, comme Bigorra (Tarbes) au Bigorre, et Lapurdum (Bayonne) au Labourd" [10]

Cette région qui deviendra "béarn" recouvre vraisemblablement depuis les descriptions de César, la terre de la Basse vallée de l'Adour, et peut être même depuis Tarbes[11] à Dax (Aquae Tarbellicae), station thermale.

"Tarbelli", Aquitaine et Béarn

Le nom de "Tarbelli" proviendrait du radical celtique "tarv", qui donnera le mot "taur", (dont le gaulois tarvos), d'où vient en grec "tauros" ("ταυρος") et en latin "taurus".

Les régions de Tarbelli auraient pu porter des noms aussi redondants ou surprenants que les "Cocosates", surnommés "Sex Signani" (Caussèque), les "Tarusates" (Tartas), les "Élusates" (Eauze), les "Sibusates" (Saubusse), les "Ptianii" (Orthez), les "Basabocates" (Bazas) ou plus tardivement les "Aturenses" (Aire sur Adour).

Et,  plusieurs tribus dont celles des Venarni (Béarnais) et des habitants du Lapurdum [12] (Labourd [13]) ancien nom de la ville de Bayonne [14].

Jules César dans "La guerre des Gaules" III, 27 :

      " Hac audita pugna maxima pars Aquitaniae sese Crasso
      dedidit obsidesque ultro misit; quo in numero fuerunt Tarbelli,
      Bigerriones, Ptianii, Vocates, Tarusates, Elusates, Gates,
      Ausci, Garumni, Sibusates, Cocosates: paucae ultimae nationes
      anni tempore confisae, quod hiems suberat, id facere neglexerunt."

["Au bruit de cette victoire la plus grande partie de l'Aquitanie se rendit à Crassus, et envoya d'elle-même des otages. De ce nombre furent les Tarbelles, les Bigerrions, les Ptianii, les Vocates, les Tarusates, les Elusates, les Gates, les Ausques, les Garunni, les Sibuzates, et les Cocosates. Quelques états éloignés se fiant sur la saison avancée, négligèrent d'en faire autant [15]"]

Le Béarn réuni à la Couronne

Jean Désiré Vastin Lespy, dit Vastin Lespy [16] et Paul Raymond publient un dictionnaire béarnais ancien et moderne en 1887 définissant le Béarnais comme "Bearnes feau e courtes" [17]

En l'époque de la gaule existaient les cités des "Convenae", des "Bigerriones" et des "Benarnenses" [18]. "Beneharnum" devient une cité qui déclinera après l'an 675 pendant que son Evèque Salvius est au concile de Bordeaux. Puis cette ville sera ensuite détruite en 841 époque à laquelle aurait été reconstruite la cité de Lescar.

Le territoire qui allait devenir la Gascogne était alors habité par  des tribus comme les Consoranni (Couserans) les Bigerionnes (Basse-Bigorre) les Huronenses (Oloron) les Benarnenses (Béarn) les Tarbelli (Dax) les Tarusates, plus tard Aturenses (Aire) les Sotiates (Sos) les Elusates (Eauze) les Auscii (Auch) les Vasates (Bazas) les Convenae (Comminges) les Boiens (Pays de Buch).

La Vicomté de Béarn, vassale du duché de gascogne, existe depuis le IXe siècle. Héréditaire dès 940, elle devint en 1170, vassale du Royaume d'Aragon et, indépendante depuis la fin du XIIe siècle, elle sera réunie à la couronne par l'édit du 19 octobre 1620 promulgué par le Roi Louis XIII afin de rétablir le culte catholique et le parlement de Pau [19] dans le Béarn et confirmer cet établissement par un autre édit du mois de juin 1624 [20].

 

     Illustration 8 : Le parlement de Pau et hotel Gassion (Novembre 2010)

                             

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22 Août 2010, 05 nov., 15 Fév. 2011, 25 Mai,  29 déc., 03 juillet 2012,  27 mars 2019 ; 21 avril 2021 ; 19 sept. 2022 ; 26 juin 2023)
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Notes et références :

[1]        Pline l'ancien, (mort en 79 de notre ère) contemporain de l'emprereur Romain Vespasien, aurait ainsi, est-ce là
            la faute du copiste, nommé Vénami au lieu de Vénarmi, comme indiqué dans le Dictionnaire géographique,
            historique et politique des Gaules de Jean-Joseph Expilly, volume 5, page 590 colonne II, Pau.

[2]        Guillaume de Tyr nait vers 1130 à Jerusalem et sera Archevèque de Tyr vers 1175 et croise entre autres
            Gaston de Béarn.

[3]        Histoire de la croisade contre les hérétiques Albigeois, écrite en vers provencaux par un poëte contemporain,
            traduite et publiée par M. C. Fauriel. Paris, 1837,  Imprimerie Royale Page 705, colonne II : Gaston (la terre de)
            la terra Gaston, le Béarn

[4]        Ibid. Histoire de la croisade contre les hérétiques Albigeois  page 191 paragraphe CXXVI :
            « Je ne saurais vous en faire plus long discours /…/ (sinon que) par toute la Gascogne les Croisés entrèrent bride
            abattue - Saint -Gaudens, Muret château et donjon, -Samatan, Lisle jusque là-bas vers Oléron,
            et la terre de Gaston, ils ont conquis tout cela… »

[5]        Dictionnaire topographique des département des Basses Pyrénées, par Paul Raymond. Paris 1863.
              Imprimerie Impériale. Page 25 colonne I.

[6]        Chronique de Du Guesclin par Cuvelier, Guillaume de Saint andré publiée par Ernest Charrière.
            Firmin Didot impimeur de l'institut de France à Paris 1839. Tome I, page 464 : "Et li bastars de Baines
            (avec renvoi de note : Bierne) avec lui séjourna Regnaul de Limosin en cui bien se fia…"

[7]        Dictionnaire topographique de la France - Basses Pyrénées- Page 25. Par M Paul Raymond Imprimerie
            Impériale 1863.

[8]        Maitre Pierre de Marca (1594 – 1662) , Conseiller du Roi en fes confeils d’Eftat & Priué, &
            Président de la cour de Navarre.

[9]        Histoire de Bearn: concernant l'origine des rois de Navarre par Par Pierre de Marca A Paris, Chez la Veuve
            Jean Camusat, 1640. Page 361

[10]      "Béarn Pays Basque et Côte d'Argent" de François Duhourcau, Editions Benjamin Arthaud
              Grenoble Paris , héliogravure 1944, page 46.

[11]      Rien ne semble attester de façon formelle l'origine de la villede Tarbes à celle des "Tarbelli"
          (Source l'Adour marimime de Dax à Bayonne Jean Pierre Bost)

[12]      La ville de Bayonne portera le nom de "Lapurdum" jusqu'au alentours du XIe siècle, mots d'étymologie à la fois
          Celtique et Basque : lapurra le désert et dun, bas, profond (La France maritime Paris chez Postel 1837. Par
          Amédée Gréhan page 289)

[13]      En gallo Romain lapurdunum ou Lapurdum, (IVe siècle) signifiant "fortification" mot qui donnera plus tard le "labour"

[14]      L'etymologie de Bayonne la plus naturelle est celle qui le fait se composer de Baïa-ona,  deux mots basques
          signifiant "Baie bonne", ou "bon port".
            (La France maritime Paris chez Postel 1837. Par Amédée Gréhan page  289)

[15]      Traduction de M Désiré Nisard de l'Académie Française.

[16]      Né le 6 février 1817 à Simacourbe (Basses Pyrénées), mort le 21 février 1897 à Pau

[17]      "Béarnais fidèle et courtois" Dictionnaire Béarnais, de Jean Désiré Lespy et Paul Raymond, tome I, page 92.
            Montpellier imprimerie centrale du Midi, 1887.

[18]      Recueil général des mosaîques de la Gaule, 1980, IV.Province d'Aquitaine

[19]      Esquisse d’une Histoire de la littérature Béarnaise, par Louis Batcave. Marseille 1909, Librairie Paul Ruat,
            54 rue du Paradis.
            Page 7 « … A son voyage en Béarn Louis XIII fonda le parlement de Pau (20 octobre 1620) et décida, plus tard,
            que le langage Béarnais serait banni du Palais »
[20]      Dictionnaire de droit et de pratique, par Par Claude Joseph de Ferrière. Imprimé chez J. Dupleix, rue Saint-Rome à Toulouse, 1779.
            Volume 2, page 287