Expert

Pour le Dictionnaire de l'académie (Edition du XVIIe siècle) :

Fort versé, fort expérimenté en quelque art qui s'apprend par expérience [1]

Étymologie de expert

En cours de rédaction.

Du latin classique."expertus", éprouvé, qui a fait ses preuves", participe passé de "experiri", faire l'essai de".

Outre Manche, pour le Merriam Webster[2] : "Du latin "expertus", participe passé de "experiri", "to try", "skillful", as an "expert surgeon". See experience".

Initialement le Sanskrit [3] "parayati" signifie surmonter, "prévaloir sur", et donnera le Grec "pérao" puis le latin "experior" et l'Allemand "erfahren" [4]

En Allemand "fahren" est "se déplacer", "partir", mais aussi naviguer, comme en Grec, "traverser la mer" [5]

Le Grec "Pérao" ("περάω ") [6] , signifie "passer à travers", s'avancer, traverser, et transporter pour le commerce des hommes ou des esclaves, action dont l'aoriste est "eperasa"[7] ("ἐπέρασσα ").

Dans le chapitre traitant de la dette, Emile Benveniste décrit l'évolution des racines "par". Pour lui, "Bartholomae distingue en effet deux racines, l'une "par" rendre égal, l'autre "par" condamner[8] . La notion de "vendre" dérive d'une racine de même forme "perao", "eperasa", "piprasko". [9]

On rejoint ici le "experiri" participe passé de "expertus",qui en latin possède le sens de "tenter", "faire l'essai"et pour Ciceron le "de injuriis experiri", est demander satisfaction d'une injustice [10] , demander réparation [11]

Alors que pour Salluste"Extrema experiri" est "employer les derniers moyens".

César utilisera "experior" pour signifier "éprouver", "faire un essai", et [12] "tenter de réaliser quelque chose" dans le "de bello Gallico":

"petant fortunamque, quaecumque accidat, experiantur"
(et de mettre à l'épreuve la Fortune, quelle qu'elle pût être .
[13] )

Et également :

"atque omnia prius experiantur [14]" (et que l'on tentera tout avant de… [15], et que l'on tenteroit tout [16])

Dans la « revue historique » (2003, n°626) , : "les experts mémoire et pouvoirs à Rome", Mme Claudia Moatti présente l'expert comme "celui que l'on consulte pour son savoir".

"Un expert est en effet quelqu’un que l’on consulte pour son savoir, à qui son savoir seul donne la parole – et confère une reconnaissance publique, selon les mots mêmes de Cicéron. Dans le système politique romain, dans la conception romaine de l’autorité politique, y a-t-il donc une place pour des experts ? /.../ L’époque voit en effet se développer la spécialisation des savoirs, et notamment des savoirs liés à la mémoire (droit, antiquariat, histoire, grammaire)." [17]

Expert et expérience, chez Plaute

Plaute : parlant de banque et de banquier dans le "Curculio" ("le Charençon"[18]) à son habitude Plaute s'implique pour mieux ridiculiser ses comtemporains :

"Argentariis male credi qui aiunt, nugas praedicant; nam bene, nec male credi dico :
id adeo ego hodie expertus sum
. Non male creditur, qui nunquam reddunt, sed prorsum perit".

(Quand on dit que l'argent placé chez le banquier est mal placé, on dit des fadaises. Il n'est placé ni bien ni
mal.
J'en ai fait moi-même l'éxpérience aujourd'hui. Il n'est pas mal placé, puisqu'ils ne le rendent jamais;
il est perdu tout simplement.)

Expert et expertise.

Le dictionnaire de l'Académie décrit "expertise" comme dérivé d'expert.

Expertise : procédure concistant à requérir l'avis d'un ou plusieurs experts. Constatation ou estimation affectuée par un spécialiste mandaté( [19] ) .

L'Académie a assorti le mot "expertise" de la remarque :

"Est à bannir : "faire preuve d'expertise" (dire "faire preuve de compétence)

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(18 avril 2010, 29 oct 2010, 25 avril 2021 ; 21 sept. 2022)

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[1] Edition 1694

[2] M Webster's,New collegiate dictionary based on New international dictionary second edition 1945

[3] Dictionnaire Sanskrit Gérard Huet page 190

[4] Larousse Allemand Français edition 1963, page 229, colonne II

[5] Ibid, page 246, colonne II.

[6] Anatole Bailly page 1517, colonne II.

[7] Ibid page 1517, colonne III

[8] Émile Benveniste. Le vocabulaire des institutions Européennes,Chap 16, Prêt, emprunt et dette, page 182.

[9] Ibid Émile Benveniste, page 185.

[10] Synonyme latins, page 241, par M Gardin Dumesnil.1813 Paris.

[11] Dictionarium latino-gallicum page 364.Dictionnaire Latin Français. Paris 1813.

[12] Felix Gaffiot (edition 1934) page 630, colonne I.

[13] César. La guerre des Gaules. Société d'édition des Belles Lettres, 2000 (édition 2012) Traduction
Anne-Maris Ozanam. Livres I et II. page 52 Livre I , XXXI 14.

[14] Dictionnaire Félix Gaffiot. Cité en page 630 colonne I : César "de Bello Gallico" VII 78 1

[15] Mémoires de Jules César, traduction nouvelle par M. Artaud. Paris.
Charles Louis .Fleury Panckoucke 1832. Tome deux. La guerre des Gaules. Page 197.

[16] Les commentaires de Cesar. Nouvelle édition revue et retouchée par M de Wailly. Lyon imprimerie
J.L. Maillet 1812. La guerre des Gaules VII, page 361.

[17] Claudia Moatti, " Experts, mémoire et pouvoir à Rome, à la fin de la République " Presses Universitaires
de France Revue historique 2003/2 - n° 626

[18] Felix Gaffiot, page 456, colonne II. Curculio : Titre d'une pièce de Plaute (Titus Maccius Plautus nè
vers -255 mort en -184 à Rome), charençon, ver du blé.

[19] Larousse Lexis, edition 2009, page 705, colonne I