Sacré

Étymologie de sacré

Le"Sanskrit": langue raffinée sacrée

Le mot "sanskrit" signifie "ce qui est sacré" et "ce qui est intié pour le rite".

"sanskrit" provient d'une part de "Sam" ou "sams", qui signifie "mettre avec", "mettre ensemble" [1] "préparer pour le rite", et d'autre part de la racine "skri" ou "krti" qui est la "consécration"[2] "ce qui est initié". En ce sens la langue "Sanskrit" est la langue raffinée.

Le "sacré" latin,

En latin "sacer", "sacra", "sacrum" est le "sacré".
Sacer vient du latin sancio, qui signifie "rendre inviolable", "interdire"

L'adjectif "sacer" est un ancien "sakros" dont la forme comporte une variante, l'adjectif italique "sakri-", qu'on retrouve partiellement en vieux latin dans le pluriel "sacres" ; ce "sakros" est un dérivé en "-ro" d'une racine "sak-". [3] .

Dans un archaïsme du vocabulaire religieux, les porci qui ont dix jours habentur puri "sont considérés comme purs" et sont pour cela appelés "sacres" (ancienne forme au lieu de sacri à partir de l'adjectif "sacris") [4]

Pour Spinoza [5] :

"sed contra quæ apud alios sacra, mais au contraire ce qui chez les uns est sacré
apud alios profana et quæ apud est sacrilège chez d'autres et ce qui
alios honesta, est honorable chez les uns
apud alios turpia sunt,": est honteux chez d'autres.

Le "sacrum" le "sacra facere" : profane et sacré

Le sens latin de "sacer "est la séparation. Pour Virgile le "limen sacrum [6]", est le seuil du temple [7]

"Ecce templum sanctum, e contra jura ut libet Nam calcare limen sacrum[8] non permetteris" : devant le saint temple jure comme tu voudras car je ne permetterais pas que tu y entres…[9]

Pour Émile Benveniste "C'est en latin que se manifeste le mieux la division entre le profane et le sacré; c'est aussi en latin que l'on découvre le caractère ambigu du "sacré": consacré aux dieux et chargé d'une souillure ineffaçable, auguste et maudit, digne de vénération et suscitant l'horreur. Cette double valeur est propre à "sacer"; elle contribue à distinguer "sacer" et "sanctus", car elle n'affecte à aucun degré l'adjectif apparenté sanctus" [10].

En latin le "sancire" est rendre inviolable, défendre de… Consacrer"

Le "sacré", en Droit Romain

En droit romain le "sacré" est "sacer est"c'est-à-dire celui qui a été exclu du monde des hommes et par là il est légitime (bien qu’il ne puisse être sacrifié) de le tuer sans commettre d’homicide.

"Dans cette perspective, il est tout à fait significatif que l’horreur qu'est l'extermination des Juifs
ne fut jamais taxée d’homicide, ni par les bourreaux, ni par les juges, mais de crime contre
l’humanité
" [11] , et que les puissances victorieuses aient voulu racheter ce manque d’identité
en concédant une identité étatique, à son tour source de nouveaux massacres.
[12]"

La loi "sacratio capitis" désigne la consécration du "coupable aux dieux" [13] .

Le crime devait en effet, attirer sur la communauté entière la vengeance du ciel à moins de n'être l'objet d'une expiation publique.

Le "hieros" ou le sacré grec

Le "hieros" grec vient du Sanskit. "istvah" (participe de "yaj") service pieux , et "yaj", le sacrifice, qui donnera le grec "hiéros" ("ίερος" [14]) fort, auguste, consacré aux dieus, et que l'on peut offrir en sacrifice : sacré.

1 - Le premier sens, en grec ancien de "hiéros" est admirable, puissant.
L'armée puissante (des Grecs) est "hiéros stratos" (ίερος στρατος).
Pour Thucydide la "guerre sacrée" est le
"o hiéros polemos" (ο ιερος πολεμος).

2 - Le second sens de "hiéros" est sacré, au sens de divin ou d'origine divine.
La demeure sacrée de Circé est "hiéros domata" ("ιερος δωματα").

3 - Un troisième sens est le rite, et désigne les entrailles des victimes offertes, ou
augures ou présages :
"τα ιερα γιγνεται" (
"ta hiera gignetai") : les présages sont favorables
ou, litteralement : les présages poussent vers l'avant.

Le sacré grec est également désigné par "agnos" ("αγνος") pur, chaste, non souillé (Pour Eschyle) qui donne l'agnat et l'agneau.

En grec ce qui est ordonné et autorisé par les dieux est "osios" ("οσιος"), ce qui correspond au "saint", ce qui est, établi; dont l'opposé "anosios" ("ανοσιος") le profane étant "athéos" ("αθεος") irrévérent.

En grec le "agnos" (αγνος) est pur saint, pour Eshyle il est le "Bous agnès" ("βοος αγνης") génisse dont le cou est vierge [15] donc apte au sacrifice.

Agnos est également "l'agnus-castus" ou "Gattilier", plante utilisée contre les mentruations douloureuses.

Les "Hiérodules", mot venant de "hiéros" (sacré) et "doulos" (esclave) , sont en grec les esclaves attachés au service d'un temple.

Le "hieroglyphique" en grec est le "iera grammata" ("ιερα γραμματα") et "iera" ("ιερα") est le rite et "grammata [16]" qui signifie gravé, écrire, le caractère.

Par ailleurs le "iero grammateus" ("ιερο γραμματευς") est le prêtre ou docteur qui interprete les saintes écritures en Egypte.

La maladie "Epilepsie"[17] par exemple est le "ieros nosos" (La maladie sacrée[18]) en grec, ou "morbus sacer" qui en latin est la "maladie sacrée" [19].

Le sacré, "holy" anglais.

En Anglais le "holy" provient du vieux saxon "halig", le tout ("whole") et donnera "health" la santé.

Notons que le "saljan" (qui donnera le mot Anglais, «to sell » , vendre) signifie non pas "vendre" mais "offrir en sacrifice" [20].

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(06 août 2010 ; 21 Août 2010 ; 03 mai 2021 ; 15 sept. 2022)
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Notes et références :

[1] Dictionnaire Sanskrit Huet page 491

[2] Dictionnaire Sanskrit Maisonneuve, page 758

[3] Emile Benveniste, Le vocabulaire des institutions Indo-Européennes, tome II, page 188, livre 3, chapitre 1 :
la religion en grèce, le Sacré.

[4] Emile Benveniste, Le vocabulaire des institutions Indo-Européennes, tome I, page 31

[5] Benedicti de Spinoza "opera philosophica omnia". Benedictus de Spinoza Partie III XXVII. Page 372.
Stuttgart 1330

[6] Limen est la maison l'habitation, et pour Virgile le début, le commencement

[7] Le "sancire" latin vient du Hittite "Saklai" qui signifie le rite, l'usage, la loi des dieux,
les habitudes. En latin "sancire" est "rendre inviolable", défendre de… Consacrer

[8] "Calcare limem sacrum" : "fouler avec les pieds l'entrée du temple".

[9] Histoire critique des pratiques superstitieueses page 147

[10] "Vocabulaire des institutions indo-européennes" page 187. Tome II.

[11] Giorgio Agamben, La communauté qui vient 1990 The coming community 1993, Tiananmen 88.7.

[12] Texte de Agamben traduit par par Marilène Raiola

[13] Dictionnaire des antiquités grecques et romaines de Daremberg et Saglio (tome IV, page 955) Université
Toulouse le Mirail.

[14] Anatole Bailly page 961 colonne II

[15] Anatole Bailly edition 1963 pages 13, colonne III)

[16] Du grec "Gramma" "Gramatos" (γραμμα) le caractère écrit , Anatole Bailly page 416, colonne II.

[17] Dr. Lucien de Luca. "Nostradamus" : Une comitiale agitation Hiraclienne © 2002 Lucien de Luca

[18] "Nosos" est la maladie, tomber malade

[19] Maladie "hiéros nosos" ("ιερος νοσος") , ou morbus sacer en latin

[20] Ibid Benveniste tome I page 132