Parentalité

Néologisme dérivé de "parental" ; ce dernier terme a été attesté en 1536 dans "affection parentale", et répandu de nos jours comme adjectif de détermination de "parent".

Il n'est pas totalement dépourvu d'intérêt de noter qu'un terme voisin, "parentalies", désignait dans l'antiquité romaine les fêtes annuelles célébrées par chaque famille en hommage aux ancêtres, c'est-à-dire aux morts.

Étymologie de parental

"Parental" [1]: Adjectif ayant cours au XVIe siècle, repris en 1960 par l'académie [2].

Durant le moyen âge, "Parental" [3] est l'adjectif issu de parent, ("par pitié naturelle et parentale" [4]) et, au second sens, issu de "Parentel [5]" désignant la "parenté".
Ce terme, "parenté" au moyen âge, sous entends la vassalité, voire l'obéissance.

La "parentelle" [6] désigne les parents de sang.

Au moyen âge le "parage" est l'égalité de naissance, égalité de rang, issu du latin "paraticum"

A la fin du XVIIe siècle le Grand dictionnaire de l'Académie [7] donne les termes, "Parentage", et "parentèle" comme tombant en désuétude.

Notons qu'à Rome les "parentales"( les "parentalia" [8] ) étaient une fête publique célébrée en l'honneur des morts.

Le "parentales" dans Ovide

Les "Umbrae Parentales" ou "L'âme de nos pères et mères".

Traduit par "l'ombre de mes pères" [9], précisé comme étant "O animae parentum meorum" [10] et rapporté par "l'ombre de mes parents" dans la traduction dirigée par Désiré Nisard [11] :

Si tamen exstinctis aliquid, nisi nomina, restat, Si pourtant il reste après la mort autre chose qu'un vain nom
et gracilis structos effugit umbra rogos ; si notre ombre légère echappe au fatal bûcher
Fama, parentales, si vos mea contigit, umbrae, si la renommée de mon malheur est parvenue jusqu'à
vous, ombres de mes parens
[12]
Et sunt in Stygio crimina nostra foro si mes fautes sont portées au tribunal des enfers

Parentalité ou "parenternelle" ?

Le philosophe Henri-Frédéric Amiel, dans son journal intime [13] pose la question:

"Les préférences des parents pour les enfants jugent les époux. Dans la majorité des cas,
le père ou la mère ont une prédilection pour l'enfant dans lequel ils se retrouvent eux-mêmes.
Dans les ménages très unis, c'est le contraire ; l'enfant préféré par le père est celui qui rappelle
la mère, et inversement. La nature de l'affection conjugale se retrouve donc dans l'affection
paternelle et maternelle (Pourquoi
parenternelle nous manque-t-il comme opposé de filiale?)"

La parentalité au XXe siècle :

Le "parental" est ce qui "concerne le père et la mère considérés comme un tout" [14] ,

"La parentalité, néologisme datant de 1959, désignant le rôle des parents dans leurs
fonctions parentales, évolue également"
[15]

De nos jours le "parental", et par là, la "parentalité" désigne ainsi le parent au sens de la consanguinité ou de l'adoption qui à l'instar de la filiation par les mâles induit un lien à la famille des plus forts.

Selon Ulpien, qui propose les trois conditions de l'agnation, le terme n'est par entièrement cerné :

"Agnati sunt a patre cognati, per virilem sexum descendentes, ejusdem familiae"
(Les agnats de parent de coté paternel, que l'on soit descendant par un mâle, que l'on soit de la famille)

Mais en les faits ", il ajoute :

"Mais de ces trois prétendus caractères de l'agnation le premier est rendu inutile par le second,
et le troisième n'est pas moins superflu à être indiqué
[16] "

Parentalité : Le suffixe "-ité".

Rédaction en cours

Indique la qualité ou la fonction.

Du latin latin -itatem, accusatif de –itas

L'usage du suffixe "ité" permet de former un nom depuis un adjectif, ou former le féminin d'un nom de la base du latin "itatem".

Le suffixe "ité" nous vient du grec " ίτης" puis du latin ecclésiastique "ita".

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(25 octobre 2013 ; 30 avril 2021 ; 08 sept. 2022 )

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Notes et références :

[1] Dictionnaire Etymologique et historique du Français, Larousse 2005 (copyright 2001).
Page 716 colonne I

[2] Dictionnaire Erudit de la langue Française. Larousse 2009 édition originale 1979. Page 1333, colonne III.

[3] Dictionnaire du Français (IXe au XVe siècle) Godefroy, F Wieweg Paris 1881. volume 5. Page 759.

[4] "Alector ou le coq" par Barthélémy Aneau. Edition originale 1560 :
"Et aussi par pitié naturelle et parentalle qui les émouvait.. Editions Passage du Nord/Ouest.
Albi 2003. Page 37.

[5] Ibid Dictionnaire Godefroy, T5 page 759 colonne III.

[6] Dictionnaire Historique de l'l'Ancien Langage François ou glossaire de la langue Françoise. La Curne de
Sainte-Palaye, Niort 1882. Favre. Tome 8; Page 189 colonne I :
Parentelle "la vérité est clere, et si est telle,
Tesmoing tout sang de bonne Parentelle (Georges Chastellain expos sur vérité mal prise – écrit en 1458)

[7] La Grand dictionnaire de l'académie Française. Paris 1696, seconde édition,
Chez Jean Baptiste Coignard Imprimeur du Roy & de l'Académie Française. Page 110 colonne I.

[8] Dictionnaire Latin Français Félix Gaffiot : page 1115, colonne II :
Parentalia : Fêtes annuelles en mémoire des morts

[9] Cours de latinité supérieure. Par Mr l'abbé Paul. Lyon 1806, chez Tournachon-Molin. Page 533

[10] Publius Ovidius Naso. Nicolas Elig. Lemaire. Paris 1822. Volume VII, Page 196

[11] Ovide œuvres complètes. Sous la direction de Mr Désiré Nisard. Paris 1838,
J. –J Dubochet et Compagnie. Page 725 colonne II.

[12] Bibliothèque Latine Française. C.L.F. Panckoucke. Paris 1834.
Traduction de M.A. Vernadé. Tristum Livre IV, Elegie X. Page 266

[13] Henri Frérédic Amiel. L'Age d'Homme 1994. Tome VI, Page 340, Avril 1866.

[14] Dictionnaire érudit de la langue Française. Larousse. Page 1333, colonne II.

[15] Famille et parentalité. Colloque famille et parentalité (La réunion novembre 2005).
L'Harmattan, 2007. Page 7.

[16] Cours élémentaire de droit Romain. La législation de Justinien. P Van Wetter. Gand 1871. Tome I.
Des personnes en général, page 190