Faire

 Étymologie  de "faire"

Nous vient du latin "facio [1]", d'infinitif "facere", aboutissement tant  matériel qu'intellectuel.

Pour le dictionnaire de l'ancien langage François [2] faire est un infinitif pris substantivement :

       "Je vueil bien que chacun sache que je saiz ce faire"[3]

C'est l'un des plus anciens mots de la langue prononcé par Louis le Germanique dans"le serment de Strasgourg" :

       "In o quid il mi altresi fazet" [4]

Et:

       "Voldrent la faire diavle servir" [5]

"Faire" signifiait autrefois "se procurer", pour le trouvère Guillaume clerc de Normandie (XIIIe siècle) dans le "Besan de Dieu[6]" :       

       "S'il est biaus, si velt faire amie [7]
        Desque il en avra blesmie,
        La femme son prosme ou sa fille.

Le "Faire" d'Aristote :

Faire et se faire correspondent aux deux premiers niveaux de l’action que distingue Aristote: le "poein" ("ποιεῖν ") et le prattein" ("πράττειν ").

- Le verbe Grec "poiein" ("ποιεῖν "), précise le philosophe français Maurice Blondel,
    "s'applique à toutes sortes d'opérations, depuis celles qui modèlent de la glaise
      jusqu'aux réalisations les plus hautes de l’artiste ou du poète".

- Le "prattein" ("πράττειν " : faire un trajet, aller jusqu'au bout, achever, réaliser) s'ouvre sur un niveau d’action qu’Aristote appelle le  "théorein" ("θεωρεῖν "), la contemplation. La contemplation est à l’extrême   opposé du réflexe.

Notre "théorie" vient, elle, du mot grec "theorein", qui signifie "contempler, observer, examiner".

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(21 décembre 2009, 13 nov 2011 ; 25 avril 2021 ; 21 sept. 2022 ; 23 mars 2024)

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Notes et références :

[1]        Dictionnaire Felix Gaffiot, page 647 colonne III.

[2]        Dictionnaire historique de l'ancien langage françois. Louis Favre1882. Tome 6 page 150 colonne I.

[3]        Registre JJ 165 composé de 425 numéros années 1410-1412. JJ 165 page 145 année 1411. Source :
            Archives nationales JJ. Registres. (Epoque du règne de Charles VI dit "le fou" ou "le bien aimé".

[4]        Serment de Strasbourg, le 14 février 842, entre Charles le Chauve et Louis le Germanique.

[5]        Cantilène de Sainte Eulalie :  voulurent la faire diable (diavle, diaule) servir

[6]        Le besant est une piéce de monnaie an allusion, au sens où l'entend Guillaume le Clerc, comme une des
            talents de la parabole.(Source Pierre Ruelle "le besant de Dieu. Bruxelles 1973)

[7]        Le besant de Dieu. Guillaume le Clerc, de Normandie, par Ernst Martin. Halle,1969.
            Verlag der Buchhandlung  des Waisenhauses.Page 9, vers 289.