Agnat, agnati

Étymologie de Agnat 

L'agnat, comme corrélatif de " cognat " vient du latin " agnatus ", participe du verbe " Agnascor ". Le " Agnatus ", en latin, désignant à la fois ce qui s'ajoute et les petits du troupeau.

En latin " adnascor ", ou " Agnascor[1] " est celui qui  naît à coté et est le fait de naître après le testament du père [2]

Une autre racine est le "Aja" Sanskrit signifiant "le guide" le bouc" et la chèvre, et donnera le latin "agnus", l'agneau.

Le sanskrit "Aja", correspond à celui qui est "non né", celui qui existe de toute éternité, qui est depuis "Aja l'Eternel", fils de Raghu, père de Dasasratha (voir acte agir) 

D'où le terme de "agnat": celui qui est reconnu (par opposition au "cognat" : celui qui est né)

Dictionnaire Latino Gallicum :

                Agnatum dicimus quicquid vltra naturae debitum natum est (Pline)
                Tout ce qui naits et croist oultre le cours et coustume de nature [3].

En les faits un "agnat", qui signifie le "collatéral par les mâles", vient du latin "agnatus" de même signification. 

En effet ce n'était pas par la naissance, mais au culte seul que l'on reconnaissait les agnats. Le fils que l'émancipation avait détaché du culte, n'était plus agnat de son père. 

Pat ailleurs, l'étranger à la famille qui avait été adopté, c'est-à-dire admis au culte, devenait l'agnat de l'adoptant et de toute sa famille. Tant il est vrai que c'était à Rome la religion qui fixait la parenté [4].       

Le latin "nascor"[5] et [le grec] "gigno" sont deux branches d'une même famille. Racine que l'on retrouve dans le Sanskrit "gan" qui signifie engendrer, et donnera le grec "geinomai"[6] (gignomai "γίγνομαι") [7] naître, le latin natus et gnatus, fils, enfant [8].

Le début de l'Anabase de Xénophon [9] commence par cette phrase où le verbe "gignomai" ("Gignontai" : donnèrent naissance à) prend toute sa valeur :

      Δαρειου και Παρυσάτιδος        (Darios kai Parusatidos                  Darius et Parisatide -la reine-
      γίγνονται  παίδες δύο                 Gignontai paidés duo)                   eurent deux fils…[10]

C'est en ces termes que l'on distingue le "engendré non pas créé", de celui qui est "reconnu" (le "agnat") par rapport à celui qui est, par essence, le "né".

Les Romains distinguaient, comme indiqué, ci dessus deux sortes de parentés :

- La parenté naturelle qu'ils appelaient "cognation",

- la parenté civile qu'ils nommaient "agnation"[11] .

Le terme "agnati" romain, désigne ainsi le "parent du coté du père", sorte de pendant de la parenté issue de la mère.

Le "natus" latin désigne "celui qui est né", celui "qui est" par naissance, c'est également le participe du latin nascor (naître), et "natus" (au sens de "gnatus") désigne, au singulier, le fils.

       Antiquis temporibus, nati tibi similes in rupibus ventosissimis exponebantur ad necem
      (Autrefois on aurait laissé les gens comme vous, mourir sur des rochers balayés par le vent)

 Cicéron dans son Traité des lois : 

       Ex quo vere vel agnatio nobis cum caelestibus vel genus vel stirps appellari potest [12].
      (et c'est pour cela qu'on peut nous appeler la famille, la race, ou la lignée des êtres célestes.) [13]

Pour le "Manuel de Diplomatie et de Droit International" [14]:

 "Cette distinction avait surtout une grande importance par rapport aux règlements d'hérédité; mais depuis que les lois sur les successions ne connaissent /…/ aucune différence entre les "agnats" et les "cognats" l'interêt que peut avoir la distinction entre la descendance par les mâles (Agnats) ou par les femmes (cognats) est restreint soit aux familles souveraines régies par la loi salique , soit aux possesseurs de fiefs ou de majorats et aux membres de la chambre des lords en Angleterre /…/."

Et suivant les "institutes de Justinien" [15] : "Cette décision confirme la loi des douze tables qui n'appelle à l'hérédité, parmi les agnats, que le plus proche ou les plus proches" [16]

Agnat : Termes homophones : 

Le latin "agnatus" donnera ainsi le terme "agnation", et le latin "agnus" donne le mot français agneau. (voir ce mot)

Différemment, le mot "Agnostique" de souche distincte nous vient du grec Agnostos [17]   ("αγνωστος" [18]) qui était à Athènes un dieu inconnu à qui un autel était dédié, qui  donnera notre mot  "agnostique"

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(janvier 2013, maj 07 novembre, 6 août 2019 ; 22 avril 2021 ; 20 octobre ; 20  août 2022 )

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[1]       Composé de "ad" et "nascor" celui qui nait proche, celui qui "nait à coté"

[2]       Dictionnaire Latin français Louis Marie Quicherat, Amédée Daveluy. Page 46

[3]       Dictionarium Latinogallicum, Robert Etienne - 1522

[4]        Numa Denys Fustel De Coulanges, "La Cité antique", 1864, p. 66.

[5]       Felix Gaffiot page 1012, colonne III Nascor : naître (qui donnera l'italien nascere)

[6]       Dictionnaire Universel de la langue Française. C.-M Gattel. Lyon, 1819, Chez Mme J. Buynand.
            Tome Premier. Page 797 colonne II.

[7]       Dictionnaire anatole Bailly page 403 colonne II gignomai "γιγνομαι" naître, de racine "gene"
          ou "gne",  qui donnera le latin "gigno".

[8]       Dictionnaire étymologique des noms propres d'hommes. Par Paul Hecquet-Boucrand.
          Paris Victor Sarlit, 1868. Page 140

[9]       Xénophon : "Anabase" ou "la retraite des dix mille". Livre premier, chapitre premier :
          les causes de la  guerre entre Cyrus  le jeune et son frère Artaxercès en 401 avant Jésus Christ.

[10]      Les deux fils de Darius se nommaient Cyrus et Artaxercès.

[11]      Dictionnaire de la conversation et de la lecture, sous la direction de M W Duckett. Paris 1867.
          Page 181

[12]     Ciceron Traité des lois. Premier livre, paragraphe VII :
            "Ex quo uere uel agnatio nobis cum caelestibus  uel genus  uel stirps appellari potest" :
            "C'est pourquoi l'on peut dire qu'il y a parenté entre les êtres célestes et nous" 
              (Traduction de M. Charles Appuhn)

[13]      Oeuvres complètre de Marcus Tullius Ciceron. Paris Lefèvre, 1821.  Traduction par
            Joseph-Victor Le Clerc. Volume 27  Livre I page 49.

[14]          Dictionnaire Manuel de Diplomatie et de Droit International Public et Privé, de Carlos
            Calvo(1822-1906) Lawbook Exchange Ltd. page 16.

[15]       "Institutiones Justiniani" composées en l'An 533 sur l'ordre de Justinien, par
              Tribonien, Théophile et Dorothée

[16]          Par Adolphe Marie Du Caurroy de la Croix , Institutes de Justinien: traduites et
          nouvellement expliquées.   Bruxelles 1834. Volume 1 page 260, colonne I, paragraphe V.851

[17]      Larousse. Grand dictionnaire Etymologique du Français. Edition 2005. Page 17, colonne II

[18]      Dictionnaire Bailly page 14 colonne II "Agnostos" : inconnu, ignoré, inintelligible, ignorant.