Marché

Outre l'endroit où s'échangent et se négocient des produits, le marché est une des façons d'organiser des mouvements commerciaux et est ainsi le résultat d'échanges entre entités économiques, pays ou groupes de pays.

Le marché est un moyen et est ainsi la conséquence d'une entente.

Par métonymie (ou synecdoque), "marché" désigne les ensembles de personnes qui effectuent ces échanges voire le bâtiment qui les abrite.

Etymologie de Marché

Du vieux Français "marchiet"[1], issu du latin "maercatus" puis "mercatus"[2].

Du latin "merx" [3] désignant l'endroit où l'on exposait les marchandises.

Le mot "commerce" vient lui du latin "commercium", échange de marchandises pour de l'argent ("cum merx")[4] sachant que le latin "merx" désigne la chose vendue et le latin "merces" est le prix [5].

Dans la chanson de Roland[6] le trahison de Ganelon est l'objet d'un "marchet" :

"Li reis Marsilie de nos ad fait marchet ; Mais as espees l'estuvrat esleger [7]. Aoi [8]"
[Le roi Marsile a fait de nous l'objet d'un marché, mais c'est par l'épée qu'il faudra le disputer]

Le glossaire de la Chanson de Roland indique "Le roi Marsilie a passé un "marché" (un marchet) à nos dépens [9] .

Au XVe siècle, "Faire marchiet" à la signification de "donner commande", "donner ordre" : Les chroniques de 1493-1494 indiquent en ce sens que que :"le XVIII de Décembre pour ung disner et souper ou furent plusieurs de Messeigneurs lesquels firent marchiet à Collard carpentier de la ville de Mons en Hayneau…" [10]

Festus dira "Mercurius a mercibus dictus est" [11] : Mercure est le dieu des marchands.

Illustration 13 : Un marché aux puces Parisien, rue Ledru Rollin. (octobre 2010)

Dans le nom du dieu Mercure se retrouve le latin "merx", signifiant la marchandise [12] (voir le mot Mercure)

Ce dieu Romain Mercure, fils de Jupiter et de Maea [13], se rapporte en Grec au dieu "Hermès" ("Ερμής" [14]), fils de Zeus, qui est le messager des dieux, le dieu des relations pacifiques entre les hommes, protecteur du commerce et du vol, dieu des voyages, et dieu de la parole et de l'éloquence…

Le dictionnaire étymologique de Gilles Ménage nous donne" marché" comme provenant du latin "mercatus" ou "mercatum" [15]

Notre mot "marchand" vient ainsi du latin "marcatantem" [16] forme dérivée de "mercantem" lui même issu de "mercatus". Le latin mérovingien propose déjà le passage du "e" en "a", avec "marcatum" devenant "mercatum"[17] qui donnera beaucoup plus tard notre "marché" actuel.

Pour nos voisins Anglais, le "market" vient comme pour nous du latin "mercatus". Et le bâtiment où sont disposées les mrchandises à la vente, le "market", est attesté outre manche dès le onzième siècle [18].

Une "salle de marché" est, dans le monde saxon, une "trading room" ou "dealing room" et le "marché boursier" y est le "stock market".

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(4 juin 2010, 29 octobre 2010 ; 26 avril 2021 ; 11 sept. 2022)

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[1] Œuvres de Froissard, Chroniques(de 1377 à 1382) par M le Baron Kervyn Lettenhove.
Page 204, le Duc de Bourgogne fait conclure la paix)

[2] Dictionnaire Erudit de la langue Française. Larousse , page 1106 colonne I

[3] Felix Gaffiot page 971 colonne I. merx mercis, mercium : marchandises venant de l'étranger

[4] Dictionnaire Etymologiqie de la langue Française, par Adophe Mazure. Page 51.Paris Librairie
Eugène Belin 1863.

[5] Ibid Dictionnaire Etymologique de la langue Française, par Adophe Mazure Page 245

[6] La chanson de Roland est composée à la fin du XIe siècle (peut être vers l'an 1090)
son écriture est attribuée au Trouvère que serait Turold, en latin Turoldus, ou Théroulde.
Paris Imprimerie nationale 1850

[7] Chanson de Roland vers 490

[8] Le terme "Aoi" est l'objet de nombreuses études et serait une exclamation, cri de guerre "A voie ! Allons"
et serait par là "avoi" (Grammaire de la langue d'Oïl de Georges Frédéric Burguy)
de l'interjection, page 397

[9] Glossaire de La Chanson de Roland. Par Cesare Segre, Madeleine Tyssens, Bernard Guidot.
Page 362, Droz 2003.

[10] Mémoires de la Société des antiquaires de la Morinie, première partie. A Paris chez Derache , 1851.
Volume 9, page 224

[11] De la signification des mots. De Sextus Pompeius Festus. Paris Panckroute 1846. Volume 2, page 216.

[12] Dictionnaire de la mtyhologie Grecque et Romaine. Pierre Grimal, Puf, page 292, colonne II. (1951,
14
e édition 1999)

[13] Maïa est l'aînée et la plus belle de sept Pléiades ("Πληιόνης" ou "Pléionès") que sont les filles d'Atlas.

[14] Anatole Bailly page 807 colonne I,

[15] Dictionnaire Gilles Menage page 171 colonne I

[16] Dictionnaire érudit de la langue Française. Larousse , page 1105 colonne II

[17] Précis de phonétique et rôle de l'accent latin dans les verbes Français. Jean Bastin. Paris, Librairie
Emile Bouillon Saint petersbourg Zingzerling Nevsky 20) Deuxième edition 1905. Page 39.

[18] English Etymology. Bibliolife 2008. Friedrich Kluge. Page 132.