Pyrénées

L'Historien Strabon (premier siècle av. J.-C.) note qu'une légende fait dériver le nom des "pyrénées" du grec "puros" ou "pyr [1]" signifiant "le feu".

On dit que ce feu, faute d'être surveillé par les pâtres avait dévoré la montagne et ses forêts et fit couler les minerais d'argent de ses mines dans les ruisseaux.[2].

De là naquit la légende Basque et du Roussillon qui parlait de flots d'argent ou de cuivre que contenaient les rivières qui alimentaient le pays d'Aquitaine.

Cette même légende est reprise par Diodore de Sicile et par Aristote.

Etymologie de Pyrénées

Le mot grec "Pyrènaia" ("Πυρηναια") désigne, dans Plutarque, les chaînes de montagnes séparant la Gaule de l'Espagne.

Ου μην αλλ´ επει Πομπήιος ἠγγέλλετο την Πυρηνην υπερβάλλων [3]"

(Mais lorsqu'on eut appris que Pompée passait déjà les Pyrénées…)

"Pyréné" était également le comptoir d'une colonie grecque Ionnienne [4] située sur la côte, en gaule, proche de la ville actuelle de Narbonne.

Doit-on ajouter plus de foi à l'interprétation que quelques étymologiste nous ont donné
du mot pyramide. Ce nom à incontestablement la même origine que celui de Pyrénées.
[5]
Si les noms de première invention, tels que ceux des montagnes, furent pris dans les objets
sensibles de comparaison, dès lors il n'existe aucun doute que les Pyrénées, habitées de toute
l'antiquité par les Celtes, ne dérivent leur dénomination de l'idiôme de ces peuples ; du celtique
"pyr", ou "pér", latin "pyra"
[6].

Gilles Ménage, dans son dictionnaire étymologique[7] fait référence à cette même source et donne les Pyrénées comme des :

"montagnes célèbres, entre la France et l'Espagne.
Diodore de Cicile et divers autres anciens écrivains,
dérivent ce nom du Grec "pur", "puros".

Le grec " pyrinos " (πυρινος [8]), possède deux sens:

-1 Désigne d'une part tout ce qui est enflammé, ardent, en feu

-2 D'autre part définit la couleur du blé, du froment [9].

La légende des Pyrénées : Hercule et Pyrène, fille du roi Bebryx

La légende raconte que "Pyrène", la fille du seigneur Bebryx à la chevelure couleur d'or, tomba amoureuse d’Hercule [10] lorsqu’il allait capturer les bœufs à cornes d’or.

Comme raconté dans le "Libre parcous de la Mythologie Basque" [11]:

"Peu après la création de la terre, le peuple des Bekrydes vivait dans une région
montagneuse. Leur chef Bebryx vivait dans la plus grande grotte : la grotte de
Lombrives
[12]. C'est là que vivait aussi sa fille Pyrène, qui avait tout pour plaire".[13]

Pyrène aurait ainsi rencontré Hercule avant son 11e travail consistant à rapporter les pommes d'or du jardin des Hespérides. "Pyrène" signifie: rêne de feu, à la chevelure de feu, voire à la chevelure couleur de froment.

Pour ce faire Hercule se rendait donc en Erythis, une province d'Espagne et, en passant par le nord de l'Afrique où il avait construit les deux fameuses colonnes nommées "Calpé" et "Abyla" situées sur le détroit de Gibraltar que l'on nomma plus tard les "colonnes d'Hercule".

C'est à son retour qu'Hercule aurait traversé la Gaule [14] et rencontré ainsi la belle princesse Pyrène qui, séparée d'Hercule, fut assaillie par un ours.

"Hercule franchissant d'un bon les montagnes et les fleuves d'Espagne, arriva juste à temps
pour prendre dans ses bras sa bien aimée au moment où elle poussait son dernier soupir.
/…/
Hercule prononça alors ces paroles d'une voix assurée :
Ma chère Pyrène, afin que ton nom ne soit pas oublié des peuples qui vivront dans la région
du monde où tu reposes pour l'éternité, cette chaîne de montagne s'appellera
désormais Les Pyrénées."
[15]

[Nota : Les travaux d'Hercule :
Rapporter les pommes d'or des Hespèrides [16], aurait ainsi contraint Hercule pour son 11e travail,
à traverser le détroit de Gibraltar où il rencontra Altas et poursuivit ensuite son chemin
au travers des Pyrénées.
Mais les géographes décrivent à ce sujet des territoires allant des îles Scilly
à l'est de l'Angleterre au large du cap "Catharum Promontorium" où se
trouvent les îles de Madère
[17].]

Les Pyrénées et le pays de Cocagne.

Le Midi Pyrénées est la région où, entre la fin du moyen âge et le tout début de la Renaissance fut le lieu de l'exploitation des coques de pastel qui fit la richesse des pyrénées et sa réputation de "pays de cocagne" jusqu'au désastre boursier de 1561, dans le nord de l'Europe, à cause de la concurrence de l'Indigo et surtout de l'irruption des guerres de religions qui seront l'expression de la grande divergence economique qui s'ensuivra entre le Sud et le Nord de l'Europe.

Le pastel était cette boule de plante séchée, nommée le "guède" ou "Isatis Tinctoria" dont on faisait sécher les plantes assemblées en coques, (voir le mot "cocagne"), qui intéresseront tant les drapiers de l'Europe du Nord qu'elle en fit la fortune des Pyrénées qui dans la légende devinrent ainsi le "pays de Cocagne".

Peut être était-ce là, une façon pour les Pyrénées de prendre leur revanche sur les croisades qui écorchèrent si profondément l'ensemble de la contrée vers l'an 1200 plus qu'elles ne concernèrent durant ces périodes, comme on le dit, la ville de Jérusalem.

La légende des Pyrénées : "Dans le Ciel de Pau"

(Texte de Timothy Larribau)

"Une idylle naquit et les deux amoureux qui voulaient se marier.
À la fin de l’été, la jeune fille enceinte attendait son amoureux
dans la forêt, mais Hercule effrayé par un sombre présage s’enfuit.
[18]
Lorsque Pyrène comprit, éperdue de douleur, alors elle s’enfonça
dans la forêt fut poursuivie par les loups qui la dévorèrent.
Hercule tua tous les loups à coups de pierres et amassa,
tant que dura sa tristesse des rochers sur la tombe de sa tendre aimée.
Cest ainsi que naquirent les Pyrénées, là où était Pyrène".
Il baptisa ensuite cette montagne du nom de "Pyrène".

Une autre légende, proche, raconte que :

"Hercule, qui revenait vainqueur, pleura hors de lui sur ses membres
mutilés et son visage tant aimé. Il fit retentir les montagnes de son nom,
qui leur est resté, avant de l'ensevelir.
[19]"

Illustration 17 la chaîne des pyrénées vue des collines de Doumy (3 Février 2010)

Pline l'Ancien écrit :

"Je juge les traditions sur Hercule et Pyrèné ou
Saturne fabuleuses au plus haut degré.
[20] "

Les anciens de la région disent que c'est pour cela que la plaine de Toulouse est dépourvue de pierres et que ce qu'il reste du palais du roi de Bebryx, c'est la grande grotte de Lombrive.

Avec le temps la montagne de Pyrène est devenue les Pyrénées.

Une autre forme de cette même légende d'Hercule et de Pyrène fait intervenir un ours [21] plutôt que des loups…

Pour Tiberius Catius Asconius Silius Italicus le nom des montagnes Pyrénées vient de Pyrène la fille du roi Bebryx :

Il s'agirait du peuple de Bébryces" que Silus mentionne au moment
du passage des pyrénées par Hannibal
[22], il semble ainsi se situer
entre Figeiras et le Perthus.

Pour Salluste et Pline, les Pyrénées sont nommées "Pyrenaeus", et pour Strabon "Puréné" ou "pyrènè" (du grec "Πυρήνη "), Tibulle lui, nomme ces montagnes "Tarbella Pyrene" et Priscien "Pyrrhenes". Grégoire de Tours les nomme "Pyrenaei montes" [23] .

Illustration 18: Le pic du midi d'Ossau vu depuis le boulevard des Pyrénées à Pau ( 13 novembre 2010) "La plus belle vue de Terre" en disait Lamartine

Une tout autre légende est à l'origine des gaulois, ce peuple vivant au délà des pyrènées[24].

"Hercule après avoir tué le monstre Géryon [25], passa dans les gaules pour combattre
Tauricus
[26] , qui désolait cette contrée et qu'après avoir terassé le monstre il avait
épousé la princesse Galatée
[27], dont le fils Galatés donne son nom aux gaulois ou
Galatès."

Montaigne[28] disait "Quelle vérité que ces montagnes bornent, qui est un mensonge au monde qui se tient au delà" écrit-il dans les Essais [29].

Plus tard, Blaise Pascal [30] reprenant ce propos nous expose dans les Pensées [31] que la "vérité est en deça des Pyrénées et l'erreur au delà" et son roi, Louis XIV, dira "il n'y a plus de Pyrénées"[32].

Le traité des Pyrénées fut signé par Louis XIV et Philippe IV dans l'île des Faisans, non loin d'Hendaye, sur cette île située au milieu du fleuve Bidassoa qui sépare l'Espagne du Royaume de France et qui n'appartenait pleinement ni à un royaume ni à l'autre puisque, au statut de codominum, cette île était gérée, comme elle l'est encore, par les deux souverains.

Enfin, notons que, pour Cornelius Nepos [33] et pour le "Dictionnaire pour l'intelligence de auteurs classiques Grecs et Latins" [34] les Pyrénées seraient, telles que, dans ce mot attribué au Roi Soleil :

"C'est une chaine de montagnes qui séparent la France de l'Espagne,
de manière qu'il semble que la nature ne consentira jamais que ces
deux royaumes ne reconnoissent qu'un maître".

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(21 août 2010 ; 09 sept, 09 déc , 11 Janvier 2011, 15 juillet 2012, 5 janvier 2013 ; 1er mai 2021 ; 15 sept. 2022)

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Notes et références :

[1] Dictionnaire Anatole Bailly page 1703 colonne II "πυρ"("pyr") : Feu, feu d'un bucher, feu de la passion

[2] Strabon, Diodore et Aristote. Cité dans le dictionnaire de géographie grecque et romaine, page 687
Publié par publié par Sir William Smith Boston 1857.

[3] Plutarque , La vie des hommes illustres. Traduites par le Chanoine Dominique Ricard. Tome 2.
Paris Chez Lefevre 1838. Page 446, Sertorius.

[4] Auguste Jardé, "La grèce antique et la vie Grecque", page 8. Paris Librairie Delagrave 1963.

[5] Origines Gauloise, celles des plus anciens peuples de l'Europe, puisées dans leur vraie source.
Par La Tour d'Auvergne-Corret. Hambourg P.F. Fauche, 1801. Page 257

[6] Origines Gauloise, celles des plus anciens peuples de l'Europe, puisées dans leur vraie source.
ibid page 259

[7] Dictionnaire etymologique de la langue Françoise. Paris 1750 Chez Briasson rue Saint Jacques.
Tome II, Page 363 colonne II

[8] Anatole Bailly page 1706 colonne I "πυρινος" (Pyrinos) Le feu, enflammé, ardent (Pour Aristote), et de blé,
de froment, embrasé

[9] Hippocrate traite de l'ancienne médecine. M Le chevalier de Mercy. Paris imprimerie J.M Eberhart. 1823.
Hippocate y décrit la façon de faire du pain avec du froment (pyron : πυρων) page 117 chapitre 6

[10] Héraclès (de "erax" la terre et "Kléos" la gloire), nom donné à Hercule qui auparavant se nommait Alcée,
comme son grand père.

[11] Libre parcours dans la mythologie Basque. Claude Labat. Edition Elkar Argitaletxea, Bayonne. 2eme
édition Août 2012

[12] La grotte de Lombrives en Ariège abrita les Bédrykes des ibères pyrénéens et est réputée avoir
abrité Amiel Aicard l'évèque Cathare, ainsi que le "trésor sacré des Cathares" à la suite de la reddition du
château de Montségur le 16 mars 1244

[13] Libre parcours dans la mythologie Basque. Claude Labat. Edition Elkar Argitaletxea, Bayonne.
2eme edition Août 2012. Page 114 colonne 1. La légende de Pyrène.

[14] Dictionnaire de la géographie et mythologie ancienne. Par William Smith,traduit par Napoléon Theil.
Paris Firmin Didot 1865. Page 305

[15] Ibid. Libre parcours dans la mythologie Basque. Claude Labat. Edition Elkar Argitaletxea, Bayonne.
2eme edition Août 2012. Page 114 colonne II

[16] Les Hespérides sont les "nymphes du couchant" et apparaissent comme les filles d'Atlas et d'Hespéris, mais
aussi de Zeus et de Thémis. Elles habitent près de l'océan, peut être au pied de l'Atlas, ce qui induirait
qu'Hercule se soit notablement égaré en traversant les montagnes Pyrénées pour d'atteindre les iles
Cassiterides décrites plus tard par Hérédote (Ce sont les îles de l'Etain, qui seraient peut être les îles scilly)
à moins qu'il ne soit allé au delà de l'Atlas vers les îles Fortunées ou îles Canaries (Au large du Cap Vert, les
îles dites "Hespersium", sont situées bien au nord des îles du cap Vert situées en face du
"Catharum Promontorium")

[17] "Brevísima relación de la destrucción de África: Preludio de la destrucción". 1989 Salamanque.
Par Bartolomé de las Casas, Isacio Pérez Fernánde. Page 94

[18] Source "Dans le ciel de Pau" Editions Cairn - Tome I de Jacques de Lautrec, Jean-Louis Maffre, Alain
Vaussard, et Jean Watrin

[19] "Cité et territoire". Par Monique Clavel-Lévêque, Rosa Plana Mallar Presses Univ. Franche-Comté 1995.
Page 74 Jean Claude Carrière Heraclès de la mediterranées à l'Océan. Mythe conquète et acculturation.

[20] Ibid, "Cité et territoire", Monique Clavel-Lévêque et Rosa Plana Mallart. Page 74 colonne I.

[21] Documentation "Alliance Française" Ariège Mystérieuse

[22] Pyrénées romaines: essai sur un pays de frontière (IIIe siècle av. J.-C.-IV Après JC) Par Christian Rico
(Thèse de doctotat 1993) Casa de Velázquez, 1997, page 107

[23] Dictionnaire topographique des Basses Pyrénées. Paul Raymond Numero 6 volume 19 page 140 Paris 1863
Imprimerie Impériale

[24] Dictionnaire classique de l'antiquité sacrée et profane. Par Marie-Nicolas Bouillet. Tome I, Page 499,
colonne I.

[25] Île proche du détroit de Gibrlatar, proche de la ville de Cadix

[26] ou "Tauriscus" ("Cité et territoire", Monique Clavel-Lévêque et Rosa Plana Mallart. Presses Univ.
Franche-Comt 1995. Page 73)

[27] Ou Galathée, qui autait été la fille du roi Celte Lucus, faisant par là de Hercule roi de la Gaule.
(Galathée est différente de la nymphe Galatée fille du dieu marin Nérée, qui fut amoureuse du berger
Acis et dont le cyclope Polyphème, jaloux, tua l'amant). Source Les inspirations et les sources de
l'œuvre d'Honoré d'Urfé. Par Maxime Gaume. Université de Saint Etienne 1977, page 112.

[28] Michel de Montaigne (1533-1592) Les "essais sont d'abord édité en 1580 puis en 1582, et une première
édition à Paris en 1587.

[29] Les Essais de Michel de Montaigne Chapitre XII livre II.

[30] Blaise Pascal (1623 1662), philosophe, auteur des "provinciales (publiée sous le pseudonyme de
Louis de Montalte en 1656-57), et des "pensées" (publication posthume de 1670), il construira une des
premières machines à additionner, la "pascaline" dont il enverra un exemplaire (en 1652) à la reine
Christine de Suède.

[31] Blaise Pascal Les Pensées, Première partie Article VI paragraphe VIII.

[32] Ce mot "il n'y a plus de Pyrénées aurait été prononcé par le duc de Rivas, ambassadeur d'Espagne.
L'ambassadeur se jeta aux pieds du roi et lui baisa la main les yeux remplis de larmes, et s'étant
relevé /…/ s'écria alors "Quelle joie ! Il n'y a plus de Pyrénées. Elles sont abaissées et nous ne sommes
plus qu'un". Mais ce mot ayant eu du succès, il fut plus tard généralement attribué à Louis XIV.
( Source "Histoire de la réunion de la Lorraine à la France".Par Joseph Othenin Bernard de Cléron,
comte Haussonville. Paris 1859. Michel Levy Frères. Page 165).

[33] Vie de Cornelieus Nepos, latin et François. Traduction attribuée à l'abbé Joseph Valart et M. le chanoine
De Préfontaine. Paris 1771. Hannibal XII, Page 474

[34] Dictionnaire pour l'intelligence des auteurs classiques, grecs et latins. Par François Sabbathier.
Paris Delalain 1790 ; tome 36 page 78 colonne II.