Droit

Droit : « Ensemble et étude des règles fondées sur la nature de l’homme ou établies par le législateur : les premières constituent le droit naturel ; les secondes, le droit positif ».[1]

Étymologie de droit,

L'adjectif "droit, droite" nous vient du latin directus, "direct", en "ligne droite", "sans détour", "juste". "Directus" comme dérivé du verbe latin "dirigere", qui signifie "redresser, régler, tracer en ligne droite, aligner", est lui-même dérivé du verbe latin "regere", "régir, guider, conduire" (voir la source latine de "agere", signifiant conduire, au sens de acte) En français, on a retenu surtout le sens de "juste, honnête, loyal" et "qui suit un raisonnement juste, sensé", "la droiture".

Pour le dictionnaire des sciences philosophiques [2] ,"droit" est littéralement la traduction du latin "rectum" et du sens du mot grec "orthon" ("ορθον") signifiant ce qui est "en ligne droite", qui "doit servir de règle" et de "mesure".

En latin, dexter veut dire "à droite" ou "favorable", tandis que "sinister"est "à gauche" ou de "mauvais augure". Le latin "dexter" a aussi le sens de "adroit ou habile". L'adjectif "droit, droite" dans le sens strictement spatial (du côté droit par opposition au coté gauche) a supplanté l'ancien français "dextre" et "destrier" de même que gauche a supplanté le vieux Français "sénestre" qui donnera la mot "sinistre", de mauvais augure.

Depuis le VIe siècle, puis à partir du VIIIe siècle "droit" a signification de "règles, ensemble de lois".

Dès l’an 1080, le terme "droit" est couramment employé pour désigner au singulier comme au pluriel "ce qui est permis ou exigible selon les principes d'une morale ou d'une législation".

Le latin "rectus" et le latin "dexter".

Le mot latin "rectus" est issu du sanskrit "rju", signifiant honnète, qui donnera l'anglais "right" et l'allemand "recht".

Par ailleurs le sanskrit "daksina" désignant ce qui est "à main droite", "le sud" lorsque l'on regarde le coté du soleil levant (en hémisphère Nord), "droit", "sincère", donnera le mot latin "dexter" via le grec "dexios" ("δεξιος" [3]).

La déesse Gauloise de l'opulence, de la prospérité, est "Dexsiva [4]", ou "Dexia" [5] dans le Sud-Est de la gaule chez les "dexiviates" ou "desuviates" cités par Pline [6].

Le droit et la justice.

Pour distinguer ce qui est juste de ce qui ne l'est pas, la langue romane emprunta à la latine "Directus"[7], qui au propre, signifie en ligne, en ligne droite, puis, de ce mot tira "Dret", droit, employé au sens moral.[8]

Dans "Les serments de strasbourg" [9]le mot « Dreit » prend le sens de justice :

Cum om per dreit son frada salvar dist. Comme un homme par justice doit
sauver son frère.

Pour Pierre Rogiers (1160 - 1180) qui fut Chanoine de Clermont, ce même mot "dreit" prend là le sens de prétendre, de jouir :

E non a dreit al fieu qu'ieu ai. Et je n'ai pas droit au fief que j'ai [10].

Et "dreit" prend, ci-dessous, le sens de "raison"

"E puois vuelh que sia trames Et puis je veux qu'il soit transmis
Mon
dreit n'avetz lai in Saves A mon "vous en avez raison" là-bas en Saves
Que Dieus sal e gart lo cors de liey" Que Dieu sauve et garde son corps à elle
[11].

Et pour le troubadour Faidit de Belestat :

"Qui dreit camin seg, de re non desvia" Celui qui sait le droit chemin ne s'égare
en rien
[12]

"Dieu et mon droit"

La devise de la maison Royale d'Angleterre, est "Dieu & mon droit", exprimant par là qu'elle n'est pas vassale, et celui de la maison Royale de France s'il est "espérance" est aussi dans quelques écussons "Lilia non laborant neque nent [13]" par allusion à la loi Salique qui exclut par là, la femme de la couronne [14].

Cette devise anglaise est la traduction latine de "deus meumque jus" [15].

Selon la tradition Richard Cœur de Lion, au cours du siège de la ville de Gisors en 1198, donna comme mot de passe "dieu et mon droit", parce que Philippe Auguste, roi de France s'était emparé, sans droit, de la ville qui dépendait de l'Angleterre. Richard, victorieux, adopta alors cette devise.

Droite, Gauche

Dans la science des augures et des auspices, la droite et la gauche avaient le sens de favorable et de défavorable, en effet le "dexios",("δεξιος") des Grecs interprétait comme un signe défavorable le fait que le vol d'un oiseau vienne de la droite; dans le cas où le vol venait de la gauche, c'était un bon présage.

[Nota : La fonction de l'augure n'était pas de révéler l'avenir, mais de dire si le cours d'une action proposée avait ou non l'approbation des dieux. Pour prononcer un augure, on s'appuyait sur des signes comme le vol des oiseaux et notamment la direction d'où il venait.]

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(29 janvier 2010, 29 octobre, 27 avril 2013, 05 août 2013, 01 février 2015, 09 avril 2019 ; 24 avril 2021 ; 19 sept. 2022)
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[1] Dictionnaire universel des sciences, des lettres et des arts. Par Monsieur N Bouillet. Paris 1874,
librairie Hachette Page 545, colonne I.

[2] Dictionnaire des sciences philosophiques, tome II,sous la direction de M Ad Frank,membre de l'Institut.
Paris Librairie Hachette. 1845.

[3] Dictionnaire Anatole Bailly, page 446, colonneI : δεξιος "dexios" : qui est placé à droite, de bon augure,
adroit, habile.

[4] La formation des noms en grec ancien. Pierre Chantraine. Librairie C. Klincksieck Socite linguistique de
Paris 1933, Retirage 1979. Page 123.

[5] Aquae Sextiae, Histoire d'Aix en Provence dans l'antiquité. Michel Clerc. Dragon A, 1916. Page 276

[6] Pline, Histoire Naturelle. Livre II.. Paris, Vve Desaint 1771. Page 69

[7] Dictionnaire Felix Gaffiot. Page, 533, colonne I. Directus : Qui est en ligne droite, à angle droit,
droit, direct, sans détour.

[8] Lexique Roman. ou dictionnaire de la langue des troubadours. Paris Chez Sylvestre, 1838.
Recherche philologiques sur la langue Romane. Page "xxxj". Tome I .

[9] Serments de Strasbourg. Traduits en François par M De Mourcin. Paris 1815, Imprimerie Didot.
(Serments prêtés le 14 février de l'an 842, entre Charles le Chauve et Louis le Germanique).

[10] Lexique Roman ibid

[11] Les troubadours cantaliens Traduits par René Lavaud. Imprimerie moderne Aurillac 1910.
Pierre de de Rogiers (Peire Rogier) Les troubadours cantaliens. Page 456, Vers 59 à 61

[12] Les troubadours cantaliens.Ibid. Faydit du Bellestat, page 544

[13] « Les lys ne travaillent pas ni ne filent »

[14] Le grand vocabulaire François. Par une société de gens de lettres. Tome dix huitième.Paris 1771,
Hotel de Thou, Quartier Saint André des Arts. Page 409, colonne II.

[15] The General Armory, England, Scotland, Ireland and Wales. Volume I. Sir Bernard Burke.
Reprint 1878 HeritageBooks.Page lvi