Banque

Etymologie de banque.                                                                                                           

Banque vient du mot "banc", "table" qui signifie initialement un "comptoir de vente" issu de l'Italien "banca [1]" qui était la table de change, un comptoir.

Ce "comptoir" est le terme dont le sens nous vient des "trapezai" grecs qui changeaient et prêtaient de l'argent. Ce terme deviendra "mens" (table) en latin puis "banca" en italien

En Grèce on nommait "trapeza" la table sur laquelle on exposait les esclaves afin de les vendre, et désignait également le comptoir d'un marchand et, en particulier les comptoirs [2] d'un banquier.

Les Banquiers Grecs se nommaient ainsi des "trapezai", du Grec "τράπεζα " (trapeza [3]): Ce mot signifie table à "quatre pieds" qui servait alors de comptoir.

Ce même mot, sera transposé en "mesa" (la table) en latin et "banca" plus tard en Italien pour ensuite devenir notre "banque" puis "bench" et enfin "bank" en Anglais via le saxon.

Le "mesos" Grec, donnera "mesa" latin (au sens de "la table") , puis "mensa" signifiant "ce qui est au milieu".

Le "saltimbanque" et le "banquier"

Banque désigne au XVIIe siècle, le tréteau des bateleurs [4], où le "banc" est une estrade sur laquelle se produisent les amuseurs, d'où le nom de "saltimbanque" (celui qui saute, qui se produit sur scène; qui monte sur les planches.).

      « Banque : Théâtre. C'est la signification de ce mot dans cette expression :

        Monter en banque, qui signifie faire le baladin ; de là le mot saltimbanque » [5].

Socrate était-il banquier, préteur à gage ou philosophe ?

Aristote nous apprend qu'il y avait à Athènes une espèce d'usuriers qui prêtait un drachme au pauvre à raison d'un sixième ou ce qui est la même chose, à raison d'une obole par jour [6].

L'usure la plus modérée à Athènes était, sur gages, de 12 pour cent.

A Athènes au Ve siècle avant Jésus Christ, (au temps de Périclès et de Socrate) la banque, et le maniement de l'argent sont considérés comme une charge indigne d'un homme libre. Pour cette raison les banquiers sont souvent d'anciens esclaves affranchis ou des étrangers résidants, des métèques employant des esclaves: les "trapézistes".

A Athènes les banquiers usuriers possédaient beaucoup de biens et Diogène rapporte que le philosophe Socrate aurait été banquier usurier, et fut arraché à ce commerce par Criton.[7].

En les faits ces propos sont rapporté par Aristoxène [8], mais Platon fait dire à Socrate lui-même qu'il a vécu dans la pauvreté.

Il est question de la somme importante de 80 mines [9] dont Socrate aurait hérité de son père. La fortune de Socrate était plus probablement proche des cinq mines [10] qu'aurait pu lui léguer son père, le sculpteur Sophronisque et sa mère, sage-femme, Phénarète.

Ces banques privées grecques subsisteront jusqu'à l’interdiction du prêt à intérêt par le Concile de Nicée en 325.

On institua à Rome en 352 avant Jésus Christ les "mensarii" (du latin "mensae", les tables) ou officiers publics chargés de prêter, pour le compte du trésor public et sur garantie, aux plébéiens poursuivis par les patriciens.

Celui, en Grèce qui prête sans intérêts est le "Krestès" ("χρηστης"[11]) ou le "chresas" et celui qui prête avec intérêt ou à usure est le "danéiotès" ("δανειστης"[12])

Les banquiers dans la littérature grecque et latine sont désignés sous différents termes : On les nomme "Trapezita" en Grèce et, à Rome "argentatrius", "mensarius" et "nummularius", et pour l'usurier, "danista", "obolostates", "otoglyhos" "fenerator" [13].

La banqueroute

Au moyen âge, dans les villes Italiennes chaque négociant ou changeur attitré avait sur le marché un banc ou son comptoir (banco). Quand il faisait de mauvaises affaires, son banc était rompu en signe de dégradation (banco rotto [14]), de là les mots de "Banque" et "Banqueroute" [15].

La mort : l'usure et le don

A Rome le "danista" (Equivalent Grec du "Daneïstès", " δανειστής [16] ") est le prêteur d'argent, l'usurier [17].

En Grèce, l'usure est le "daneistikos" ("δανειστικός" [18]) correspondant au commerce de placement d'argent à usure. Le radical grec "danos" ("δανος" [19]) signifie désséché. Le suffixe Sanskrit "dana" est le présent [20]  et "Dana" est le fait de donner, d'offrir,  de rendre [21], voire la renonciation à la vie, le don de la vie.

Le verbe "Daneïsomai" ("δανεισομαι") signifiant lui, à la fois prêter, faire des dettes et emprunter.

Le "danaké" est l'obole, cette pièce de monnaie que l'on place dans la bouche des morts pour payer Charon afin que le corps de défunts puissent passer l'Achéron.

En latin "dare" est le don,  le fait de donner, et "dato" (le verbe "datare") est le fait de donner souvent,  le prêt à usure [22].

L'argent, la monnaie.

L'argent vient du Grec" argos"[23] ("αργος") signifiant "blanc" [24], luisant.

Le grec "argos"[25], luisant vient lui-même du sanskrit "rjrah [26]" et "arjuna [27]", brillant, immaculé.

En les faits le mot grec "argos"[28] signifie blanc, et brillant, mais son deuxième sens désigne celui qui ne travaille pas la terre et, pour Hérodote, désigne un paresseux,  un oisif ! [29]

La première monnaie de paiement, à Sumer, à été la mesure d'orge, le grain [30].
«  Cest de la vie agricole, donc, que surgit la monnaie, non de l'élevage
(comme à Rome), "pecunia"[31] ; en Grèce , boüs[32] ; dans l'Inde "rupia » [33]

Théâtre de Plaute : Les banquiers rendent-ils l'argent ?

L'argent, du grec "Argos" signifie ce qui est de couleur blanc, luisant.

Pour le dramaturge latin Plaute [34], l'argent placé en banque donne satisfaction aux banquiers mais peut être aux dépens des préteurs !

Plaute :

      Propos de Cappadox, dans la pièce de théâtre de Plaute "Charançon" [35]
      où l'on voit que Lycos le banquier peut être confondu.

      "Argentariiis male credi qui aiunt, nugas praedicant; [36]
      Nec bene, nec male credi dico : id adeo hodie ego expertus sum.
      Non male creditur, qui nunquam reddunt, sed prorsum perit."

      ("Ceux qui prétendent qu’on a tort de confier ses fonds aux
      banquiers ne savent ce qu’ils disent.
      On n'a ni tort ni raison ; j’en ai fait précisément aujourd’hui l’expérience.
      L’argent n’est pas mal placé chez eux, car ils ne le rendent jamais")

Propos d'un banquier : "pecunia nervus belli", L'argent est le nerf de la guerre :

Sous Charles Quint [37] : Il est alloué au banquier Jacob Fugger, le banquier d'Augsburg, le « motto » suivant :

       "pecunia nervus belli" ou "l'argent est le nerf de la guerre" [38].

Cette citation, qui aurait été la devise de ce banquier, serait tirée de Tacite [39] :

(Propos de Mucien) :

        « Sed nihil Aeque fatigabat, quam pecuniarum             Mais rien ne les fatiguait autant que
    conquisitio :                                                                   les demandes d’argent
    Eos esse belli civilis nervos, dictitans Mucianus         Mucien disait sans cesse que c'était là le nerf de
                                                                                              la guerre civile,
    non just aut verum in cognitionibus,                             et dans ses exigences, il (ne) considérait [ni l'équité
                                                                                              ni le droit]
    sed solam magnitudinem opum spectabat »                 mais seulement l'étendue des fortunes…

La banque d'outre manche

Le "bank" des anglais vient du mot nordique "banke" qui serait lui même issu de la langue germanique "bench", et de l’Italien Banca, table de prêteur.

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(12 août ; 29 août, 30 sept, 03 déc.  2011,  29 déc 2012, 27 avril 2013 , 17 Mai , 11 fév. 2019, 09 sept. 2020 ; 21 avr. 2021,
04 sept 2022 ; 15 oct., 29 nov.)

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Notes et remarques : 

[1]      Dictionnaire Etymologique & Historique du français.  Edition Larousse. 2001 (Edition 2005) Directeur
          d'édition  Chantal Lambrechts. Page 86, colonne II.

[2]      Dictionnaire Planche page 219, colonne II

[3]      Dictionnaire Grec Français Anatole Bailly. Hachette édition 1963. Page 1952 colonne I

[4]      Dictionnaire de l"académie (1762) Bateleur (ou basteleur):  Faiseur de tours de passe-passe.
          Issu du grec "battologos" "βαττολογος" (Ibid. Dictionnaire Bailly page 353 colonne III) :
          qui bredouille. Confère le verbe "battarizô" ("βατταριζω") : celui qui bredouille.

[5]      Dictionnaire historique de l’ancien langage François depuis son origine jusqu'à Louis XIV. Jean Baptiste
          de La  Curne de Sainte Palaye . Publié par Louis Favre et Léon Pajot. Imprimé à Niort chez Léopold Favre,
          1876. Tome 2, page 392 colonne II.

[6]      Dictionnaire universel de commerce, banque, manufactures, douanes, volume 1 page 870 colonne II,
          interêt.  A Paris, 1805, Imprimerie de Jeunehomme rue Sorbonne.

[7]      La vie de Socrate par Anthelme-Edouard Chaignet, page 19. Paris Librairie Académique Diodier et Cie , 1868.

[8]      Aristoxène, (né vers -356), élève d’Aristote, participant au Lycée.

[9]      Dictionnaire Grec Français Anatole Bailly. Hachette édition 1963. Page 1289 colonne III : Mna ("μνα") : Mine.
          Une "mine", en Grèce, est un poids d'environ un demi kilog et une monnaie de 100 Drachmes. 10 Mines
          d'argent font un mine d'or, et 60 mines d'argent font un Talent.

[10]     Socrate par Clodius Piat, page 56. Bibliobazaar 2008. À  Athènes 5 Mines valent 500 Drachmes.
          À Athènes il y a six  oboles dans une drachme.

[11]     Dictionnaire Planche page 754, colonne II.

[12]     Ibid, Dictionnaire Anatole Bailly page 430, colonne II

[13]     L'argent et les affaires à Rome des origines au IIe siècle avant J.-C. Par Léon Nadjo, Section 1, banque et
          Banquiers,  usure et usuriers page 209.

[14]     Lexis. Dictionnaire Erudit de la langue Française. Jean Dubois.
          Larousse (1979) édition 2009.  Page 161 colonne I

[15]     Traité d'économie politique. Par Joseph Garnier. Paris 1863,
          chez Garnier Frères. page 375.

[16]     Ibidem Dictionnaire Grec Français Anatole Bailly.  Page 430 colonne III δανειστής : celui qui prête de
            l’argent  à intérêt, usurier

[17]     Dictionnaire Félix Gaffiot

[18]     Dictionnaire Grec Français, Joseph Planche.

            Paris Le Normant Père, Page 233 colonne III

[19]     Dictionnaire Grec Français,  ibid,  page 233 colonne II

[20]     Dictionnaire Sanskrit Français Nadine Stchoupak,  page 80 colonne II.

[21]     Ibid. Dictionnaire Sanskrit Français page 303, colonne II.

[22]     Dictionnaire Latin Français Felix Gaffiot page 467 colonne III.

[23]     Différent de "argos", la ville d'Argos dans le Péloponèse, en Grèce,
          est la capitale de l'Argolide. Le terme désignera le Péloponèse dans son ensemble.

[24]     Dictionnaire etymologique Gilles Ménage. Paris Briasson 1750.
            Page 82 colonne II. Tome I

[25]     Argos ou arguros du sanskrit "arjunah, l'argent monnayé.

[26]     Dictionnaire etymologique Douglas Harper. Argo.

[27]     Dictionnaire Sanskrit Français Gérard Huet. 2010, page 51 colonne I.

[28]     Dictionnaire étymologique des mots François dérivés du grec. J.B. Morin Tome Premier. Paris Imprimerie
            Impériale, 1809. Page 93.

[29]     Dictionnaire Grec Français Anatole Bailly. Hachette édition 1963.
          Page 261, colonne I.

[30]     Les mémoires de la méditerranée. Fernand Braudel. Editions de Fallois 1998. Les mers du Levant de
            2500 à 1200. Page 181.

[31]     Dictionnaire Latin Français, Félix Gaffiot. Page 1130, colonne III. Pécunia : avoir du bétail, fortune
            qui résulte du bétail. Argent comptant.

[32]     Ibid, Dictionnaire Anatole Bailly, page 374 colonne I : βους "bous" :signifie le bœuf mâle. Le "bous"
            est une  ancienne pièce de monnaie d'Athènes avec un bœuf pour empreinte.

[33]     Le Sanskrit "rupya" : monnaie qui porte une effigie. Page 404 Dictionnaire Sanskrit Français Gérard Huet 2010.
[34]       Plaute ou Titus Maccius Plautus, auteur comique latin né aux alentours de -254;. mort en -184 .

[35]     Curculio, pièce écrite par Plaute en -193  : Charençon rdt lr nom d'un parasite qui subtilise de l'argent afin
          de racheter une jeune esclave. En confondant, entre autre, Lycos le banquier.

[36]     Théâtre de Plaute. De Joseph Naudet. Paris Panckroucke 1835. Tome IV, Page 122

[37]     Charles V (1500 1558), Habsbourg Aragonais et Castillan, roi des Espagnes, souverain des Pays-Bas
            et empereur du Saint-Empire romain germanique

[38]     Capital and finance in the age of the Renaissance (traduction  Anglaise en 1928) . Etude sur la banque Fugger
            par Richard  Ehrenberg depuis "Zeitalter der Fugger (De 1896). Traduit de l'allemand par H.M. Lucas.
            New York Harcourt, Brace & Company. Traduit H.M. Lucas. Page 22 "pecunia nervus belli": Money is the
            sinews of war

[39]     Œuvres de Caius Cornelius Tacitus. Traduction de Charles Louis Fleury Panckroucke. Paris Panckoucke 1830.
            Tome Premier, pages 284 - 285 paragraphe LXXXIV