Cheval

Étymologie de cheval

Cheval nous vient du latin "caballus", mot qui deviendra un "caval" au moyen âge.

Le latin "caballus [1]" désigne un bidet, un cheval hongre, animal châtré destiné à tirer des charges et utilisé pour les travaux agricoles, par opposition au latin "equus" qui désignait un cheval de parade ou un cheval de combat.

Le "caballus" latin signifiait ainsi autrefois "cheval de bagage", ou petit cheval qui servait au moulin et aux voitures.

Au Ve siècle pour Hésychius [2] le cheval est "ergatès ippos" ("εργάτης ίππος [3]") : la bête de somme.

Les sources du "caballus" latin

La source Gauloise du latin "caballus" n'est pas clairement attestée :

En latin les synonymes du cheval sont : "equus", "caballus", "mannus" et "canterius" [4].

"kaballès" : Mot populaire et emprunté , mais à qui ?

Pour Pierre Chantraine l'étymologie du grec "kaballès" est énigmatique [5]:

« καβαλλης" ("kaballès") : Mot populaire et emprunté , mais à qui ?

La date et l'emplacement géographique des premières attestations excluent

l'hypothèse d'un emprunt latin ou celtique malgré le latin caballus et le

gaulois anthroponyme caballos.

L'hypothèse d'un emprunt balkanique n'est pas vraisemblable malgré

le slave "kobyla", "jument… »

L'étymologie d'Isidore de Seville : 'Equus", "caballus" et… le frelon [6]:

L'étymologie du cheval au sens "equus" latin :

Equi dicti, eo quod quando quadrigis iungebantur aequabantur

(Le cheval tient son nom de ce que, attaché à un chariot, ils vont en paire et ceux qui

sont égaux en forme et en course sont mis ensembles).

Et l'étymologie du cheval, "caballus" est issu du latin "cabo" [7]

« Caballus antea "cabo" dictus, propter quod gradiens ungula impressa

erram concavet. Quod reliquia animalia non habent. »

(Caballus se disait autrefois cabo, parce qu'en marchant son sabot
s'imprime en creux ce que ne font pas les autres animaux)

[Pour Isidore de Séville: Les "frelons" sont nommés "cabrones" depuis le mot "Cabus" [8] c'est à dire "Caballus" [9] parce qu'ils en naissent !]

Buffon, dans son Histoire Naturelle, nous indique que "Kobyly" est, en Illyrien [10], un cheval.

Cette souche Illyrienne pourrait être rattachée au latin "cabo" (un hongre) et "caballus" (un cheval de trait) mais n'est pas formellement attestée.

Pour les civilisations Trypiliennes "gaba" et "gabal" signifie "grand corps" et désigne par là l'animal que l'on peut chevaucher. [11] (Source non confirmée)

En langue Romane : Un "caval", des "cavals"

En langue romane "cavalh", ou encore "caval" du latin "caballus" [12]:donne "cavals" au pluriel:

"Manz cavals mortz, manz cavaliers nafratz" [13],

(Maints chevaux morts, maints cavaliers blessés).

Mas anc sempre cavals de gran valor,
Qui beorda trop soven, cuelh feunia.
[14]

(Mais parfois tout à coup cheval de grand prix
qui behourbe trop souvent, receuille honte.)

Pour le dictionnaire Gilles Ménage:

Cheval : " Ce mot se disoit fort anciennement d'un cheval de bagage.

Il a été pris ensuite par les écrivains modernes pour toutes sortes de chevaux".

En langue d'Oïl : Le cheval est "caval", ou "ceval"

Dans la chanson de Roland [15], Roland interpelle Turpin :

"Sire, a pied estes e jo sui a ceval" Sire, vous êtes à pied et je suis à cheval.

"Cheval", ou "Ceval", (au pluriel "chevaus", "cervaux", "chevax", "cevax") en langue d'oïl "caballus" [16], est issu du grec "kaballès" ("καβαλλης") qui désignait un cheval de travail [17], une rosse.

Le cheval, l'équidé et l'Arabie.

Le cheval, ce solipède, se retrouve en Sanskrit "arvan" ou arvat" et Arbasthan (voir Arabe). Le sanskrit "Arvan" ou "Arvat" ou "arvan", ou "arvati" [18] désigne le cheval, au sens de marcheur, et "açwa", qui donnerait le latin "equus " et le grec "ippos" ("ιππος" [19])

"Notre mot cheval vient de "Caballus", mot latin qui est peut être d'origine gauloise,

qui surgit au IIe siècle avant notre ère et qui serait le cheval pour les travaux

champêtres, à coté de "equus" cheval de course ou de combat" [20]

Il existe quatre autres racines pour désigner, dans les langues indo européennes, le cheval. [21] La racine "marko" est attestée en germanique et celtique ; la racine "kurs" que l'on trouverait dans l'anglais "horse"; une racine "her" présente dans le lituanien "arklys", et le mot "koni" qui désigne le cheval dans la plupart des langues slaves.

Le latin "equus" (cheval) serait lui issu de "ekwo" ou "ekuo", racine reconstituée [22] ou "akvas" qui désigne un cheval non nécessairement de selle [23].

Le grec "ippos" donnera la souche du mot désignant le cheval, comme dans hippique ou hippisme..

Le caballero

La charte de Louis le Débonnaire [24] aux colons de la Marche réserve le droit d’auberge (en Castille nommé le « pausadas ») : Seuls les clercs et les « caballeros » [25] - c’est-à-dire possesseur d’un cheval, avec lance et écu et prompt à défendre leur pair , ainsi que la veuve sans enfant - était exempts de cette redevance.

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(12 août 2012, 10 mai 2014, 06 oct 2016, 23 avr 2017, 23 mars 2019, 24 juillet 2020, 09 septembre ; 22 avril 2021; 05 sept 2022)
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[1] Dictionnaire Félix Gaffiot, page 234, colonne I.

[2] Hesychius d'Alexandrie, grammairien grec, qui cessa son activité aux alentours de l'an 440. (Ve siècle)

[3] Le mot "ippos" ("ιππος ") grec désigne toutes les sortes de chevaux. Le "kabalès", désigne lui,
la bête de somme, le cheval de travail. Le "ergatès ippos" ("εργατης ιππος") désigne
le "cheval de labeur".

[4] Manuel de synonymie Latine de Louis Doederlein. Traduction de Théophile Leclaire.
Librairie Classique Perisse Frères, 1865. Page 86.

[5] Dictionnaire etymologique de la langue Grecque. Histoire des mots. Pierre Chantraine.
Paris Klincksieck, 1974. Page 477, colonne I.

[6] Isidore de Séville Etymologies Livre XII - 42 "de caballo"

[7] Dictionnaire Felix Gaffiot, page 234, colonne II. Cabo, cabonis : Cheval ongre.

[8] Dictionnaire Felix Gaffiot page 234 colonne II : Cabus

[9] Isidore de Séville Etymologies, XII 8 1

[10] Histoire Naturelle par Leclerc de Buffon. Tome XXIIe. A Paris imprimerie de F. Dufart.
An VIII (1799-1800). Page 75 Kobyla, cheval

[11] Hypotheses / Semitic Tribes in Eastern Europe at Prehistoric Time. Note 10.
Paper from Valentyn Stetsyuk

[12] Lexique roman ou Dictionnaire de la langue des troubadours. M Raynouard.
Paris Silvestre 1836. Tome II. Page 366 colonne II

[13] Lexique Roman, ibid. Blacasset "gerra mi play" (rédigé probablement vers 1240)

[14] Lexique Roman, ibid, page 366 et page 212. Foulques de Marseille : sitôt me soi.

[15] Chanson de Roland vers 2138

[16] Grammaire de la langue d'oïl, XII et XIII siècles. Par Georges Frédéric Burguy. Berlin W. Weber. Paris
ch. Reinwald volume III, Page 73 colonne I.

[17] Dictionnaire Provencal Français. Par S J Honorat. Tome I, page 446 colonne II. Ce même mot est
écrit "καβαλης" (kabalès) bête de somme.

[18] Dictionnaire sanskrit Français, Louis Emile Burnouf. Paris Maisonneuve 1876. Page 49, colonneII

[19] Dictionnaire sanskrit Français, ibid, page 60 colonne II.

[20] Le cheval en eurasie. Cahier de la société des études eur-asiatiques. Philippe Seringue, Viviana Paques,
Lucienne Roubin, Paul Verdier. L'Harmattan, 1999. Page 26.

[21] Mais où sont passés les Indo-Européens?. Jean-Paul Demoule. Editions du Seuil, octobre 2014.
Page 409 et note 1 de bas de page

[22] Revue des études Grecques. Société d'Edition des Belles Lettres. Tome 64. Louis Deroy. Page 424.

[23] Mais où sont passés les Indo-Européens ?. Jean-Paul Demoule. Ibid, page 410

[24] Cinquième enfant de Charlemagne et troisième fils de Hildegarde, Louis le Pieux fut
nommé roi d’Aquitaine par son père en 786. Il ne sera qualifié de Débonnaire que plus tard.

[25] Histoire d’Espagne, M Rosseeuw St Hilaire. Paris 1841, Charles Pitois Editeur, Langlois et Leclercq,
Libraires. Tome cinquième. livre X chapitre V, page 514.