Mariage


Le mariage est l'acte juridique reconnaissant une union entre personnes dont le but est de construire un cadre de vie conjugué.

Etymologie de mariage :

Mariage vient des racines "mari" et "agere", de "mas" ou "maris" signifiant mâle" [1] et du latin "agere" signifiant ‘faire’, ‘acte’, ‘agir’ [2].

De l'indo européen "mari" [3] "héros" et du sanskrit "Marya", "qui conquiert", qui donnera le mot Hittite "Maryannu" désignant un être jeune (voir ci-dessous le grec ‘Meirax’, ‘μεῖραξ’). En ce sens la source « mari » désigne en Attique une personne, homme ou femme, jeune. Le sanskrit Maryaka, qui serait indépendant de μεῖραξ, désignant le petit homme.

De « Marya » du sanskrit qui désignera une jeune fille ou un jeune garçon

Ce terme "marya" peut être sémantiquement comparé au sens d'autres mots désignant un être "jeune" dans un contexte militaire, (à l’instar des mots de haut allemand "kneht", ou "knight [4]" anglais) ou lié au grec "meirax" ("μεῖραξ"[5]) mot grec lui-même issu du sanskrit "maryakah" [6] désignant chez les grecs en Attique une jeune fille, et plus tard désigne un "jeune garçon" [7]. Souvent cité, « μειραξ », féminin, est une jeune fille, employé plus tard pour désigner un jeune garçon, cité par Pierre Chantraine [8]. Le sanskrit Maryaka qui serait indépendant de ‘μειραξ’, désignant le petit homme [9].

En latin le "maritus"[10] possède les deux sens :

1- le Mariage, conjugal, nuptial, uni, qui féconde

2-le mari, époux,le fiancé

Le mariage, l'hymen, l'union.

En les faits le "mariage", non du point de vue de son étymologie mais de son sens intrinsèque est décrit par de nombreuses expressions : hymen, hyménée, lit, ménage, noce, union etc...

Selon Emile Benveniste :

"Le "mariage" n'a pas de nom indo-européen. On dit seulement

- et ceci dans des expressions souvent renouvelées dans les langues

particulières - de l'homme, qu'il "conduit" (chez lui) une femme

qu'un autre homme lui "donne"

(lat. uxorem ducere et nuptum dare) [11]"

Le grec "gaméo" ("γαμέω") signifie se marier en parlant de l'homme, et devient empreint d’ironie [12] en parlant de la femme avec le "gaméomai" ("γαμέομαι").

Ou encore "numphé" ("νῠμφη") la fiancée ou jeune mariée, celle qui est recouverte d'un voile (au sens du « nubere » latin).

En latin le "ducere uxorem" signifie se marier au sens de "prendre femme" et "se donner en mariage " se dit en latin "nubere". Le mot "nubere" signifiant voiler, se couvrir.

La "confarréation" est le nom de l'ancienne cérémonie de mariage au cours de laquelle les époux mangeaient un gâteau de farine d'épeautre en présence du Grand Pontife et de dix témoins.

[D'autres grains vêtus sont cultivés et consommés à l'époque médiévale : l'orge, le millet, le « panic » (ou ‘panis’ [13]) . On les appelle parfois "grains froissés" du terme ‘froissement’ qui désigne l'action des divers procédés employés pour séparer le grain de la paille et des glumelles.]

Le "mariage" au moyen âge

Au XIIe siècle le "mariage" est "l'union légale entre un homme et une femme" [14].

Différemment du mot "mariage" en 1155, le mot "marier", issu du latin "maritare", signifie alors "donner en mariage", "accoupler" [15], et vers 1220, "marier", évolue en "l'union d'un homme et d'une femme en célébrant le mariage".

La loi Latine, dont la loi Julia [16], donne un apercu du "matrimonium" dans la mesure où la "dot" était un élément déterminant du mariage par apport du "matrimonium" :

"si adversus ea quae diximus aliqui coierint nec vis, nec uxor, nec nuptiae, nec matrimonium, nec dos intelligitur" [17]

Le "mariage" étymologiquement, vient de "mari" et non de "matrimonium.

Si un facile amalgame, présumé phonétique, attache l'étymologie de "mariage" au latin "mater", il faut noter que les lignages des mots "matrimonium" et "maritus" sont totalement distincts.

L'etymologie du mot "mariage" se refère comme indiqué plus haut, à "mâri" (le conquérant) quand le mot "matrimonial" renvoie, lui, à "mère". Comment le radical "mari" pourrait-il être issu de "matri" ?

En les faits, le latin "maritare" vient de "mas", qui donnera le latin "maritagium", à la différence du latin "matrimonium" issu du latin "mater", de souche totalement différente.

Le "matrimonium" fait, de ce fait, référence à l'apport, voire à la dot apportée à fin de mariage, mais est distincte du "mariage" lui-même.

Attibuer l'étymologie de mariage au latin "matrimonium" serait donner au mariage le sens de "douaire" ou de "dot" apporté par la "mère" (latin mater) ou par la famille de la mère, alors que le sens étymologique de "mari" donne à "mariage" le sens "héros", le jeune homme ou la jeune fille.

Il faut, ainsi, deux mots pour faire du "mariage", au sens social, une contingence de sexes.

Pour Gilles Ménage le mot mariage nous vient de "maritagium" [18] comme indiqué dans le glossaire Du Gange.

On appelle "maritagium liberum", Franc-mariage, le démembrement que le
Propriétaire d'un fief en faisoit pour doter sa fille en la mariant ;
& simplement "Maritagium", le Droit qu'un seigneur levoit fur le fief de
fon Vaffal mineur, lorfqu'il lui permettoit de se marier.
[19]

La source étymologique de mariage est "mari" et non "matri".

La source étymologique bien arrangeante du mot "mariage" depuis le latin "matrimonium", bien que souvent citée est à écarter : "Mariage" vient de la source "mari" (qui conduit) et non de "matri" (la mère).

Aucun source linguistique ne corrobore le passage du radical "mari" en "matri" !

Le mariage dans le monde Saxon

On use dans le monde Anglo Saxon, du terme "mundium" dont l'équivalent français est le "maimbour [20]", qui représente la sujétion d'une femme envers son mari, ou la protection d'un roi ou seigneur envers les veuves.

La donation du "wedd" était le point essentiels du mariage, c'est pourquoi "fiancer" ou "épouser" se dit en anglo saxon "beweddian maeden weddian" ou encore to "wif weddian", et une épouse légitime se nomme non seulement "riht-wif" ou "aew-wif", mais surtout "bewyddode-wif" c'est à dire "femme engagée [21].

"Wif" viendrait du grec "oifô", ("οἴφω [22]" issu du grec "οιφεω" ou "οἰφάω "), avoir un 'commerce intime' (οι φύω ).

En Angleterre

Le "Wedding" Anglais est la "Wedh" indo Européen signifiant conduire la femme à la "maison", qui donnerait son pendant latin "nubere", rite de la cérémonie de noces, et non du mariage lui même [23], du grec "ednon"[24], ou la "dot" qu'est le présent offert aux parents pour obtenir la main de la jeune fille, mot venant du grec "eedna" qui signifie "présent de mariage",[25].

Le lien entre "wifmen", "wifmon" ou "wifman" voire "wimmen" n'est pas pas avéré au sens de celle qui est "couverte de voile", mais attesté comme source de "woman, wemen"[26].

Le "Just Married" et les "Desperates housewifes"

Le "Just married" : signifie "mariés officiellement" ou "mariés suivant la loi" par opposition au "marriage common law"

Le mot "Just" signifiant "par justice" ou "devant la justice" et non pas comme on le lit trop souvent de façon erronée "tout juste mariés [27]"!

Les "desperate Housewifes" : des mariées prêtes à tout

Un Gallicisme non avouable !

Cet abus, bien celte [28], de traduction du mot "desperate [29]" concernant la série Télévisée "Desperates housewifes [30]" parle des "femmes mariées" (par là des "maîtresses de maison") demeurant "Wisteria Lane" et n'est en aucune façon la description de femmes qui seraient "désespérées", mais plutôt des épouses mariées et "prêtes à tout", voire "sans scrupules" comme on peut le vérifier au cours de chaque épisode.

[Nota : Un "desperado" est une personne "prête à tout", un bandit au "cerveau brûlé" [31]et si le mot anglais "desperate" signifie parfois "désespéré", ce sens ne s'applique qu'à "un malade dont le "cas est désespéré", voire désignant celui qui lutte avec l'énergie du désespoir avant la mort.]

Just married ?… Mariés devant la justice, Unis devant la loi.

Un autre erreur courante de traduction concerne le mot Anglais "just" [32] qui signifie là, "devant la loi", "tout juste" ou "récemment": "just married" concerne ainsi ceux qui sont passés devant la justice, par opposition aux "common law".

L'Angleterre ainsi, abolit les mariages clandestins, ou les mariages en "common law" (marié par jurisprudence) en instaurant le Marriage Act de 1753 qui crée ainsi le "just married"( au sens de mariés légalement) l’énonciation devant la Loi impliquant de facto le changement de statut des intéressés (acte performatif). Les mariage clandestin (devenu si peu fréquent), donne maintenant au terme « just married », son sens de « récemment unis ».

Le mariage et l’arrêt Rees

Rees v. UK, 17 October 1986 [33]. Arrêt Rees c/ R.U. du 17 octobre 1986

"In the Court's opinion, the right to " Aux yeux de la Cour, en garantissant le
marry guaranteed by Article 12 droit de se marier, l'article 12
refers to the traditional marriage vise le mariage traditionnel
between persons of entre personnes
opposite biological sex". De sexe biologique différent

Le divorce:

Dans l'Antiquité, le divorce se confond avec la répudiation, d'abord unilatérale et réservée au mari. Puis l'évolution des mœurs fait admettre, chez les Romains notamment, le divorce par consentement mutuel. La religion catholique oppose à cette libéralisation l'indissolubilité du mariage. Elle ne tolère que la séparation de corps. Et si la Révolution française légalise le divorce en 1792; il n'est rétabli qu'en 1884 (loi Naquet) après que la restauration de la monarchie l'eut aboli entre-temps.

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(23 sept. 2010, 20 avril 2011, 14 Mai , 25 mars 2013, 12 avril 2018, 17 août 2020 ; 9 sept. 2020 ; 26 avril 2021 ; 02 sept. 2022)

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Notes et références :

[1] Dictionnaire Latin Français Par Louis Marie Quicherat, Amédée Daveluy, page 694 colonne II Mas maris :

un mâle Dictionnaire Félix Gaffiot page 952, colonne III : mas, le mâle,qui produit, viril.

[2] Voir "acte" "agir", latin agere

[3] Santiago Juan-Galan Terra Barba tome 1, les Indos européens. Page 228. Publibook 2008

[4] Encyclopedia of Indo-European culture. J. P. Mallory,Douglas Q. Adams. Fitzroy. 1997 Dearborn
Publishers. War God page 630.

[5] Lexique Grec Français, contenant tous les mots des divers opuscules grecs. Par J.T. Mourcin.
Paris Imprimerie d’Auguste Delalain, 1836. Page 385 colonne II. Grec « μειραξ » (Meirax) :
adolescent, adolescente ; Jeune homme jeune fille

[6] Anatole Bailly page 1240 colonne III

[7] Lexique Grec-Français, J.T. De Mourcin. Imprimerie d'Auguste Delalais ,
Paris 1836, Imprimerie Auguste Delalais.
Page 385, colonne II. μειραξ ("meirax") : adolescent, adolescente, jeune homme, jeune fille.

[8] Dictionnaire étymologique Pierre Chantraine. Paris Klincksieck, 1974. Page 678 colonne II.

[9] Ibid. Pierre Chantraine.

[10] Félix Gaffiot page 950 colonne II.

[11] Émile Benveniste. Editions de Minuit 1969. Le vocabulaire des institutions indo Européennes, tome I

page 239 sommaire chapitre 4.

[12] Pierre Chantraine ibid. Page 209, colonne I.

[13] Dictionnaire pittoresque d’Histoire naturelle, Paris 1837. Art. ‘Mil’ : Le Panic est le
« nom vulgairement donné au panis,
Panicum et non Panic comme on l’écrit souvent par erreur »

[14] Dictionnaire erudit de la langue Française. Edition Larousse 2009 (édition or 1979) page 1109 colonne II.

[15] Dictionnaire Felix Gaffiot, hachette 1934. Page 950, colonne III : marito, maritare :
donner en mariage, marier. Unir.

[16] Loi Julia : (datant d'environ –18) Lex de maritandis. Page 41 Histoire du droit Romain.
Gustave Hugo et F. Poncelet.
Paris Librairie Antoine Bavoux, 1825.

[17] Traité du mariage et de ses effets. M Allemand. Paris Thorel 1846. Page 182.

[18] Dictionnaire étymologique Gilles Ménage. Tome II page 174 colonne II. Noter que G Ménagge
fait la distinction latine avec le maritagium. Indiquant également que les latins ont dit :
« matrimonium : quod quaelibet uxor mater fiat ».

[19] Traité sur les coutumes Anglo Normandes. Douard, chez Le Boucher le jeune à Paris 1776.
Tome troisième. Page 412. Chapitre XI. De donationibus in Maritagiis.
Remarque (1) Quoddam Maritagium liberum.

[20] Du haut Allemand "mund", versé en haut latin "mundeburdium", titrant le principe de devoir du
faible envers le sujet.

[21] Histoire de la législation des anciens Germains. Par Garabed Artin Davoud-Oghlou.
Page 356. Berlin Reimer 1845.

[22] Dictionnaire Grec Français, Anatole Bailly,
page 1362, colonne III. οιφεω (Athenee de Naucratis 586 e).

[23] Émile Benveniste. Editions de Minuit 1969. Le vocabulaire des institutions indo Européennes,
tome I page 241

[24] Les "ednon" (εδνον) est sont les présent d'un prétendant aux parents d'une jeune fille pour
obtenir sa main (dictionnaire Anatole Bailly page 578, colonne I) mot venant du slave Véno,
"je vends", au sens de la "dot" qui est la régularisation d'un enlèvement en religion préchrétienne.
Du latin "venus" vendre (dictionnaire Felix Gaffiot page 1667, colonne II) du
grec "ônos ", ("ωνοςς") vente"

[25] Anatole Bailly page 579 colonne II. Eedna "(εεδνα")

[26] American English spelling: an informal description. Par Donald Wayne Cummings, page 228.

[27] « newlyweds », tout juste mariés…

[28] En les faits les peuples concernés sont les Celtes, les Belges et les Aquitains.
Les seuls Celtes se nommaient, pour César, Gaulois.

[29] Dictionnaire Merriam Webster New Collegiate 1949, page 225 colonne I : Desperate : (Archaïc)
Without hope [sans espoir]

[30] "Desperate Housewives" série télévisée créée par Marc Cherry, et jouée par Teri Hatcher;
Felicity Huffman ; Marcia Cross ; Eva Longoria ; Brenda Strong ; Vanessa Williams ;
Drea De Matteo ; Nicollette Sheridan … Diffusée aux USA sur la Chaîne de Télévision ABC
d'octobre 2004 pour se terminer au printemps 2012.

[31] Dictionnaire Harraps Shorter, page D:15 colonne II

[32] Dictionnaire Harraps Shorter page J:7 colonne I

[33] "Cour Européenne des droits de l'homme", Strasbourg, référence 2/1985/88/135, et
"judgment of 17 October 1986, in "Rees versus United Kingdom", paragraph 38, Series A, No 106"