La diplomatie culturelle de la France, du choc de la pandémie au défi de la réinvention

Chapitre de Bertrand Badie, Dominique Vidal, La France, une puissance contrariée (2021), l'État du monde 2022, La Découverte (pages 151 à 157)


En ce mois de mars 2020, les annonces de fermeture, un peu partout dans le monde, des instituts français et des alliances françaises tombent en série, jour après jour, et sans préavis. Sur le terrain, il faut passer, lorsque c’est possible et quelquefois en improvisant, aux cours en ligne pour assurer une continuité du service au bénéfice des élèves de français. Et résister à la concurrence des écoles de langues privées, en l’absence du lien social et de la convivialité offerts dans les locaux. À Paris, au ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, à l’Institut français, l’urgence est, dans les conditions du confinement, à la mise en place de mesures d’appui à ce réseau, sous la forme de modules de formation, de ressources culturelles en ligne, de conseils… Certains webinaires atteignent le millier de participants, frisant le maximum permis par le logiciel.

L’état de la diplomatie culturelle de la France s’apprécie à l’aune de cette épreuve. Une première évaluation des conséquences de ce choc sans précédent en dessine en soi un premier tableau d’ensemble. Mais ce tableau ne rend pas justice, parce qu’il les a éclipsées, aux dynamiques de transformation déjà à l’œuvre. Et si la mise à l’épreuve des dispositifs existants en a révélé les fragilités, elle en a également mis au jour des potentiels insoupçonnés, qui esquissent déjà les avenues de l’indispensable réinvention de la diplomatie culturelle.

Avec près d’un millier d’établissements – une centaine d’instituts français et 830 alliances françaises –, la France dispose du premier réseau au monde, fer de lance de sa diplomatie culturelle…

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