Boeing KC-135

Dans l’immédiat après-guerre 1940-45, l’USAF utilisait pour le ravitaillement en vol de ses avions de chasse des Boeing B-29 Superfortress adaptés à cette mission. Cependant, avec le temps, ces quadrimoteurs à hélices s’avérèrent bientôt dépassés (car plus lents que les avions à réaction qu’ils devaient ravitailler) et partant aussi plus vulnérables (puisque incapables de se soustraire rapidement au tir d’un chasseur ennemi).

Boeing KC-135 R de l'USAF (US Air Force) à Beauvechain, ce dimanche 4 juillet 2010

Aussi Boeing se mit à étudier un avion à réaction plus rapide qui puisse prendre le relais. Ce fut le Boeing 367-80 qui effectua son premier vol en 1954 et fut surnommé « Dash 80 » (1) à partir duquel seront développés trois appareils assez différents : le boeing C-135 stratolifter (transport) et le Boeing KC-135 stratotanker (version ravitaillement en vol) conservant l’un et l’autre le fuselage sans hublots du prototype ; le Boeing 707 civil au fuselage (plus large de 10 cm et plus long de 5 m pour offrir un meilleur confort aux passagers ) équipé de hublots sur toute sa longueur.

Entre 1957 et 1965, l’USAF prendra livraison de 732 Boeing KC-135 qui pour la plupart n’ont pas beaucoup servi puisque prévus pour assurer le ravitaillement en vol des bombardiers B-52 devant aller bombarder l’URSS au cas ou un conflit aurait éclaté entre cette dernière et les USA ! Néanmoins, leur achat ne fut pas totalement inutile non plus, puisque certains d’entre eux furent engagés lors de conflits plus régionaux (le Vietnam par exemple) où ils s’acquirent une réputation de très bonne fiabilité.

Au cours des années 80, il apparut que leurs moteurs initiaux, des Pratt & Whitney J57 étaient décidément trop polluants et trop gourmands en kérosène. Aussi, plus de 400 de ces quadriréacteurs furent remotorisés et renommés KC-135 R avec une version adaptée du CFM International CFM 56, réacteur franco-américain, propulsant à l’époque de nombreux avions civils. Cette remotorisation se traduisit, pour le KC 135, par un niveau sonore plus bas de 10 décibels au décollage ; une consommation en vol réduite de 27 % ; 30% de poussée en plus au décollage, gain qui rendait aussi l’avion apte à délivrer davantage de kérosène aux appareils devant être ravitaillés en vol par lui.

Toutefois ces moteurs CFM 56 étant très chers, seuls les appareils en service permanent en furent pourvus. Les 133 appareils de réserve eux reçurent des Pratt & Whitney JT3D rachetés d’occasion auprès de compagnies aériennes civiles et furent redésignés KC-135 E.

Leur remplacement envisagé il y a peu par l’USAF a fait l’objet d’un appel d’offres qui a tourné au pugilat entre Boeing et Airbus, le premier proposant une version tanker du Boeing 767 (déjà en service en Italie et au Japon) l’autre proposant l’Airbus A330 MRTT (déjà en service au sein de la Royal Australian Air Force (RAAF) et commandé par la Royal Air Force.

Il s’en suit que l’US Air Force a relancé récemment son appel d’offre, toute la procédure précédente ayant été annulée pour vice de forme (selon certaines autorités gouvernementales US), et le combat pour emporter ce contrat juteux devrait à nouveau se jouer entre les deux seuls candidats en lice, Airbus et Boeing… que le meilleur gagne !

Comme l'indique l'écusson en haut de la dérive, Mildenhall est une base de la Royal Air Force située à proximité de la ville de Mildenhall dans le Suffolk. Depuis le 11 juillet 1950 cette base est exploitée conjointement par l'USAF et la Royal Air Force. Et plusieurs unités américaines y ont séjourné, la dernière en date étant l'unité 100 ARW (100th Air Refueling Unit) appartenant à l'USAFE (United State Air Force in Europe). Le 100 ARW dépend lui-même du 351 ARS (351 st Air Refueling Squadron) opérant des Boeing KC-135R stratotanker comme celui représenté ici.

L'inauguration de la base de Mildenhall a eu lieu le 16 octobre 1934. Le roi George V la visita l'année suivante pour y voir 350 avions réunis là à l'occasion de ses 25 ans de règne. Au cours de la Deuxième Guerre mondiale, cette base accueillit principalement des bombardiers Vickers Wellington; Short Stirlings et Avro Lancaster. Elle servait aussi de siège au "3 Group Bomber Command". Puis comme expliqué plus haut, elle accueillit à partir de 1950 diverses unités américaines… dont une (celle du du 4e détachement du "9th Strategic Reconnaissance Wing" de l'USAF) opérant le fameux Lockheed SR-71 Blackbird.

C'est à vous ces beaux yeux…

… oui c'est à moi mais ce ne sont pas des yeux !

Ce badge "Square D", toujours en vente aujourd'hui, était déjà celui de la base RAF Midenhall durant la Deuxième Guerre mondiale

La perche de ravitaillement (boom)

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(1) En anglais «dash» signifie « tiret». Aussi en aviation il est d’usage d’accoler ce mot »dash» au type de modèle évoqué : par exemple le Boeing 367-80 pour faire plus court était désigné «dash 80» ; Et cela est encore en usage aujourd’hui chez les spécialistes qui vous diront voyant évoluer dans le ciel un Boeing 737-400 : « Ah que cet oiseau-là serait un «dash 400» que cela ne m’étonnerait pas!