T.A.I - Transports aériens intercontinentaux

A l’origine de la TAI (Transports aériens intercontinentaux) , il y a la Compagnie (ferroviaire) des transports frigorifiques qui veut se doter d’une filiale CTAF « Compagnie de transports aériens frigorifiques ». Pour se faire, en 1943 est créé un bureau d’études dont la direction est confiée à Paul Bernard. Hélas celui-ci sera arrêté, en 1944, par la Gestapo… et le projet est reporté sine die. Libéré en juillet 1945, Paul Bernard retrouve son équipe (Paul Genain ; René Mettey et Robert Lambert) et l’appellation CTAF est abandonnée au profit de TAI qui obtient dès le premier juin 1946 l’autorisation d’effectuer des opérations de transport fret et passagers avec six Junkers JU 52 prêtés par l’Etat.

Et le premier juillet 1946, débute, pour le compte d’Air France, la desserte de Londres à partir de Paris… cependant, à l’usage, le Junkers JU 52 n’est pas assez rentable pour la TAI qui décide alors de se doter de deux Bristol 170 Freighter qui seront mis en ligne, le 19 décembre1946, sur Paris-Marseille-Tunis… mais là encore l’avion s’avère décevant du point de vue de la rentabilité.En conséquence de quoi, TAI décide de recentrer sa flotte sur un seul type d’appareil, et achète — via la filiale marocaine TAI (c’était plus simple que de faire les tractations à partir de la France) qu’elle s’est créée entretemps — quatre Douglas DC-4 (pièces de rechange incluses) à la KLM.

Ces appareils seront mis en service courant 1947 puis mis en ligne sur Dakar ; Johannesbourg ; Tananarive ; Le Caire et Djibouti. Sans oublier les vols à la demande (pélerins vers la Mecque ; déplacements officiels …) Sept Douglas DC-4 viennent renforcer le contingent avion en 1948 et la desserte de certaines lignes telles que Paris Douala Libreville ou Paris Bamako Abidjan a un tel succès… que Air France s’en trouve bien fâchée ! Quoi qu’il en soit, cela n’empêche pas TAI de développer son réseau africain en 1949 en continuant d’acheminer des pélerins d’un peu partout en Afrique vers la Mecque, mais aussi vers Rome ! Et en 1951, TAI obtient pour ses lignes vers Abidjan et Bamako des escales supplémentaires alternativement à Marseille et à Bordeaux et elle obtient aussi la desserte de Kano.

En 1952, TAI cherchant des avions de plus gros tonnage, prend à l’essai un puis plusieurs SE 2010 Armagnac (voir photo) qui seront mis en ligne aussi sur la Mecque… seulement l’expérience sera décevante, car l’appareil bien que robuste, n’était pas assez rentable pour cet usage… ce qui n’empêchera pas qu’ils seront reversés à sa filiale SAGETA pour effectuer des transports militaires). Pour combler ce vide et toujours via sa filiale marocaine et certains capitaux privés français, TAI commande pour un montant de quatre millions de dollars, trois Douglas DC-6B qui seront livrés en avril, mai et juin 1953. Avec ses DC-4 et DC-6, TAI va diversifier son offre au cours des années cinquante avec par exemple des vols touristiques (pour chasseurs et pêcheurs) à destination du Gabon et du Niger. Durant cette période aussi, elle sera partie prenante de la création de la compagnie aérienne Air Ivoire.

A partir de 1957 débute la desserte de l’Océanie (Darwin ; Brisbane ; Noumea et Auckland sans oublier la Polynésie française dont les îles seront desservies entre autres par des hydravions Short Solent. Par la suite, seront acquis également, toujours dans un souci de modernisation, deux Douglas DC-7C et quatre DC-8 (quadriréacteurs)… avant que, le premier mai 1963 la TAI ne fusionne avec UAT pour former UTA, sous le regard bienveillant de l’Etat français qui entendait ainsi limiter la concurrence franco-française avec sa chère compagnie nationale. Quant au « griffon ailé tenant le monde dans ses griffes », il fut probablement inspiré de celui que la Régie Air Afrique avait adopté en 1939.