DELAG

La DELAG (acronyme de Deutsche Luftschiffharts-AG), fut fondée par le comte Zeppelin le 16 novembre 1909 avec des capitaux privés et publics. Basée à Francfort, tous ses appareils furent des dirigeables de la marque… Zeppelin ! 1910 voit la première liaison Francfort / Baden-Baden et Düsseldorf… puis l’expansion continuera au point que trois ans plus tard le réseau s’est étendu à d’autres villes allemandes telles que Baden-Oos ; Berlin Johannisthal ; Gotha, Hambourg ; Dresde et Leipzig. La desserte de capitales européennes est même envisagée, mais le début de la Première Guerre mondiale met un terme à cette expansion et à cette réussite commerciale puisqu’alors depuis sa création la DELAG avait transporté pas moins de 34028 passagers sur 1588 vols commerciaux. La flotte avait parcouru 172.535 km en 3176 heures.

Le LZ-4, que voici vu de derrière, n’a jamais fait partie de cette compagnie aérienne, mais indirectement il a participé à son histoire. En effet, il avait été construit à la demande des militaires qui voulaient le tester. Or, à Echterdingen, en 1908, l’appareil fut perdu (incendie à cause d’un orage et d’un problèmes d’amarres) sans qu’il n’y ait de victimes. Toutefois, cette catastrophe suscita un élan de sympathie au sein de la population( fascinée et fière que l’Allemagne construise de tels vaisseaux ) et entraîna une collecte de fonds privés qui contribuèrent à la création de la DELAG.

Durant le conflit plusieurs dirigeables de la DELAG seront réquisitionnés et engagés dans des opérations militaires. Le comte Zeppelin décède en 1917 et le commandant Eckener lui succède à la tête de son empire économique. Après 1918, du fait de la confiscation par les alliés de Zeppelins civils et militaires (au titre de dédommagement – Traité de Versailles) le groupe Zeppelin va se recentrer sur ses activités de construction (dirigeable ZR-I USS Shenandoah pour les USA ; dirigeable ZR II / R-38 pour la Grande-Bretagne) plutôt que de l'exploitation commerciale… qui toutefois recommencera en 1928.

LZ-127 Graf Zeppelin

En effet deux ans auparavant, Eckener a pu convaincre l’Etat allemand d’investir dans la construction d’un nouveau dirigeable de 236,6 m de long et d’un volume de 105 000 m3, dimensions qui en font le plus grand d’alors et il sera baptisé Graf Zeppelin en l’honneur de Zeppelin qui avait été anobli (graf = comte en Allemand) de son vivant. Le but du commandant Eckener est d’organiser des vols d’essai et de démonstration tendant à prouver que les dirigeables sont à même d’être exploités sur des lignes long-courrier pour acheminer passagers et fret postal. Ainsi entre 1928 et 1929, partant d’Allemagne, le D-LZ127 Graf Zeppelin effectue des vols vers les Etats-Unis (Lakehurst) tout d’abord ; puis l’Italie ; la Palestine et l’Espagne. En août 1929, le Graf Zeppelin, dans le cadre d’un vol parrainné par le magnat américain de la presse Willliam Randolph Hearst, effectue un tour du monde d’Est en Ouest : Départ de Friedrichshafen (Allemagne) , escale à Tokyo ; Los Angeles ; Lakehurst (USA) et retour à Friedrichshafen… et tout ce trajet en 21 jours, 5 heures et 31 minutes.

Et à partir de 1930 est ouverte, avec le « Graf Zeppelin » une ligne régulière transatlantique qui durera jusqu’à ce qu’en 1935, la DELAG soit supprimée (car mal vue des Nazis qui n’avaient pas le commandant Eckener à la bonne (*) ) au profit d’une nouvelle compagnie nationale DZR (Deutsche Zeppelin Reederei) dont la flotte était constituée du LZ-127 Graf Zeppelin ; du LZ-129 Hindenburg (dont la fin tragique en 1936 à Lakehurst marqua l’arrêt de l’exploitation commerciale des dirigeables) et le LZ-130 Graf Zeppelin II.

(*) En effet, Eckener refusant que ses dirigeables soient utilisés comme vitrine de la propagande nazie, Herman Göring, ministre de l’air, se fâcha et légiféra en la matière imposant le port de la croix gammée sur tous les dirigeables du pays ainsi que leur participation à toutes les festivités nationales ou internationales comme les Jeux Olympiques de Berlin en 1936, par exemple. Quelques années plus tard, en mars 1940, Göring ne croit plus du tout aux dirigeables (comme arme ou outil de propagande) et fait envoyer à la casse le LZ-127 et le LZ-130 dont l’aluminium sera récupéré pour la fabrication d’avions militaires.