Supermarine Spitfire

Cet avion , conçu par Reginald J Mitchell comme le Supermarine Type 300, répondait à un cahier de charge du Ministère de l’Air britannique désirant un chasseur monoplace dénommé provisoirement F5/34 construit autour d’un Rolls-Royce PV 12; avec cockpit fermé, train rétactable et un armement de huit canons. Et l’appareil F.37 /34 , dont la construction est autorisée à partir de janvier 1935, rencontrera toutes ces exigences et même les dépassera de beaucoup.

Supermarine Spitfire PR (Photo Reconnaissance) Mk XI à Koksijde (Belgium) ce dimanche 5 juillet 2009

Le prototype effectua son premier vol le 5 mars 1936, propulsé par un Rolls Royce PV12 [1] refroidi au glycol développant 900 CV. Son aile était de type « cantilever», car elle se rattachait directement au fuselage par la jointure et ne nécessitait plus de câbles pour y être relié (ce qui est courant aujourd’hui, mais commençait seulement de l’être à l’époque).

Autre exemple de différence d'un modèle à l'autre de Spitfire, tous avaient une roulette de queue, mais elle n'était pas toujours amovible dans le fuselage, comme c'est le cas, ici, pour le modèle PR Mk XI

Les essais de l’avion se déroulèrent sans problème, ce dernier atteignant même la vitesse de 562,47 km/h. Aussi, la Royal Air Force contacta la firme Supermarine le 3 juin 1936, et lui passa commande de 310 Spitfire Mk I répondant à un nouveau cahier de charge dit «F.16/36». Et les commandes iront en augmentant passant de 200 en 1937 à 4000 en 1939. La production de cet appareil ne s’achèvera qu’en octobre 1947 quand sera livré le dernier des 20 351 exemplaires commandés… auxquels s’ajoutent les 2048 exemplaires du Seafire (la version pour la Navy)

Ce nombre impressionnant de machines construites s’explique en partie par le fait que cet avion fit l’objet de dix-neuf versions (Spitfire Mk I ; Spitfire Mk II ; etc) les unes développées en vue d’intégrer des améliorations par rapport à un modèle antérieur ; les autres pour adapter l’appareil à des missions plus spécifiques comme le «Seafire» embarqué sur porte-avions; ou encore les Spitfire Pr. Mk XIII, XIV et XIX équipés de caméras en vue de la reconnaissance photographique.

Quant à cette couleur bleue tout de même un peu étonnante pour un Spitfire, on se l'explique sans peine à la lecture de cet extrait du livre "Un duel d'aigles - RAF contre Luftwaffe" de Peter Townsend :

"L'invasion restait toujours dans la doctrine du Haut Commandement allemand, le coup de grâce. La Kriegsmarine se reprenait : dès le 24 août (1940), elle avait donné l'ordre de commencer à rassembler la flotte de débarquement à dater du 1er septembre. La 16e Armée notait la présence des premières péniches à Gand, le 27 août. Le 31, l'unité de reconnaissance photographique du lieutenant-colonel Geoffrey Tuttle signalait au Commandement britannique des rassemblements de bateaux; des Spitfire peints en bleu pâle et débarrassés de leurs mitrailleuses et d'autres encombrements, avaient photographié à très haute altitude 18 péniches spéciales à Ostende. Le premier septembre, d'autres photos montraient des trains entiers de ces embarcations se dirigeant vers la mer par les canaux belges. Le 2, la concentration d'Ostende avait grossi jusqu'à 70." (p.488)

L’armement de cet avion était principalement composé de 4 mitrailleuses (deux par aile) mais certains d’entre eux (la version Mk XIV) étaient à même d’emporter des bombes sous le fuselage ou sous les ailes afin d’effectuer des missions de bombardement à basse altitude.

Pour ce qui est de la fiche technique, il serait fastidieux ici de vouloir la développer pour chacun des modèles d’autant plus que dans les grandes lignes les caractéristiques varient peu d’un appareil à l’autre. Donc l’envergure est de 11,25 m ; la longueur varie entre 9,12 m et 10,3 m ; le poids maximum est dans une fourchette entre 2418 kg et 4490 kg. La vitesse maximum est de 571 km/h à 5790 m d’altitude. Le temps nécessaire pour atteindre 4750 m est de quelques 6 minutes. Le plafond maximum était de 10360 m.

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Spitfire MK XIV de la Belgische Luchmacht / Force aérienne belge photographié par mon père dans les années 50 sur le tarmac de Melsbroek

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Spitfire Mk Vb à Bevekom/Beauvechain (Belgium) ce dimanche 4 juillet 2010

Ce Spitfire Mk. Vb (aujourd’hui immatriculé G-MKVB, et appartenant au musée de Duxford) portant le matricule BM597 est un des mille avions de ce type produit à Castle Bromwich. Il fut livré à la RAF et envoyé aussitôt au 37 M.U. (Maintenance Unit) de Burtenwood le 26 février 1942, puis affecté d’abord au 315 Squadron le 7 mai 1942 et ensuite au 317 Squadron le 5 septembre 1942, basés tous deux à Woodvale.

Le 13 février 1943, cet appareil fut endommagé (avaries catégorie B) mais pas au point de ce que l’on appellerait aujourd’hui un «sinistre total». Donc il fut retiré du service le 28 février 1943 en vue de sa réparation qui fut achevée le 2 juin. L’appareil à nouveau opérationnel fut livré au 33 M.U. qui l’envoya, pour une raison inconnue, le 9 juin chez Vickers Armstrong. Puis cet appareil fut acheminé jusqu’au 39 M.U. de Colerne le 23 novembre avant d’encore voyager vers le 222 M.U. High Ercall (Packing Depot) le 4 janvier 1944. Et ce n’était pas fini puisqu’il fut ramené au 39 M.U. le 14 avril 1944 où il fut mis en dépôt et passa plus d’un an avant d’être affecté au 58 OTU (Operational Training Unit), dernière unité où il fut opérationnel jusqu’à ce qu’il soit retiré du service le 16 octobre 1945.

La cocarde polonaise (damier rouge et blanc) s’explique par le fait que de nombreux pilotes volontaires polonais furent affectés aux Squadrons 315 et 317 où ce Spitfire débuta sa carrière. Pour ces Polonais, afficher ainsi la cocarde nationale sur leur avion de la RAF était une manière de « pied-de-nez » aux adversaires allemands pour leur montrer que si la Pologne était alors vaincue, certains de ses enfants ne laissaient pas tomber les bras et continuaient la lutte en se mettant au service des alliés.

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Quelques photos que j'ai faites du Supermarine Spitfire IX du Brussels Air Museum

Ce Vickers Supermarine Spitfire MK IX a été construit en 1943 par Vickers Armstrong à Castle Bromwich. Le 24janvier 1944, Il sera d'abord attribué au 312 Squadron, une escadrille tchèque de la RAF; puis en août 1944 à une escadrille polonaise du 302 Squadron de la RAF. Enfin la Belgische Luchtmacht / Force aérienne belge en prend livraison 4 février 1948 et il sera déclassé le 7 janvier 1952.

Quelques photos que j'ai faites du Supermarine Spitfire IX du Brussels Air Museum dont, je vous le rappelle ici, la visite est gratuite

Sur la photo ci-dessus, outre le Spitfire IX, on peut voir à l'arrière-plan trois autres avions qui furent eux engagés lors de la Deuxième Guerre mondiale: le Hawker Hurricane et le Fairey Battle (ceux au sols) ainsi que un "bout" du Bristol Bleinheim (sur ses "échasses")

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Spitfire Mk XIV que j'ai photographié au "Brussels Air Museum"

C'est le 27 juillet 1942 que fut passée commande de cet appareil qui sortit de l'usine Vickers-Armstrong (sise à Aldermaston) en 1944. Bien qu'ayant reçut le matricule RAF "MV246" il ne fut opérationnel au sein d'aucun Squadron de la Royal Air Force et fut mis en réserve au MU (Maintenance Unit) 9 de la RAF à Cosford le 29 novembre 1944. La Belgische Luchtmacht / Force aérienne belge l'achètera le 26 août 1948 et en prendra livraison le premier septembre de la même année. Il est alors immatriculé SG-55 et mis en service au sein de la 349e Escadrille du 1er Wing de Beauvechain comme étant le R-GE. Hélas, le 11 octobre 1948, suite à une panne, ce Spiftifre est contraint de se poser sur le ventre. N'ayant alors encore qu'une vingtaine d'heures de vol à son actif, cet appareil est déclaré non réparable et déclassé le 10 août 1951.

Spitfire Mk XIV que j'ai photographié au "Brussels Air Museum"

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Et voici un Spitfire LF IX aux couleurs de la Koninklijke Luchtmacht (KLU) de passage à Koksijde (Belgium) ce jeudi 7 juillet 2011

[1] Ce moteur sera commercialisé par la suite sous le nom de Merlin «C»