Sobelair

Au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale, la conjoncture est idéale pour les compagnies aériennes qui se créent alors en grand nombre en Europe. En effet, il y a un tas d’avions de transport militaires d’occasion disponibles sur le marché et en grande quantité (Douglas DC-3).

Le premier siège social de la Sobelair se trouvait au numéro 137 de la rue Royale à Bruxelles

En Belgique, cela commence même un peu avant la fin de la guerre puisque Marcel L M Dens, exilé à Londres, fonde en 1943 la COBETA (Compagnie belge de transports aériens). Des vols nolisés ou semi-réguliers débutent avec un Douglas DC-3 (entretien technique par Scottish Aviation) en 1947 à destination de la Palestine. Une deuxième compagnie voit le jour Johannes Mahieu Aviation qui s’associe un temps avec Freddie Laker Air Charter Ltd, et commence de faire voler deux Douglas DC-3 (en version fret) basés à Bruxelles et à Léopoldville (Congo) à partir de 1948 . Mais ces deux entreprises ne vivront pas longtemps.

Douglas DC-3

Cependant l’histoire ne s’arrête pas là. Marcel Gillard, Gaby Créteur et Robert Kegeleirs, tous trois ex-pilotes de la SABENA et pilote de la RAF pour le dernier cité, se jettent à l’eau et avec l’aide de Jean Créteur (frère de Gaby ) et de Teirlinck (ex-ingénieur de la SABENA) fondent avec 50000 francs belges d’alors, la SA Société d’études et de transports aériens le 30 juillet 1946 afin de mettre au point ce qui deviendra le 19 novembre 1946 la Sobelair (Société belge de transports par air SA) disposant d’un capital de départ de 3,5 millions de francs belges. Un Douglas Dakota (= DC-3) est acquis auprès de la RAF à Cumberland, mais cet avion avait des vices cachés qui s’avérèrent irréparables (problèmes de corrosion de certaines pièces) et il ne fut jamais mis en service. Il ne fut même pas immatriculé et gardé comme source de pièce de rechanges… pour un autre DC-3 plus fiable lui qui le 15 octobre 1946 décolla de Bruxelles à destination de Nice via Paris, pour embarquer des fleurs à livrer en Grande-Bretagne. Ainsi c’est par l’activité fret que Sobelair a débuté… mais seulement jusqu’en janvier 1947, ou les conditions météorologiques défavorables clouèrent les avions au sol dont le fret constitué de denrées périssables fut perdu.

Cabine du Douglas DC-3

Mais une nouvelle niche se profile : celle du Congo. D’une part beaucoup de ressortissants belges «coincés» là-bas toute la durée du conflit 39-45 ont la nostalgie de la Belgique… et d’autre part bien des Belges ont envie de découvrir leur colonie. Certes la SABENA effectue déjà des vols réguliers vers Stanleyville (Kinshasa) mais n’arrive pas à suivre la demande bien qu’elle exploite des Douglas DC-4 (de capacité plus grande que le DC-3) sur cette ligne. Aussi afin de ne pas marcher sur les plates-bandes de la SABENA, la SOBELAIR tente sa chance sur des vols charter à destination de l’Est du Congo (Rwanda et Burundi) à partir du début de 1947. Le premier vol part de Haren ((Bruxelles) à destination de Elisabethville (Lubumbashi) le 15 février 1947. Cette ligne avec escales touristiques en route telles que Rome, Athènes, Beyrouth, Rhodes, Jerusalem… aura un succès tel que deux Douglas DC-3 sont acquis afin de permettre un service bi-hebdomadaire. Fin 1947, à la demande du gouvernement abyssinien, Sobelair ouvre une ligne Bruxelles - Addis Abeba inaugurant ainsi la première ligne entre ce pays et l’Europe. Devant cette réussite, la SABENA commence de se poser des questions et profite d’une augmentation de capital en 1949 de cette compagnie pour en devenir un des principaux actionnaires. Au cours des années 50, SOBELAIR remplace ces DC-3 par des DC-4. A présent bien implantée en Afrique, l’Etat belge l’invite à assurer des services intérieurs au Congo, ce qu’elle fera avec trois Cessna 310 achetés en avril 1957 et basés à Bujumbura (Usumbura) ; Stanleyville (Kisangani) et Elisabethville… mais cette activité très rentable s’achèvera fin 1961 avec l’indépendance du Congo. Sobelair se lance dans une activité alors à la mode : les « croisières », sinon que cela ne se passe plus à bord d’un bateau mais d’un avion. Ainsi en 1963, elle ouvre la première liaison commerciale belge avec le Japon avec un DC-6 faisant des escales culturelles et touristiques en Egypte, en Inde, au Pakistan, au Burma, en Thaïlande… Puis en 1967 SOBELAIR obtient de la SABENA la desserte à partir de Bruxelles de lignes vers Amsterdam, Cologne et Stuttgart assurées avec un Fokker F-27 400.

Boeing 707 344 photographié (#) par moi sur le tarmac de l'aéroport de Bruxelles-National, je pense à la fin des années 70. L'appareil étant loué par Sobelair à Luxair porte toujours la livrée de celle-ci exception faite du nom de la compagnie et de son logo sur la dérive, logo de Luxair qui est toujours visible tout à droite sur un autre Boeing 707 Luxair.

Les années 70 seront dures pour SOBELAIR qui dessert néanmoins le bassin méditerranéen avec des Caravelle héritées de SABENA. Et encore plus durant les mois d’hiver du moins pour les destinations européennes. Donc à partir de 1974 SOBELAIR acquiert des Boeing 707 et les met en ligne sur l’Amérique du Sud (Montevideo, Uruguay ; Lima (Pérou) ; Rio de Janeiro (Brésil) ; etc); les Antilles françaises… sans oublier l’acheminement des pélerins vers La Mecque. En 1973, c’est le choc pétrolier très dur aussi mais qui n’empêche pas l’acquisition de trois Boeing 737 200. Mais le sort s’acharne avec la faillite dans les années 80 de l’agent de voyage Airtours qui était un des principaux pourvoyeurs en passagers de cette compagnie.

Caravelle

Dans les années 90 SOBELAIR renouvelle sa flotte de long-courriers (Boeing 767 ; Boeing 737 de nouvelle génération) et dessert aussi bien les stations balnéaires en Méditerranée que les USA ; les Caraïbes ; le Mexique ; la Thaïlande et le Kenya. La faillite de la SABENA n’interrompra pas les activités de cette filiale, mais la situation ne s’en arrangera pas pour autant, et en 2004 la faillite de SOBELAIR est prononcée en dépit d’une offre de rachat par Tui Belgium (Jet Air) qui n’aboutira pas. Cette Compagnie charter n’en aura pas moins vécu 57 ans, ce qui est quand même un record de longévité qui mérite un coup de chapeau !

Boeing 767-3BG ER, OO-IHV, C/N 30564

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