Observation : les duels en chiffre

Les duels constituent entre 30% et 40% des actions d’un match de football.

Le duel est subi ou provoqué. Il est subi lors que le joueur se trouve placé dans des mauvaises conditions (proche d’un adversaire) pour jouer le ballon. Il est provoqué lorsque le joueur tente de neutraliser les espaces jouables des adversaires ou lorsqu’il progresse pour se créer des espaces libres. Le duel est une action de conservation (dribble) qui a pour objectif de trouver un partenaire dans un espace libre (par une passe, centre,..). C’est aussi une action de récupération qui s’insère dans une action défensive dont l’objectif est de protéger son but.

Les techniques employées varient et parfois s’opposent (dribble contre tackles,..). Le joueur lors d’un duel réalise la synthèse entre la pensée et l’action. Il doit " penser et jouer " en même temps.

La technique du duel doit être conforme à la loi 12 des règlements du Football.

Lors de nos observations, nous n’avons considéré que la forme globale du duel : duel au sol, duel aérien. On entend par duels aériens, la lutte en l’air sur une balle d’un ou plusieurs joueurs.

La notion de perdu ou gagné se rapporte aux joueurs de l’équipe observée.

L’échantillon des équipes qui ont été observées est noté dans le tableau suivant :

LES MOYENNES des DUELS

Tableau 1: Equipes observées

Dans quelle mesure le résultat du match dépend des duels ?

En consultant les moyennes générales calculées sur la totalité des matchs, on s’aperçoit que le nombre moyen de duels gagnés est supérieur au nombre moyen de duels perdus.

La différence se remarque surtout lorsque l’on compare la moyenne des duels entre les matchs gagnés et les matchs perdus.

Tableau 2 : Moyenne générale des duels par match.



Les écarts entre les duels gagnés et perdus sont positifs pour les équipes qui gagnent et négatifs pour les équipes qui perdent. Ce constat est déjà intéressant.

Le facteur de corrélation de – 0,87 montre bien que la relation s’inverse entre le résultat du match et le résultat des duels.


La première conclusion d’ordre général est que les équipes qui gagnent présentent un écart positif entre les duels alors qu’il devient négatif pour les équipes qui perdent.

Ces moyennes varient-elles fortement en fonction des compétitions ?

Le nombre moyen de duels joués lors de différentes saisons du championnat de FRANCE de l’EURO 88 varie entre 210 et 240 par équipe. Cette moyenne est légèrement supérieure à la moyenne générale. Néanmoins, les écarts entre les duels en fonction des résultats restent constants (~31)

Figure 1: Moyenne des duels en fonction du résultat.


Tableau 3: Nombre de duels joués en moyenne par match lors du championnat de France

Tableau 4: Nombre moyen de duels joués par match lors de l’EURO 92

La répartition des duels sur toute la surface du terrain devrait être uniforme dans toutes les zones. mais les règles, l’organisation du jeu et la géométrie du terrain font que les duels sont en fait inégalement répartis dans les différentes zones.

Existe-t-il alors des zones privilégiées ?

Les moyennes des duels par zone sont en tenant compte des résultats (gagnés, perdus) :

LES DUELS PAR ZONES

LES DISTRIBUTIONS DES DUELS


Lors de la coupe du monde 1990 en Italie, il a été joué 10 565 duels soit 193 par match.

Les équipes demi-finalistes (Angleterre, Italie, RFA) se sont trouvées parmi les équipes les plus fortes en matière de duels. La RFA qui a remporté le titre est l’équipe qui a joué le plus de duels par match.

Parmi les équipes éliminées en phase préliminaire, on a retrouvé les équipes les plus faibles en duels (Corée, Egypte, USA, Costa Rica, Etats Arabes Unis).

Lors de l’EURO92, le nombre moyen de duels joués par équipe a été de 225 qui sont répartis en :

En conclusion, les moyennes varient en fonction des compétitions mais les écarts restent constants. La sévérité des arbitres lors de la coupe du monde 90 qui a fait chuter la moyenne à 193 duels n’a pas changé les caractéristiques des duels.

La différence entre les moyennes sur diverses compétitions qui se sont déroulées dans des contextes différents montre que le duel est un élément stable du football.

Les moyennes calculées sur l’échantillon (tableau 30) sont m = 114,5 pour les duels gagnés et m = 103,5. pour les duels perdus


Figure 2 : Histogramme des duels

Les histogrammes des duels présentent deux maximums . Ceci signifie que l’échantillon présente soit un caractère systématique qui crée une corrélation soit qu’il comporte des données de différents caractères.

En fait, la répartition des duels gagnés et des duels perdus des matchs gagnés et des matchs perdus ont des distributions distinctes. Ce qui explique que les courbes générales présentent deux maximums. Chaque distribution, prise individuellement, présente des courbes en forme de " cloche " fig 3

Figure 3 : Distribution des duels en fonction des Résultats

Après vérification par le test statistique Ki 2, ces distributions s’ajustent à la loi normale avec un seuil de vraisemblance inférieur à 5%. On peut donc appliquer les formules relatives à cette loi statistique.

La différence entre les moyennes des distributions pour les matchs gagnés est fortement positive (23,4). Par contre les moyennes des distributions des matchs perdus sont plus rapprochées et négatives (-7,6).

L’écart entre les duels gagnés et perdus dans un match est un paramètre intéressant. Toutefois, il est difficile de déterminer, de façon simple avec une grande probabilité, le résultat du match à partir de ces distributions.

Par contre, les probabilités cumulées des écarts (fig. 52) , déduites de ces distributions, permettent de connaître la Probabilité (P) qu’une valeur soit dépassée.

Ainsi, pour un écart égal à + 20, la probabilité que le match soit perdu est au plus à 10% alors que la probabilité que le match soit gagné est au moins de 50%.

La plus grande incertitude concerne les écarts compris entre +5 et +15.

Il faut donc compléter l’analyse de façon à trouver un autre paramètre qui permette de lever le doute car il ne suffit pas de gagner les duels par un écart positif inférieur à +15 duels pour gagner le match.

Figure 4: Densité de Probabilité des Ecarts

Tableau 5: Moyennes générales par zone des duels


La moyenne générale des duels joués par zones est identique pour les matchs gagnés et perdus . La répartition en fonction des zones des duels gagnés et perdus va donc être un critère intéressant à analyser.

La répartition des duels dans les diverses zones en fonction des résultats des matchs n’est pas totalement aléatoire. Le coefficient de corrélation de 0,75 indique qu’une relation, sans être serrée, existe (fig. 53) .

Figure 5: Moyenne des duels perdus et gagnés en fonction du résultat (Match perdu ou gagné).


Les Duels Perdus dans les différentes zones

Les équipes qui perdent, perdent en moyenne 7,1 duels par zone contre 6,1 pour les équipes qui gagnent. La différence (fig. 53) est surtout significative dans les zones 8, 12 (couloir droit) et dans les zones 14 et 15 devant le but adverse.

Les rapports entre la moyenne des écarts et les écarts-types (0,72 et 0,77) confirment que les distributions sont proches de la distribution normale.

Tableau 6: Moyennes des duels perdus


Les Duels gagnés dans les différentes zones


Le faible facteur de corrélation (0,67) accentue le fait que la répartition des écarts dans les différentes zones a un impact sur le résultat final.

En matière de duels, les équipes qui perdent ne semblent pas avoir de stratégie définie. Leur jeu paraît plus aléatoire et moins coordonné. Ces équipes manquent de patience et ne cherchent pas à " poser le jeu" et utilise le duel " individuel " pour récupérer le ballon.

La moyenne des duels par zone des matchs gagnés est supérieure à la moyenne des duels perdus.

Tableau 7 : Moyennes des duels gagnés.

Moyennes des duels dans les zones transversales


La valeur élevée (2,2) des écarts des moyennes explique la grande amplitude des variations des moyennes des duels gagnés entre les zones axiales défensives, pré-offensives et les zones pré-défensives ou offensives.

Les répartitions sont de forme identique, dans les différentes zones (fig. 53). Le facteur de corrélation de 0,86 le confirme. Ce qui renforce l’idée que le résultat du match est lié à l’écart entre les duels gagnés et les duels perdus.

Il est donc nécessaire de gagner plus de duels dans les zones défensives et pré-offensives.

Les moyennes des duels suivant les zones transversales confirment les caractéristiques entre les duels gagnés et perdus.

Ainsi, on notera que dans les zones

Figure 6: Moyennes des duels dans les zones latérales.

Figure 7: Moyenne des duels gagnés et perdus en fonction du résultat.

Les Ecarts différentiels

Ecarts entre duels gagnés et duels perdus en fonction du résultat


figure 8 : Ecarts entre les duels gagnés et les duels perdus

LES ECARTS ENTRE LES DUELS

La différence entre les duels perdus et gagnés est ainsi plus observable. Elle est significative pour les matchs gagnés et nous amène naturellement à nous s’intéresser aux écarts entre les duels gagnés et perdus pour chaque résultat.

Les écarts auxquels nous allons nous intéresser maintenant sont :

Les écarts entre duels gagnés et duels perdus en fonction de résultat du match (gagné ou perdu), c’est à dire f(z) = (duels gagnés - duels perdus) des matchs gagnés et f(z)=(duels gagnés - duels perdus) des matchs perdus.

Les écarts entre les duels gagnés pour les matchs gagnés et perdus c’est à dire f(z) = (duels gagnés des matchs gagnés) - (duels gagnés des matchs perdus) et de même pour les duels perdus soit f(z) = (duels perdus des matchs gagnés) -(duels perdus des matchs perdus).

Les écarts différentiels

L’écart moyen entre les duels gagnés et perdus est négatif (-0,5) pour les équipes qui perdent et positif (1,6) pour les matchs gagnés. Les moyennes par zone des duels perdus et des duels gagnés sont corrélées (0,8)

Les moyennes des écarts pour les matchs gagnés sont toujours positives sauf dans les zones devant le but.

Les droites de régression, des courbes fig. 56 ont pour équation :

matchs gagnés : Ydg = - 0,28 x + 3,42

matchs perdus : Ydp = - 0,23 x + 1,48.

Les droites de régression ont des pentes égales et sont décalées des constantes. Ce décalage égal à 2 duels signifie que l’équipe gagnante, gagne en moyenne 2 duels de plus par zone.

On remarquera que les écarts les plus importants se situent devant les deux buts.

La différence entre les duels gagnés des matchs gagnés et des matchs perdus est positive (1,1) alors que la différence des duels perdus des matchs gagnés et des matchs perdus est négative (-0,9).

Le facteur de corrélation (0,7) entre les deux courbes est assez faible bien que les courbes paraissent identiques.

On remarquera que les équipes qui gagnent, perdent moins de duels que les équipes qui perdent dans toutes les zones du terrain sauf dans les zones défensives 3 et 4 et dans les zones pré-offensives 10 et 11.

Les équipes qui gagnent, gagnent plus de duels que les équipes qui perdent dans les zones défensives et pré-offensives

Figure 9 : Ecarts entre les duels pour les Matchs gagnés et Matchs perdus

Les duels, sous leur forme globale, sont joués dans différentes situations : au sol ou dans les airs (duels aériens), c’est qui en fait leur difficulté.

Le faible écart entre duels aériens perdus et gagnés est dû à la difficulté à maîtriser cette technique.

La difficulté pour l’attaquant de s’imposer contre les défenseurs est illustrée par le fait qu’aucune équipe n’a obtenu un bilan positif dans les zones offensives

Lors de la coupe du monde 1990, les équipes ont joué en moyenne 40,5 duels aériens par match. On ajoutera que lors du match Angleterre - Irlande il s’est joué 101 duels aériens.

La prépondérance des duels au sol sur les duels aériens est confirmé lors de l’EURO 92.

LES DIFFERENTS TYPES DE DUELS

Les écarts différentiels représentent la différence entre les matchs gagnés et les matchs perdus des écarts entre les duels gagnés et les duels perdus. Sur les figures 56 et 57 ils représentent l’écart entre les deux courbes.

La formule mathématique mg (dg - dp) – mp (dg - dp), explique mieux la définition de l’écart différentiel.

Figure 10 : Différentiel des écarts

La valeur moyenne de l’écart différentiel est de 2,04 avec des variations maximales dans les zones défensives 3 et 4. La stabilité bien que relative confirme que la différence entre les duels est significative du résultat.

Par comparaison, nous avons ajouté ( figure 58) la courbe des écarts de moyennes de la somme des duels c’est à dire mg (dg + dp) – mp (dg + dp) soit (dg + dp) (mg – mp) qui montre que les équipes qui gagnent ont un écart positif dans les zones défensives et pré-offensives.

Tableau 8:Moyenne des duels aériens et duels au sol

Les différents types de duels joués au sol se décomposent en différentiant les duels au sol qui sont joués avec le ballon (dribble) ou ceux joués sans ballon.

Tableau 9 : Moyennes des duels au sol par type.

COMMENTAIRE

La comparaison en fonction des résultats fait apparaître l’importance du gain des dribbles et des duels sans ballon.

Les équipent qui gagnent perdent moins le ballon lors des duels au sol.

Jouer un duel avec ballon, c’est conduire en dribble la balle dans un espace de terrain occupé par un adversaire qu’il faut éviter ou contourner. Le dribble réclame de l’aisance corporelle, de la souplesse, un parfait équilibre, un contrôle permanent de la situation de jeu, des adversaires, des placements et de courses des partenaires.

Un dribble réussi, est efficace, car il permet de passer la ligne d’avantage et d’éliminer un adversaire pour se retrouver dans une situation de supériorité numérique et donner le ballon à un partenaire dans un espace entre deux adversaires.

les équipes qui gagnent :

- gagnent 53,6 % des duels et en perdent 43,4%

- perdent moins de duels sans ballons (22 contre 31),

- gagnent plus de duels avec ballon (46 par match)

- gagnent les duels dans les zones pré-offensives,

- perdent moins de duels dans les zones devant le but adverse.

les équipes qui perdent :

- perdent plus de duels qu’elles n’en gagnent ( 53,6 %),

- perdent plus de duels dans les zones pré-offensives et offensives.


Il faut donc :

    • gagner les duels devant son but et réussir les dribbles dans la zone pré-offensive de préparation des attaques.

    • perdre moins de duels que son adversaire dans les zones pré-défensives

    • présenter un écart entre duels gagnés et perdus positif.

Figure 11: Ecarts moyens entre les Duels gagnés et les Duels perdus par zones

Nous avons vu que ces critères sont importants et fortement corrélés au résultat du match.

NOTA : Pour réussir les duels, le joueur doit posséder toutes les qualités techniques du football. Le duel est, par ce principe, l’action de base de la formation des jeunes. Il est la base du Football par lequel s’exprime un joueur. Il développe la pensée tactique et l’action opérative. Il requière toutes les qualités qui doivent être développées.

Les éducateurs doivent donc insister sur la fréquence des duels tentés et la qualité des duels joués lors de la formation des jeunes et ne pas hésiter à réprimander fortement les fautes intentionnelles qui vont contre l’esprit du jeu et la progression du joueur et laisser libre un jeune joueur.

La répartition des duels en fonction du résultat du match

Les représentations graphiques des répartitions des duels gagnés et perdus accentuent les différences entre les matchs gagnés et les matchs perdus .