Observation : L'accès au but en chiffres

LES SEQUENCES

LA PENETRATION : ACCES AU BUT

On peut se demander, si pour arriver au but, le ballon suit des trajets préférentiels parmi les trajets que l’on pourrait tracer sur la surface du terrain. Et, parmi tous les trajets suivis par le ballon dans un match, existe-t-il des trajets spécifiques qui conduisent à marquer un but ? L’analyse de ces trajets conduit à définir les couloirs de pénétration, vers le but adverse.

C’est à ces questions que nous allons tenter d’apporter des réponses et essayer de constituer un modèle des trajets qui amènent le plus probablement à la victoire.

Les observations montrent qu’en moyenne, une équipe joue entre 230 et 250 séquences par match. Une séquence est au moins composée de deux actions de jeu réalisées dans un même zone ou des zones différentes.

Tableau 1: Moyenne des séquences par Match

Parmi ces 250 séquences, 1 à 12 % se terminent par un tir ou un but et le reste (88 à 99%) se termine par une perte du ballon.

Les règles du jeu et la géométrie du terrain font que les séquences débutent et se terminent de façon inégalement répartie sur le terrain. Le plus grand nombre d’entre elles prend naissance dans les zones défensives (devant le but défendu) et en particulier dans les zones centrales du terrain et se termine (45%) dans les zones offensives devant le but adverse.

Tableau 2 Répartition des zones de départ et de fin de séquences

Toutes les séquences ne permettent pas d’amener systématiquement le ballon devant le but adverse. Certaines d’entre elles se terminent dans les zones pré-défensives (30 à 50) et pré-offensives (50 à 70).

Mais, le plus grand nombre s’arrête dans les zones offensives (de 80 à 100 par match).

Pour faire une analogie avec un phénomène physique, tout se passe comme si les buts étaient deux aimants par lesquels passent des lignes de force qui attirent ou refoulent le ballon.

Les zones de départ des séquences

Le plus grand nombre de séquences prennent naissance dans les zones défensives devant le but défendu.

Figure1 : Départ des séquences par zone - Moyenne par Match

Les zones de fin de séquences

Figure 2: Zones de départ des séquences dans les ZONES LATERALES

Les séquences prennent fin de façon progressive du but défendu vers le but adverse. La défense devient plus agressive et les espaces plus serrés.

Figure 3: Fin des séquences par zones - Moyenne par Match

On remarquera que 40% des séquences se terminent devant le but adverse

LES TRAJETS DU BALLON

Figure 4: Fin des séquences dans les ZONES LATERALES

La répartition des fins de séquences entre les matchs gagnés et les matchs perdus n’est pas significative..

Les joueurs utilisent une multitude de trajets repartis sur tout le terrain pour remonter le ballon vers le but adverse. Tous ces trajets sont difficiles à identifier. Et c’est en partie pour résoudre à cette difficulté que le terrain a été quadrillé en 16 zones.

Il s’avère que cette simplification ne se révèle pas suffisante car si l’on ne considère que les trajets pour lesquels le ballon ne change que de 1 à 4 fois de zones au plus, le nombre de combinaisons possibles est encore de 285 720.

Afin de réduire le nombre de trajets à analyser, nous ne retiendrons que :

    1. les trajets qui se répètent les plus souvent durant un match dits " les trajets préférentiels ".

    2. les trajets qui se terminent par la perte du ballon uniquement dans les zones devant le but (14,15) que nous appellerons " trajets d’approche ".

    3. les trajets dits " efficaces " qui se terminent par un tir ou un but.

L’exemple des trajets du ballon du match AUXERRE - MONACO montre les différentes informations qui peuvent être retirées à partir des trois types de trajets.

De la même façon l’observation de son équipe, permettra à l’entraîneur de visualiser les trajets utilisés par son équipe.

L’entraîneur peut en suite, en fonction de l’équipe observée, chercher à améliorer son équipe ou chercher à bâtir une tactique pour contrer l’équipe adverse sur le plan défensif.

Ces informations sont assez significatives du jeu de l’équipe observée. Les observateurs attentifs du jeu d’AUXERRE pourront y retrouver beaucoup de similitudes avec leur propre observation.

De façon générale :

les trajets préférentiels renseignent sur les couloirs les plus utilisés par l’équipe avec le ballon.

les trajets d’approche définissent le squelette des trajets qui se terminent devant le but. Bien que leur nombre soit plus faible ils fournissent des informations quant à la stratégie employée pour accéder au but adverse.

les trajets efficaces, en nombre beaucoup plus faibles, environ 10% de la totalité des trajets,

représentent les trajets dont la séquence s’est terminée par un tir ou un but.

C’est à partir de constatations similaires, effectuées sur chaque match, que l'entraîneur peut bâtir une stratégie de renforcement ou de correction, comme nous l'avons entrepris, pendant un an, pour l'équipe de l'AS CANNES durant la saison 90-91.

Figure 5 : Les différents trajets de l’équipe d’AUXERRE

Les trajets préférentiels

Les trajets préférentiels complètent les informations relatives aux caractéristiques spatiales du jeu de l'équipe. Ils renseignent sur les couloirs les plus fréquemment empruntés, la latéralité de l’équipe, les habitudes de jeu, les éléments récurrents du jeu (passes en arrière, recherche de l’ailier ou d’un joueur latéral,..) .

En superposant, les noms des joueurs, en fonction de leur centre de gravité de déplacements, l’entraîneur peut ainsi, en tenant compte des consignes individuelles ou collectives d'organisation qu'il a fixées avant le match, estimer le comportement de son équipe en possession du ballon et de ses joueurs

Le lecteur peut analyser les trajets préférentiels des équipes suivantes.

Figure 6: Exemple de Parcours Préférentiels d’AUXERRE

AUXERRE a la capacité de remonter le ballon par les quatre autres couloirs (MARSEILLE et MONACO) ou par le couloir latéral droit (COPENHAGUE) et utilise de préférence le couloir central gauche pour accéder dans la zone défensive adverse. Depuis la zone offensive, le ballon est transmis dans les zones latérales offensives gauches pour l’ailier ( VAHIRUHA). Les couloirs et zones latéraux droits sont moins utilisés ( COCARD). On remarquera l’influence de SCIFO sur le jeu et la " pénétration " d’AUXERRE. En le neutralisant, on peut penser que le jeu d’AUXERRE doit s’en trouver perturbé.

Les trajets d’approche.

Figure 7: Exemple de Parcours préférentiels de quelques équipes

MONACO a utilisé les attaques placées, dans les zones pré-offensives, pour arriver devant le but de LILLE.

MARSEILLE a progressé par l’intérieur, coté droit et par débordement de la défense de BRUGES sur le côté gauche.

L’approche des buts par LILLE et VALENCIENNES a été difficile et bloquée de suite après la ligne centrale.

Les trajets préférentiels renseignent sur la stratégie employée pour remonter le ballon vers le but adverse, les trajets d’approche, qui se terminent dans les zones devant les buts (14 et 15), complètent les moyens d’analyse.

Les trajets d’approche constituent un sous-ensemble des trajets préférentiels, ils sont moins nombreux mais apportent une information plus précise sur la stratégie d’accès au but par l’équipe observée comme par exemple les trajets d’approche de CANNES et MONACO.

Figure 8 : Trajets d’approche de l’équipe de CANNES Saison 90-91

Départ des trajets efficaces

Figure 9 : Trajets d’approche de l’équipe de MONACO - Saisons 88-91

Les trajets efficaces

L’objectif final reste à déterminer un modèle qui permettrait d’accéder le plus sûrement possible au but adverse.

Le nombre de séquences efficaces varient de 3 à 30 par équipe avec une moyenne de 10 pour les équipes qui perdent, 11 pour les matchs nuls et 14 pour les équipes qui gagnent c’est à dire en moyenne entre 22 à 24 tirs par matchs.

Comme pour les autres trajets, les départs des trajets efficaces ne sont pas également repartis sur le terrain.

Les séquences efficaces débutent le plus souvent dans les zones centrales du terrain.

Figure 10: Zones de départ des trajets efficaces

La répartition des départs des séquences efficaces dans les quatre zones latérales du terrain varie de façon différentes pour les matchs perdus et les matchs gagnés.

Les équipes qui perdent ont plus de séquences efficaces qui se commencent dans les zones offensives et moins dans les zones défensives que les équipes qui gagnent.

Le pourcentage de départ des trajets efficaces dans les zones défensives est plus important pour les matchs gagnés. La victoire se prépare le plus souvent à partir des zones défensives.

Figure 11 : Départ des trajets efficaces suivant les zones latérales.

L’analyse des trajets efficaces, de toutes les équipes lors de l’EURO 92, confirme ces résultats

MATCHS GAGNES : 9

But Adverse

But Adverse

MATCHS PERDUS : 9

LA PROGRESSION DU BALLON

COMMENTAIRES

Figure 12: EURO 92 : Départ des séquences efficaces

Chaque chiffre indique le nombre des séquences efficaces qui ont pris naissance dans le zone

Le nombre moyen de ballons reçus par zone croit quand le jeu se déplace des zones défensives vers les zones offensives.

Le nombre moyen de ballons donnés est croissant quand le jeu va des zones défensives vers les zones offensives puis décroît fortement pour les zones placées devant le but.. Dans les zones centrales, devant le but, peu de ballons sortent vers d’autres zones.

La moyenne des ballons joués dans les zones devant le but est importante.

La moyenne de ballon qui changent de zone est de 31,5 pour les matchs gagnés contre 21 pour les matchs nuls et 20 pour les matchs perdus.

La répartition des trajets n'est pas homogène sur tout le terrain. La moyenne de ballons reçus ou donnés dans les zones centrales est plus importante que dans les zones latérales et dans les couloirs placés du côté gauche,

L'écart entre le nombre de ballons donnés et le nombre de ballons reçus est négatif dans les zones placées devant le but (14 et 15) au contraire de toutes les autres zones pour lesquelles cet écart est positif.

Les résultats sont souvent très peu différents entre les matchs nuls et les matchs perdus. Cette constatation se confirmera par ailleurs.

Nombre de ballons donnés par zone

Dans le cas des séquences efficace, chaque ballon qui progresse vers le but adverse, sort d’une zone puis rentre dans une nouvelle zone puis ressort de cette zone pour entrer dans une nouvelle zone et ainsi de suite. Le ballon va ainsi de zone en zone jusqu’au but adverse.

Quelles sont les zones que le ballon emprunte le plus souvent ?

La moyenne de ballons donnés (qui sortent des zones) calculée à partir de l’analyse de 152 matchs varie de 0,3 à 4 ballons en fonction des zones.

Cette moyenne est plus élevée dans les zones centrales pré-offensives et défensives(zones 6, 7,10,11).

Les couloirs sont moins sollicités pour remonter le ballon. La transmission des ballons dans les couloirs latéraux se révèle en fait peu efficace.

Figure 13: Nombre moyen de ballons donnés par zone

Le nombre de ballons donnés dans les zones centrales est plus important pour les équipes qui gagnent.

La moyenne décroît fortement dans les zones devant le but.