L'entrainement physique avec ballon: Les Bases

L'entraînement physique avec ballon sur des surfaces réduites a gagné en popularité grâce aux études scientifiques et à l'adaptation de ces recherches pour les équipes professionnelles.

Des études nous montrent que les jeux avec ballon sur surface réduite sont plus riches et plus complets que l'entraînement physique traditionnel sans ballon (Helgerud,2001. Impellizzeri, 2006. Little, 2006. Reilly, 2004 , Dellail 2008).

Ces jeux servent à l'amélioration de l'entraînement par la combinaison d'entraînements techniques tactiques et physiques,

Ils permettent :

1. La motivation des joueurs.

2. L'entraînement en jeu réduit reproduit les situations de jeu réel et augmentent le nombre de situations motrices qui sont réalisées en compétition.

3. on associe un travail tactique individuel et collectif

4. Les besoins métaboliques sont très proches de ceux rencontrés en match.

En revanche, il existe deux inconvénients

1. le contrôle de la charge de travail et l'intensité de l'entraînement est plus compliqué à réaliser pour des entraîneurs peu équipés

2. La mise en place et l'organisation doit être plus préparée, soignée et demande plus d'attention de la part de l'entraîneur.

Le rôle de l'entraîneur

Les jeux réduits en football : un moyen d’atteindre un niveau d’intensité de travail équivalent aux exercices intermittents de courte durée spécifique.

Selon Alexandre Dellal (doctorant en physiologie de l'exercice, laboratoire de psychophysiologie du comportement moteur et des sports, Strasbourg, les effets d’un entraînement en endurance au moyen d’exercices intermittents ont été démontrés chez le sportif de haut niveau avec notamment une hausse de la VO2max et une apparition retardée de la fatigue comparativement à un exercice continu.

De nombreuses études relataient que cette méthode permettait de limiter la production d’acide lactique et d’augmenter la part d’utilisation des phosphocréatines (PCr) au métabolisme énergétique à l’exercice. Les PCr et le glycogène musculaire sont décrits comme les principaux substrats énergétiques lors d’exercices intermittents. Ces exercices sont intéressants car une capacité aérobie élevée permet aux footballeurs d’améliorer leurs performances grâce à une plus grande participation pendant le match par une hausse de la distance totale parcourue (Wisløff et al, 1998) et de l’intensité de l’activité.

Certains auteurs avaient décrit le football comme un ensemble de phases de jeu à 4 contre 4 ou moins, sur des espaces réduits. Or Hoff et al (2002) montraient qu’un entraînement spécifique à base de jeux réduits (5 vs 5) permettait d’approcher des valeurs de FC équivalentes à celles obtenues lors d’exercices intermittents de courte durée. Une des principales différences entres ces deux méthodes d’entraînement est la présence de la balle lors des jeux réduits et l’obligation de se déplacer par rapport aux adversaires.

Conséquences pratiques et questions

Les jeux réduits et les exercices intermittents de courte durée font partie intégrante de tout entraînement du footballeur. Ces deux méthodes de travail sont très souvent différenciées alors qu’elles peuvent agir à un même niveau sur le plan physiologique. Il serait ainsi intéressant de donner des outils scientifiquement valides afin de comparer ces deux méthodes. Un des moyens les plus simples serait d’analyser les réponses cardiaques lors de ces exercices à charges physiques contrôlés (exercices intermittents de courte durée) et lors de ces exercices physiques intégrés (jeux réduits) tout en analysant l’homogénéité inter-sujets.

Étude

Dix footballeurs de la Ligue 1 française (âge : 26 ± 2,9 ans ; masse corporelle : 78 ± 4,4 kg ; FCmax : 195,4 ± 4,9 bpm ; vVO2max : 17,1 ± 0,8 km.h-1) ont effectué différents exercices intermittents (30 – 30 à récupération active et passive, 15 – 15 à récupération passive, 10 – 10 à récupération passive et 5 – 20 à récupération passive) et différents jeux réduits (1 vs 1, 2 vs 2, 4 vs 4, 8 vs 8 avec et sans gardiens et des 10 vs 10) au cours de leurs périodes de compétition. Lors de chacune de ces méthodes d’entraînements, nous avons relevé la FC au moyen d’un cardiofréquencemètre (Polar S-810, Kempele, Finlande) étalonné battement par battement afin d’analyser la FC de réserve (FCr) selon la formule de Karvonen : FCr = (FC moyenne au cours de l’exercice – FC de repos)/(FCmax – FC de repos) * 100. Cette valeur de FCr, qui sera exprimée en pourcentage (%FCr), permet d’effectuer des comparaisons entre différents joueurs.

Résultats

Les résultats de cette expérimentation démontrent que le pourcentage moyen de la FC de réserve lors d’exercices intermittents 30 – 30 à 100 % de la VO2max à récupération active est significativement plus grand que lors des jeux réduits 1 contre 1 (p < 0.01), 4 contre 4 (p < 0.05), 8 contre 8 (p < 0.001) et 10 contre 10 (p < 0.01).

Le 10 – 10 à 110 % de la VO2max présente une différence significative avec les 1 contre 1 (p < 0.05), 8 contre 8 (p < 0.01) et avec le 10 contre 10 (p < 0.05).

Les réponses cardiaques lors d’exercices intermittents 30 – 30 à 100 % de la VO2max et d’exercices intermittents 10 – 10 à 110 % de la VO2max à récupération passive ne présentent aucune différence significative avec l’ensemble des jeux réduits ; tout comme les 2 contre 2 et le 8 contre 8 ne présentent aucune différence significative avec l’ensemble des exercices intermittents

Enfin, l’homogénéité des réponses cardiaques est deux fois moins importante lors des jeux réduits, comparé aux réponses cardiaques durant les exercices intermittents avec respectivement des valeurs moyennes de coefficient de variation inter-sujets de 11,8 % vs 5,9 %.

Conclusion

Certains jeux réduits, notamment les 2 contre 2 et les 8 contre 8 avec gardiens, permettraient d’atteindre un niveau de FCr équivalent à celui obtenu au cours d’exercices intermittents de courte durée. Ces jeux réduits peuvent alors être utilisés comme une méthode d’entraînement intégrant l’aspect tactique, l’aspect technique mais aussi l’aspect physique, en approchant des intensités semblables à celles d’exercices intermittents courts (Dellal et al, 2008).

Néanmoins, ces jeux réduits présentent une variabilité physiologique plus importante que celle des exercices intermittents et la FC ne serait pas son meilleur indicateur physiologique.

Enfin, récemment, Rampinini et al (2007) avait rapporté que les réponses physiologiques durant ces jeux réduits étaient influencées par différents facteurs tels que la taille du terrain, la température extérieure, des changements de directions permanents... Cette forme de travail ne permet pas un contrôle rigoureux de l’activité des joueurs. Ainsi, en accord avec les objectifs de l’entraînement, le coach devra choisir entre un entraînement physique contrôlé (exercices intermittents) et un entraînement physique intégré plus difficilement contrôlable (jeux réduits).

D'après Julián Mayo Mauriz, dans son article les bases de l'entrainement physique avec ballon (voir le site Athlete Endurance Football) il existe une relation directe entre l'intensité du jeu et le nombre de joueurs. L'intensité est inversement proportionnel au nombre de joueurs car la diminution du nombre de joueurs augmente la participation de ceux ci.

De plus, le nombre de rencontre (jeux) que les joueurs peuvent effectuer diminue avec l'intensité (Grant et al., 1999 y 1999b. Platt et al., 2001 y Jones et al., 2007).

En classifiant les exercices par nombre de joueurs, il les regroupe en trois groupes physiologiques distincts:

    • Les exercices de 8x8 à 5x5:

  • sont adaptés au développement de la capacité aérobie (85/90% fcmax)

    • Les exercices de 4x4 à 3x3: sont adaptés au développement de la puissance aérobie. (90/95% fcmax)

    • Les exercices de 2x2 : sont adaptés au développement des capacités anaérobies (vitesse, explosivité)

La dimension de l'air de jeu est un facteur influant positivement sur l'intensité, obligeant à plus de courses, augmentant la durée de celle ci et aérant le jeu. Ceci a été étudié par Aroso et al. (2004), Balsom (1999) o Rampinini et al. (2007)

D'autre part, les exercices de conservation du ballon sans gardien augmente l'intensité en réduisant les arrêt de jeu . Par conséquent, des exercices de possession sans gardien permettent d'effectuer un travail avec plus de joueurs en maintenant une intensité importante.

De plus, en donnant des consignes comme par exemple la réduction du nombre de touches de balle, le rythme de jeu s'accélère augmentant encore l'intensité.

Pour finir, Reilly et al. (2004) à comparer les jeux en espace réduit avec l'entraînement fractionné sans ballon sur 18 joueurs professionnels. Il a évalué le CMJ*, le SJ**, les sprints de 10 à 30 m, les capacités anaérobies, l'agilité dans tous les axes et l'habileté technique avec le Fskt***.

Les joueurs qui s'entraînent à base de jeux réduits avec ballon s'améliorèrent sur le CMJ, SJ, dans les sprints et en agilité.

Les joueurs qui s'entraînent sans ballon régressèrent sur ces mêmes qualités sans gagner sur les autres qualités

De plus, on constate une plus grande progression dans les efforts "aérobie spécifique" au jeu sur le premier groupe.

Sans perdre de vu la spécificité du groupe étudié, ces évidences démontrent qu'il faut utiliser l'entraînement physique sans ballon avec prudence et qu'il y a un meilleur transfert avec la performance spécifique au football dans l'entraînement physique avec jeux sur surfaces réduites

*CMJ: Saut en contre-mouvement

**SJ: Squat avec extension

***FSKT: Football skill test (test de dribble)

Mise en place d'une séance

Dans la mise en place d'une séance, l'entraîneur doit prendre en compte les facteurs qui influencent l'intensité des exercices

Ces facteurs varient selon les objectifs de la séance ou du niveau de performances des joueurs

On doit tenir compte :

- du type d'exercice.

- du Nombre de joueurs.

- de la Motivation.

- de la taille de l'aire de jeu.

- des contraintes techniques ou tactiques.

- de la participation gardien

L'animation et la stimulation de l'entraîneur est un bon moyen pour augmenter l'intensité d'entraînement . Rampinini et al. (2007) nous apprend avec ces recherches sur les dimensions de terrain, que le nombre de joueurs et l'animation de l'entraîneur sont des paramètres dominants pour l'amélioration de l'intensité

Les entraîneurs doivent donc améliorer l'animation afin de maximiser l'intensité physique. Ceci en s'appuyant sur le staff technique, en jouant sur l'esprit de compétition, et en communiquant avec les joueurs sur leurs niveaux d'engagements et de participation.

Un des facteurs que l'entraîneur ne peut maîtriser et qui influence l'intensité est le niveau technique et physique des joueurs. Plus le niveau technique des joueurs est élevé plus le temps et le rythme de jeu possible sont élevés. Si on ne tient pas compte ce paramètre, il y a similitude d'intensité entre les joueurs professionnels et les amateurs