La Preparation Mentale ou Préparation Psychologique

De Nathalie CREPIN

Psychologue et préparatrice mentale

Responsable du CROS

www.preparationmentale.fr

Une grande majorité des demandes de préparation mentale concerne la gestion du stress. Elle ne porte pas sur les mêmes domaines du cerveau que l'apprentissage par image mentale.

La Démarche en Préparation mentale

Il n’existe pas de consensus sur la démarche en préparation mentale. La multitude des intervenants provenant d’horizons, de formations et d’obédiences différentes, auquel s’ajoute la jeunesse de la discipline, ne permettent pas d’ériger un protocole et une démarche consensuelle.

La démarche exposée par la suite n’est qu’une démarche parmi tant d’autres mais elle est le fruit de l’expérience et de l’échange de différents intervenants dans le domaine, et la volonté d’inscrire la préparation psychologique dans un contexte rigoureux et scientifique.

Cette démarche a pour objectif d’optimiser la performance tout en préservant la santé et l’équilibre psychique du sportif. Elle prend donc en compte la dimension sportive, mais aussi l’individu dans sa globalité et son ipséité. Elle ne souffre donc d’aucune " recette miracle ", ni pratique stéréotypée mais s’appuie sur l’individu en ce qu’il a de singulier.

Enfin, elle ne peut se concevoir que dans le respect éthique et déontologique, dès lors que nous touchons à un aspect si particulier : celui du psychisme d’un individu.

La démarche en préparation psychologique ou mentale est donc structurée, organisée, rigoureuse et planifiée.

Schématiquement, cette démarche comprend quatre phases :

> Une phase de prise de contact et d’élaboration d’hypothèses.

> Une phase de diagnostic.

> Une phase de programmation des séances d’entraînement mental.

> Une phase d’évaluation après la programmation, avec réajustement.

Les deux premières phases sont des phases capitales dans ce protocole. Elles sont la clé de la pertinence et de l’efficacité du travail mis en œuvre.

Prenons l’exemple d’une consultation chez votre médecin

Vous allez lors de la consultation exposer le motif de votre prise de rendez-vous et vos différents symptômes. Votre médecin va alors vous poser différentes questions ayant trait aux symptômes, élargir le champ des questions en fonction des hypothèses qu’il élabore, mais aussi prendre en compte la connaissance qu’il possède de vous en tant qu’individu : vos antécédents familiaux, personnels, le contexte familial et professionnel…Ce n’est qu’en prenant en compte le contexte dans son ensemble qu’il pourra poser un diagnostic pertinent.

Et l’essentiel de son travail est là. La prescription médicamenteuse découle de cette démarche, et n’en constitue pas l’essence.

Il en va de même en préparation mentale. L’essentielle et l’efficacité du travail repose sur la pertinence du diagnostic.

Une grande majorité des demandes de préparation mentale concerne la gestion du stress. Reprenons l’exemple de la consultation chez le médecin. Une grande fatigue exprimée par le patient ne permet pas de poser un diagnostic tant les étiologies sont diverses. Des difficultés dans la gestion du stress ne constitue pas un diagnostic en tant que tel, tant les étiologies sont diverses et les contextes (sportifs, professionnels, familial et personnels) fort différents.

1. Première étape: phase d’évaluation préalable et d’analyse de l’enjeu.

Pour mener à bien cette première étape, un certain nombre de questions doivent être posées.

> De qui émane la demande ? Si la demande émane du sportif, de l’entraîneur, du médecin de la structure, ou encore d’un dirigeant, la demande ne revêt pas la même signification et le même enjeu.

> La structure. Est-ce un club, une ligue, une fédération, une structure autre ?

> L’entraineur est-il favorable à cette démarche ? S’il exprime son désaccord dans une telle démarche, le travail avec le sportif s’avère d’autant plus complexe.

> La demande est-elle précise ou large ? Un problème de gestion du stress ou le développement d’habiletés mentales ?

> Quelles sont les représentations des instances dirigeantes sur la préparation mentale ?

> L’âge des sportifs ?

> Les antécédents.

> Organigramme de la structure.

> L’historique du club.

> Les résultats. Fait-on appel à la préparation mentale pour remédier à une situation de crise ?

Bien d’autres questions viennent alimenter l’analyse du contexte et de/des enjeux pour pouvoir poser les premières hypothèses.

2. Deuxième étape : la phase de prise de contact

et élaboration d’hypothèses.

L’entretien avec le sportif, avec l’entraîneur, le staff viennent poser les jalons des hypothèses concernant le diagnostic.

L’observation active sur le terrain enrichit les hypothèses et offre un éclairage différent du contexte environnemental et sportif.

Mais la passation d’un test de personnalité et un test de stratégies de performances sont des outils déterminants dans l’élaboration du diagnostic. C’est un ensemble de moyens, de critères, qui permettent d’apprécier les composantes d’un individu, dans son aspect sportif et humain, mais aussi de rationaliser les hypothèses issues des entretiens et des analyses. Ces tests permettent un cadre scientifique et rigoureux. Des tests plus spécifiques selon les hypothèses élaborées viennent étayer la démarche de diagnostic.

3. Troisième étape : La programmation des séances de préparation mentale.

Elle découle directement du diagnostic et de l’analyse de la spécificité de chaque individu. Les outils et méthodes utilisés dans la programmation ne peuvent être standardisés pour un même diagnostic (par exemple, la gestion des émotions) parce qu’ils répondent à la singularité de chacun.

4. Quatrième étape : La réévaluation.

C’est une étape qui permet d’affiner la démarche, mais aussi qui permet pour le sportif, comme pour le préparateur mental de mesurer et d’estimer l’efficacité du travail entrepris. La réévaluation est aussi une étape de projection vers d’autres objectifs et trace ainsi le chemin vers la performance.

La démarche en sport collectif

La démarche dans les sports collectifs est-elle la même que dans les sports individuels ?

Sportifs et entraîneurs lient fréquemment les succès et les échecs à la cohésion du groupe, de l’équipe. (voir les facteurs du succés)

Un principe bien connu en sport : un groupe soudé est bien plus efficace que des joueurs œuvrant chacun de leur côté. Les exemples de cette nature foisonnent dans les journaux. La dynamique d’un groupe est un moteur puissant. Cette dynamique n’est pas le fruit du hasard. Elle se construit et se forge en fonction de certains facteurs et paramètres. Et la démarche en préparation mentale vise à répondre à ces interrogations.

Comment développer et améliorer la cohésion de groupe pour accroître l’efficacité collective et individuelle ?

Comment un groupe se transforme en équipe ?

Quelle est la place du leader dans ce processus de cohésion et de dynamique de groupe ?

Comment accroître le leadership d’un capitaine, des piliers de l’équipe, d’un entraîneur?

Comment augmenter les interactions et favoriser la communication au sein de l’équipe, du club ?

La démarche se porte alors sur un collectif et un travail en groupe. Les outils utilisés sont fort différent du travail en individuel. Les techniques sont souvent issues du monde des entreprises ou encore de la psychologie sociale avec des jeux de rôle, des jeux de mises en situations, des techniques pour communiquer, le développement du leadership...

De plus en plus de sports individuels sont sensibles à cette dimension de cohésion, parce que de plus en plus de sports individuels favorisent les entraînements collectifs en ce qu’ils sont de puissants moteurs vers le dépassement de soi, vers une émulation collective.