Naissance et éducation de Saint Georges

CHAPITRE II.
NAISSANCE ET ÉDUCATION DE SAINT GEORGES.
Après avoir parlé du nom de saint Georges, parlons de la naissance et de l'éducation de ce grand Saint. Il vint au monde vers l’an 280 ou 281 à Diospolis, selon d'autres à Mitylène en Cappadoce. Ses parents dont on ignore le nom étaient riches et surtout de bons chrétiens. Sa mère l’éleva avec le plus grand soin dans la crainte de Dieu, dans l’observance de ses commandements. Comme la mère du jeune Tobie, elle apprit à ce cher enfant à révérer la présence du Seigneur, à s'abstenir de tout péché. Son père qui était au service de l’empereur ne pouvait veiller à l’éducation de ce fils qui pourtant lui était bien précieux, que de temps en temps, lorsqu’il passait quelques jours de vacances à la maison. Alors il redoublait ses soins, ses bons avis, ses sages conseils. « Mon enfant, lui disait ce tendre père, détourne-toi du culte des idoles : aime Dieu ton Créateur et ton Rédempteur de toutes les puissances de ton âme. Surtout garde-toi bien de l’offenser. Si les libertins veulent t'attirer à eux, soit par des promesses, soit par des menaces, repousses-les avec indignation, car si tu les écoutais et si tu les suivais, ils te feraient perdre l'innocence, la grâce du Seigneur que tu as reçue au saint baptême. »
Ainsi le père de Georges parlait à son fils durant les courts instants qu’il passait chez lui. Mais bientôt il fallait se rendre au poste qu'il occupait à l’armée, et l'éducation de Georges était confiée entièrement à sa pieuse et excellente mère. C'est ce qui arriva surtout lorsque ce bon père vint à mourir jeune encore. Georges fut profondément affigé, en apprenant la mort de son père, il pouvait avancer alors vers sa dixième année, il se montra plus que jamais fidèle aux avis qu'il en avait reçu ; il pleura, pria pour le repos de son âme, ainsi que le doit faire tout enfant bien élevé lorsqu'il voit ses parents mourir. Il promit enfin à son excellente mère qu'il se rendrait digne par sa conduite de ses affections, afin de pouvoir la consoler dans son veuvage, et mériter sa bénédiction. En effet, à partir de ce moment, touché d'ailleurs de l'instabilité des choses humaines, il devint plus réglé encore dans sa conduite, il priait plus assidèment, donnait libéralement des aumônes aux pauvres, sa mère lui avait appris que celui qui donne aux pauvres prête à Jésus-Christ. Il veillait plus exactement sur lui-même, surtout il se garda toujours de l'idolâtrie. Comme le jeune Tobie, tandis que tous mangeaient des viandes des gentils et allaient sur les hauts-lieux sacrifier aux idoles, lui, conservant son âme pure, enflammée de l'amour du vrai Dieu, ne se souilla jamais de leur nourriture pas plus que de leurs sacrifices. Et parce qu'il était uni à Dieu de tout son cœur, qu'il vivait dans un christianisme vrai et sincère, Dieu qui protège ses serviteurs, les comble de ses faveurs souvent même dès cette vie, Dieu qui voulait d’ailleurs que Georges, après s’être sanctifié dans son enfance, sanctifiât aussi, ou plutôt contribuât à la sanctification des autres, lui fit trouver grâce auprès de l'empereur Dioclétien qui alors gouvernait l’empire d'Orient et couvrait de sa protection ceux qui étaient chrétiens.
Comme le père de Georges avait toujours été en estime auprès des empereurs, ce jeune homme fut bien accueilli par Dioclétien et par les grands de l'empire. Il était bien fait, intelligent, et d'une politesse exquise qu’il avait puisée dans les principes religieux que lui avaient inspiré ses parents.
Son habileté pour l'exercice des armes n'était pas moins admirable. L'empereur Dioclétien qui pensait voir en lui un soutien de l'empire, l’aima avec complaisance, l’éleva successivement aux grades, le créa même un des premiers officiers de son armée, et selon quelques auteurs, le fit tribun, Le courage, la sagesse, la droiture et enfin la conduite de Georges justifièrent bientôt le choix de l'empereur, qui comptait peu de soldats qui lui pussent être comparés. Ainsi Georges, a peine âgé de dix-sept ans, figurait déjà parmi des hommes qui comptaient jusqu'à dix, près de vingt années et même davantage de service, et qui n'avaient pu parvenir aux grades que par degrés.