Réunion du député - 5 août 1891

Girecourt-sur-Durbion. — Une réunion a eu lieu dans notre salle de mairie, hier 2 du courant, à trois heures et demie dn soir, sous la présidence de M. Boucher. Notre sympathique député, entouré de ses amis, MM. Bastien, de Granvillers, le docteur Marlier, médecin à Bruyères, Martin, Just, maire à Aydoilles, et d’une foule de personnes venues des communes environnantes, Dompierre, Padoux, Destord, Gugnécourt, Viménil, Méménil, etc., parmi lesquelles on distinguait presque tous les maires, adjoints, conseillers municipaux, instituteurs, gardes forestiers, facteurs ruraux, etc., a su, comme d’habitude d’ailleurs, tenir sous le charme de sa parole vibrante un auditoire évalué à près de trois cents personnes qui n'avaient pu qu’en partie trouver place dans la salle, trop petite pour la circonstance. C’est pourquoi beaucoup écoutaient du dehors, les fenêtres étant ouvertes pour le renouvellement de l’air.Pendant deux heures, M. Boucher nous a parlé du nouveau tarif des douanes, auquel il a pris une part si brillante. Il a expliqué avec une clarté remarquable les avantages accordés, par ce nouveau tarif, aux producteurs français sur leurs concurrents étrangers. Puis, s’adressant spécialement à ses compagnons d'armes de la fatale guerre, il leur a montré que si, en cette époque néfaste, leurs efforts inutiles n’ont pu que sauver l'honneur de leur chère patrie, la France, bientôt débarrassée des conséquences de l’article 11 du traité de Francfort, pourra envisager l'avenir avec fierté, mais sans forfanterie. Elle, la vaincue d’hier, n’est-elle pas arrivée au point de faire l'admiration de ses voisins ? La visite du tsar à notre escadre à Cronstadt n’est-elle pas une démarche qui nous fait le plus grand honneur ? C’est pourquoi, haut les cœurs ! M. Boucher a terminé la séance en exposant ses vues au sujet du projet de réforme du cadastre, à laquelle son nom sera de nouveau mêlé. Inutile d’ajouter que son discours a été plusieurs fois interrompu par des applaudissements chaleureux, surtout lorsqu'il a fait allusion à l'alliance franco-russe. Puis on a quitté la salle avec regret après avoir accordé à unanimité un vote de confiance à l'éloquent orateur, qui sait si bien remplir son rôle non pas de demi député, comme on a voulu le dire naguère, mais plutôt de député et demi. Et chacun a pu rentrer chez soi, content et satisfait d’avoir assisté à une excellente conférence.
Article publié dans le journal Le Mémorial des Vosges