Syndicat des féculiers - 18 février 1935

Syndicat général des Féculiers de la Région de L'EstOn nous communique :Réponse à la circulaire adressée par M. Lesguillons, président du Syndicat professionnel des féculiers de France, à tous les féculiers de la région de l’Est, pour le contingentement de la fécule de pommes de terre sur la prochaine campagne : « Mon cher Président, « Pour tenir compte du désir exprimé dans votre lettre du 31 janvier, nous avons convoqué à Epinal, le 6 février, simultanément, le bureau du Syndicat des féculiers de la région de l’Est, et le conseil d’administration de la Coopérative des féculeries de l’Est. « Etaient présents : MM. Lecomte, Didier (Moyenpal), Mathieu, Baradel frères, Charton, Didier (Yvoux), Didier Pierre, et moi-même. « Puisque notre enquête s’adresse à tous les féculiers sans exception, on ne pouvait mieux faire que de réunir ces personnalités tout à fait représentatives des 40 et quelques féculeries constituant nos deux groupements. Leur manière de voir est sûrement celle de la presque totalité de leurs collègues. Tous sont d’avis qu'aucun contingentement de plantation de pommes de terre, ni de fabrication de fécule, ne saurait être envisagé tant que l’amidon et les autres succédanés de la fécule, développeront leurs ventes, d’année en année, au lieu de les restreindre ; prenant progressivement la place séculaire de la pomme de terre et de la fécule nationale. « Vous conviendrez que ce serait faire le jeu des produits étrangers et exotiques, que de réduire volontairement la production de fécule, pour leur laisser une plus large place sur le marché. Lors qu'en 1930, nous avons réussi à éliminer les 200000 sacs de fécule hollandaise, les féculiers n’en ont aucunement profité ; tandis que les amidonniers ont vendu 200000 sacs d'amidon en plus. Et cette affirmation n’est pas une « hypothèse ». Elle ressort des termes et des chiffres de la néfaste convention, signée à l’A. F. P. T. A., le 13 septembre 1933, avec l’amidonnerie ; ainsi que de l’ant que décret Méline (26-2-91), qui n’impose au maïs, en admission temporaire, qu'une ridicule réexportation de 47 % d’amidon ; laquelle laisse en France une quantité d’amidon occulte, n’ayant acquitté ni droits, ni taxes. « On attend avec impatience des résultats de « la vérification du contrôle de l’amidonnerie » — promis le 10 octobre, et dont on ne parle plus — pour être fixé sur le montant probable de ces quantités. N’était-ce donc qu’une manière de gagner du temps ? et de fermer la bouche à ceux qui souffrent ? « En tout cas, sans livres ni grimoires, il est d’ores et déjà démontré que le marché est alourdi par de l’amidon qui ne devrait pas s’y trouver ; quels que soient ses origines, quantités, mélanges, noms et prix. Voilà pourquoi la fécule est invendable. « Dans ces conditions, il est inutile de demander aux féculiers de se contingenter. Le contingentement résultera automatiquement de la baisse des cours. « Malgré ces divergences de vue nous espérons être convoqués à l'assemblée générale « extraordinaire » de la Chambre syndicale. Déjà, nous n’avons pas été consultés pour cette fameuse convention de l’A. F. P. T. A., origine de la mévente actuelle. Cependant, notre groupement est le plus nombreux de la corporation. Il semblerait que nous ayant voix au chapitre. Votre circulaire du 8 février tend à supprimer la discussion qui s’impose, et à obtenir « par retour du courrier » quelques adhésions irréfléchies. Peine perdue : les décisions précipitées ne prévaudront pas. « Veuillez agréer, mon cher Président, l’expression de mes sentiments très sympathiques. « L. de MALLIARD. » P. S. — Nos vieilles relations d’amitié me faisaient un devoir de vous dévoiler le fond de nos pensées. Votre circulaire est, pour le moins, une erreur. Comment peut-on demander à des industriels, et surtout à des cultivateurs, de se contingenter avant que les importations de produits similaires, étrangers, aient été totalement supprimés ? sans même faire la moindre allusion au règlement urgent du problème de l’amidonnerie. Ne me reprochez pas d’avoir écrit que les dirigeants de la féculerie ont été « réduits au silence » — en ce qui les concerne la controverse sur le maïs. Si vous entendiez ce qui se dit au champ et à l’usine, vous jugeriez ma traduction bien anodine.
Article publié dans le journal L'Express de l'Est