Le pèlerinage de Saint-Auger - 3 septembre 1936

Le pèlerinage de Saint-Auger
L'oratoire, l’ermitage, le tombeau, la source miraculeuse de saint Auger, à Aydoilles, ont attiré de très nombreux pèlerins dans l'un de ces lieux les plus saints des Vosges. L’origine de ce pèlerinage est du VIIe siècle, comme celle des pèlerinages du vieux Saint-Amé, du Saint-Mont, du petit Saint-Dié, de Malfosse et de la Bonne-Fontaine.La reconstitution de l’épiscopat des Francs fut l’œuvre du prince-évêque de Metz, saint Arnoul, et de Clotaire II, qu’il dirigeait dans l’Assemblée nationale et de Concile de Paris tenu le 15 octobre 614. Comme l’abdication de saint Arnoul a été la cause de celle de saint Auger, de saint Dié, de saint Hidulphe et de saint Gondelbert, il est historiquement vrai que saint Auger est un évêque austrasien de cette époque. Suivant le témoignage de l'antique tradition de Metz et d’Epinal, le roi-pontife saint Goëry, successeur et parent de saint Arnoul, a eu pour coadjuteur saint Auger pour fonder le monastère des Epines, en faveur de sainte Précie et de sainte Victorine, vierges, filles de saint Goëry.Ce témoignage authentique de la tradition a été nié par des personnages de plusieurs époques, dont nous ne voulons pas citer les noms, dans cette annonce du pèlerinage, mais leurs négations n'ont été appuyées sur aucun fait, ni sur aucun document. Saint Auger, saint Goëry, sainte Precie, sainte Victorine sont entrés dans la liturgie des nobles dames d’Epinal, comme le prouvent les Bréviaires et les anciens calendriers d'Epinal, ainsi que l’Induit de Pie VI du 18 février 1788. Il y avait chaque année la fête de saint Auger, le 1er décembre, et celle de sa translation du 27 juin. Il est très regrettable qu’un auteur bénédictin, voulant enrichir les gloires de son saint ordre, en lui annexant plusieurs saints de l'ordre de saint Colomban, s’est servi d’un faux titre pour faire de saint Auger un moine bénédictin. Il a eu malheureusement des imitateurs méritant le nom de démolisseurs de nos saints.Nombreux sont les témoignages de la tradition attestant que saint Auger fut un évêque austrasien, du diocèse de Toul, et attestant l’existence du monastère des Epines, construit vers l’an 632, au milieu des épines et des ruines du château mérovingien d’Aubéron, succédant au castellum gallo-romain de Calvi-Montis, construit par Valentinien I, vers l’an 368.Le susdit castellum était devenu le Chaumontois dont le souverain, bien que tributaire de Clotaire II, était possesseur de la villa Dodanica, c’était alors saint Arnoul, appartenant à la famille royale, gouverneur de six provinces austrasiennes. il céda ce domaine à son cousin, saint Goëry, pour qu’il puisse y fonder le monastère colombaniste des Epines, en faveur de ses saintes Filles.Suivant les témoignages de la tradition spinalienne, saint Auger abdiqua son siège épicospal, à l’imitation de saint Arnoul, pour devenir le coopérateur de saint Goëry et le premier directeur du monastère des Epines. Dans ce but, et suivant la règle de saint Colomban, il construisit son ermitage en bois, et son oratoire avoisinant, à proximité du monastère, aux sources du ruisseau qui porte son nom, près de la voie romaine de Luxeuil au Donon, passant par Aydolium, Distordium et Stivagium, anciennes tribus celtiques. Ainsi donc, en toute vérité, saint Auger, saint Goëry, saint Arnoul sont, non seulement les célestes protecteurs, mais les fondateurs de la ville d'Epinal. Ils en sont la plus grande gloire.Sanctifié par les vertus, par la précieuse mort, par la sépulture, par les miracles de saint Auger, son oratoire devint un but de grand pèlerinage auquel prirent part plusieurs évêques de Toul. De ce nombre furent Jean de Sierk (1297-1305), qui plaça les précieuses reliques de saint Auger dans un sarcophage en pierre sculptée, et qui augmenta le nombre des indulgences accordées par vingt-quatre archevêques et évêques aux pèlerins de saint Auger.Le 3 mai 1513, en faisant la reconnaissance de ces reliques, Christophe, évêque de Christopolis, suffragant de Hugues des Hasards, évêque de Toul, trouva dans le tombeau une inscription en plomb donnant à saint Auger le titre de pontife, inscription conservée au Musée lorrain de Nancy.De l’an 1403 à l'an 1754, les chanoines qui exerçaient le culte dans cet oratoire avaient le titre honorifique de chapelins de Saint-Auger. La translation très solennelle de la plus grande partie des reliques de saint Auger, de son oratoire mérovingien d’Aydoilles dans l'église (actuellement la basilique) Saint-Maurice - Saint-Goëry d’Epinal, eut lieu le 27 juin 1644. Les dames du chapitre, marchant nu-pieds, les gouverneurs d’Epinal, le bailly, les lieutenants généraux, les magistrats, les chanoines, les prêtres, les religieux, les soldats de la garnison formaient le cortège. Deux officiers et deux conseillers de l’hôtel de ville portaient la nouvelle châsse de saint Auger, sous un dais de velours vert orné de passements d’or. Des reliques de ce grand saint furent conservées à l’église d’Aydoilles et à l’antique oratoire. Le sarcophage en pierre sculptée du XIIIe siècle, a été classé parmi les monuments historiques par le ministre de l’Instruction publique et des Beaux-Arts, le 2 mai 1930, M. Paul Léon signant comme directeur général des Beaux-Arts. Curé de Saint-Auger, conservateur et défenseur de sa tradition véritable et de son culte treize fois séculaire, nous invitons nos bons catholiques vosgiens et lorrains à venir honorer saint Auger dans son antique oratoire. Sa protection miraculeuse et perpétuelle ne nous est-elle pas nécessaire, ainsi qu’à nos diocèses et à notre patrie, en ces malheureux temps de crise mondiale où le salut ne peut venir que du ciel ? Trois chemins conduisent à Saint-Auger : celui d’Aydoilles, en longeant les étangs et en pénétrant dans le bois qui porte son nom ; celui de La Baffe, qui est plus ou moins carrossable ; celui de Deyvillers, en remontant le cours du Saint-Auger, depuis la tuilerie de M. Georges Bastien jusqu’à la source.
PROGRAMME DE LA JOURNÉE DU 6 SEPTEMBREA 9 heures : Messe à l’église d’Aydoilles ; vénération de la relique de saint Auger.A 13 heures : Départ d’Aydoilles pour Saint-Auger.A 14 heures : Réunion de tous les pèlerins à l'oratoire. Cantiques. Vêpres. Allocution. Prières. Vénération de la relique de saint Auger. « Credo ». De toute la région on vient à ce pèlerinage pour prier en bon ordre, pour puiser de l’eau à la source miraculeuse, pour implorer, par l'intercession de nos grands saints des Vosges, sans oublier sainte Jeanne d'Arc, le triomphe du Christ-Roi sur les ennemies de la France et de la Sainte Eglise.
Article publié dans le journal Le Télégramme des Vosges le 3 septembre 1936