Comices et politique - 30 août 1888

Comices et politique. — MM. Buffet, Pierre et André, Figarol et consorts assistent pour la première fois au comice de Rambervillers. « Chacun des convives commentait à sa façon, dit le Mémorial, la présence de ces quatre représentants du parti réactionnaire. » Grande ire du Vosgien Si on peut dire ! Quelle indignité. Nos intentions sont pures, M. le Mémorial. Si ces messieurs sont allés à Rambervillers, ç'a été pour se fortifier dans la culture de la... carotte Nous ne faisons jamais de politique dans nos comices....Voici venir la fête du comice de Saint-Dié. MM. Albert et Jules Ferry prononcent des discours.Comme nos députés ont malmené dans leurs harangues, et de la bonne sorte, l’union des conservateurs avec les boulangistes, le Vosgien voudrait bien s’indigner. Mais il n’ose. Il ricane, il rit un peu jaune, c'est vrai, mais enfin il rit.-- Ah ! ah ! M. le Mémorial. La «revenote » est bonne. À notre tour, aujourd’hui. Vous vous étonniez de la présence à Rambervillers de MM. Buffet, Figarol, etc... Mais qu’allaient donc faire à Gérardmer MM. Jules Ferry, Albert Ferry, leurs amis et les amis de leurs amis, je vous prie ?— « Distinguons, distinguons », je vous prie, M. le Vosgien ! car aussi bien, entre nos amis et les vôtres, il existe une légère différence.Et d’abord, MM. Buffet, Ravinel et consorts attaquent le gouvernement établi. Leur plus chère espérance est de le voir mis à mal, renversé et remplacé par une monarchie quelconque, au choix, pourvu qu’elle soit cléricale. MM. Jules Ferry, Albert Ferry et leurs amis, au contraire, défendent nos institutions. Leurs vœux les plus chers sont pour la consolidation, pour le triomphe du gouvernement qui nous régit.C’est déjà quelque chose, mais ce n’est pas tout.MM. Jules, Albert Ferry et leurs amis sont les représentants du peuple français, les représentants des arrondissements, des cantons, des communes qui subventionnent les comices. Vos amis, eux, ne représentent que... leurs propres espérances. Elles sont aussi les vôtres. Ô Vosgien, c'est vrai, chacun ses opinions, mais elles ne sont pas encore, Dieu merci ! et elles ne sont pas encore près d’être celles de la majorité de notre département.Quand vos amis seront députés des Vosges (et nous pensons bien qu'ils ne le seront jamais), ils iront à leur aise se pavaner dans les comices. En attendant qu’ils nous laissent tranquilles !
Et nous passons à un autre ordre d’idées.Boulangisme et orléanisme s'excluent, dit le Vosgien ; les conservateurs n’ont rien de commun avec le boulangisme, qui est un champignon poussé sur le fumier républicain.— Que dites-vous de « champignon » et de « fumier » ? Adorable, exquis, n'est-ce pas, ce « fumier » !Qu’en termes gracieux, ces choses-là sont dites !Mais ce n’est point là la question.« Les conservateurs n’ont rien de commun avec le boulangisme » ? De grâce, Vosgien, laissez-nous rire un instant, car, là, vrai, elle est trop bonne !« Les conservateurs n’ont rien de commun avec le boulangisme » ? On ne s’en serait certainement pas douté, les 10 et 15 avril dernier, à la façon dont les jeunes échappés de votre cercle catholique, braillaient : « Vive Boulanger | c'est Boulange, lange, l’ange... »« Les conservateurs n’ont... etc., »? Et qui est-ce qui a défendu Boulanger à la Chambre ; qui est-ce qui a soutenu sa candidature dans le Nord, dans la Charente, dans la Somme, partout : qui a voté pour lui ? Les républicains peut-être ? il faudrait avoir une certaine audace pour oser l’affirmer. Qui donc alors ? sinon les conservateurs, les députés conservateurs, les journaux conservateurs, les conservateurs et toujours les conservateurs.« Les conservateurs n’ont... etc. » Mais pourquoi diantre alors les curés ont-ils partout engagé leurs ouailles à voter pour le « champignon » ?On pourrait multiplier les exemples. Nous nous arrêtons. Il y a beaux jours que la cause est entendue.C’est égal, mon pauvre Vosgien, il faut que vous preniez vos lecteurs pour de rudes... tout ce que vous voudrez, si vous pensez leur en faire avaler de pareilles.NEMO.
Article publié dans le journal Le Mémorial des Vosges