Comice et politique - 17 août 1888

Comice et politique. — Il arrive au Mémorial une bien réjouissante aventure. Il a trouvé extraordinaire de rencontrer au comice... agricole de Rambervillers, réunis avec M. de Ravinel président, la plupart de ses anciens compagnons d’infortune électorale : les Buffet et les Figarol. Il y avait dans ce fait quelque chose d’inusité et de caractéristique, et le Mémorial, — comme c'était son droit et son devoir, — ne s’est pas gêné pour le dire.Eh ! bien, il paraît que le Mémorial aurait dû s'abstenir de faire ces réflexions. Pourquoi ? Je vous le donne en mille ; le Vosgien nous l’a dit à deux reprises : parce que le Mémorial avait pris place, suivant l'invitation habituelle, — une place bien gagnée par le travail de la presse, — au banquet démocratique qui sult la fête du comice. Nous ne nous attendions pas à celle-là ; et si le président, notre adversaire politique, à la courtoisie duquel nous ne pouvons que rendre hommage, avait entendu par le fait seul de la présences de notre collaborateur M. Lecoanet, au banquet, entraver notre liberté d’appréciation, nous ne doutons pas qu'il ne nous l’eut fait savoir, ou plutôt qu’il aurait réservé exclusivement ses places à MM. Buffet frères, Figarol et leurs amis. Cependant, comme le Vosgien, qui est de la maison, a peut-être quelqu’autorité en cette circonstance, nous ne saurions ne pas nous incliner devant ses objurgations, et nous tenons à la disposition des organisateurs du banquet du comice agricole la somme de 2 fr. 50 et d’autres centimes en plus s’il y a lieu, pour payer l'écot du représentant du Mémorial.Ceci suffit à montrer comment le Vosgien entend les convenances et de quel côté elles seraient si par cas, en cette affaire, ses patrons l’entendaient comme lui. Mais voyez si c’est avoir peu de chance. Est-ce que M. Figarol ne s’avise pas de venir à la rescousse et de reprendre pour son compte personnel, en les amplifiant, les griefs du Vosgien ? Nous n’avons pas fait à M. Figarol l'honneur de le prendre séparément à partie : nous avons associé son nom à ceux de ses autres compagnons d'infortune électorale et politique, voilà tout ; pourquoi répond-il donc seul, isolément, à une imputation d'ordre politique ? Le silence des autres à côté de son verbiage justifie nos appréciations ; voilà ce qui ressort de plus clair de la lettre intempestive de M. Figarol au Vosgien.Mais M. Figaro] tenait à faire savoir qu’il était délégué par ses collègues de la société d'Emulation au comice de Rambervillers, — il paraît que le Vosgien l'ignorait comme nous, — c'est son ami M. Figarol qui le dit. Et cependant ce n'est pas la faute de M. Figarol, car la société d’Emulation des nouvelles recrues Bouloumié, Ravinel et des autres amis n'oublie jamais d’expédier M. Figarol au comice de Rambervillers, ou au comice d’Epinal, ou au comice de Mirecourt. Il est universel cet homme : à lui seul il représente la société d'Emulation des Vosges tout entière, et tout le monde est unanime à reconnaître qu'il est arrivé à cultiver supérieurement, dans les vastes champs d'expérience des comices, la carotte électorale.D'ailleurs M. Figarol ne se met pas en peine de le contester ; au contraire, il reconnaît son faible pour ce genre de culture, et, si nous y avons trouvé à redire, réplique-t-il sans artifice, — « c’est que nous n’avons pas la confiance assurée dans le succès de nos protégés ou de nos protecteurs, aux élections prochaines. ». Au contraire, M. Figarol a confiance dans son succès et dans celui des siens, par la vertu électorale de ses pérégrinations agricoles. Merci au compagnon désormais inséparable des Ravinel et des Buffet junior de nous donner si complètement raison.Tout finirait bien là si M. Figarol n'avait oublié de retourner la plume entre ses doigts, avant d'écrire à la suite du Vosgien, une légère impertinence. Que le Vosgien ait contesté notre droit de critique par le fait que, comme toutes les autres années, le Mémorial se soit assis au banquet du comice, c’est de la discussion dont le goût peut être diversement apprécié ; mais qu’à cette occasion, — et sans aucune espèce de motif qui lui soit particulièrement personnel, — M. Figarol se permette de vouloir nous donner des lecons de savoir-vivre et de convenance, c'est ce que nous ne saurions lui permettre.Nous avons la prétention d'être au moins aussi bien élevé que M. Figarol ; et nous n’avons pas besoin, pour la justifier, d'en chercher d'autre témoignage que le passage de sa lettre au Vosgien que nous venons de relever et qu'il serait maintenant superflu de qualifier. F. A.
Article publié dans le journal Le Mémorial des Vosges