Incendie - 9 octobre 1888

Société d'Emulation des Vosges. — Hier soir, à une heure et demie, a eu lieu, dans le grand salon de l'Hôtel de Ville, la séance publique et solennelle de la Société d’Emulation des Vosges. M. Ohmer, président de la Société, ancien maire d’Epinal, présidait. Il était assisté de M. Purnot, secrétaire général de la préfecture, représentant le préfet des Vosges, et de M. Maud’heux, avocat au barreau d’Epinal. Etaient présents: MM. Le Moyne, directeur des postes et télégraphes, et Burel, conservateur des forêts, vice-présidents ; Mangin, directeur des contributions indirectes, trésorier ; Haillant, avoué, secrétaire; Lebrunt, ancien président ; Huot, ancien maire d’Epinal ; Figarol, Châtel, Chevreux, Ganier, Gley, et un grand nombre de membres de la Société.La séance ouverte, Me Derazey, avocat au barreau d'Epinal, a prononcé le discours d'usage, tâche échue, d’après la coutume reçue dans la Société d’Emulation des Vosges, au membre élu le dernier de l’année.Le sujet choisi par le jeune sociétaire était : L'abbaye de Belval, monographie intéressante au plus haut degré pour les amateurs d'archéologie et d'histoire locale, mais peu faite, on en conviendra, pour passionner le grand public. La tâche était aride ; il fallait, pour la bien remplir, colliger de nombreux documents, compulser des parchemins poudreux... M. Derazey s’en est tiré à son grand honneur.Le dernier élu de l’année ne doit pas seulement prononcer le discours d'usage, c’est lui encore qui est appelé à adresser à la mémoire des membres défunts quelques paroles de regret, et aux membres nouveaux quelques mots de bienvenue. La Société Emulation a perdu, en l’année 1888, MM. le docteur Chevreuse, de Charmes ; le docteur Cosserat, de Padoux ; le docteur Forquignon ; Gasquin, proviseur du lycée de Reims ; Léon Krantz; maire de Docelles ; Lahache, juge de paix à Clary ; Oustry, conseiller d'Etat, ancien préfet des Vosges ; Pellerin, imagiste à Epinal ; Lepage, archiviste de Meurthe-et-Moselle.Les rangs de la Société se sont, par contre, grossis de MM. Couturier, docteur en médecine ; Fricotel, imprimeur; Gazin, inspecteur des forêts ; Mieg, industriel ; Volmerange, garde général des forêts, membres ; Masson, docteur à Mirecourti ; Moret, aux grands moulins de Charmes, membres associés ; Marcelin, aide-major à Rambouillet ; Morel, receveur particulier à Vitry ; Riston, avocat à Malzéville, membres correspondants.— M. Figarol, féculier à Aydoilles, était chargé du rapport de la commission d'agriculture. En littérature, fut-elle agricole, — comme en politique, du reste, — M. Figarol est un classique. Si ses idées politiques remontent à l’heureux temps des perruques à marteaux, sa façon d'envisager les choses des champs est bien de l’époque des bergers à houlettes et des « bergeries ». Son rapport est, d’un bout à l’autre, une idylle gracieuse et bien tournée, à la façon de Me Deshoulières ou bien encore de Virgile et de Théocrite.Tityre, tu, patulæ recubans sub tegmine fagiSylvestrem tenui musam meditaris avena.« Nous l'avons choisie, cette retraite désirée, au penchant d’un coteau, non loin d’un ruisseau ou même d'une rivière, assez proche de la ville pour attirer la visite d'un ami, assez éloignée pour que les indiscrets et les ennuyeux (il y en a partout) ne nous obligent à les garder, malgré que nous en ayons, à notre table ; elle est entourée d’un jardin où... »C’est frais, c'est coquet, c’est bien dit. Pourquoi M. Figarol ne borne-t-il pas son ambition aux églogues ?— M. Paul Chevreux, notre laborieux et sympathique archiviste, a rédigé et lu le rapport de la commission d'histoire et d'archéologie, Cela lui revenait pour ainsi dire de droit.Le rapport de M. Cheveux, qui a le grand mérite d’être sobre et concis, est tracé à grands traits. Nous en détacherons ce passage :« À l’occasion du centenaire de 1789, sur l’invitation de M. l'inspecteur d'académie et guidés par lui, les instituteurs communaux ont entrepris, avec une ardeur que rien ne lasse, de décrire la vie de leurs villages aux siècles passés. Bien qu'on aît demandé seulement de retracer l’état des communes à la veille de la Révolution, sorte de statistique : rétrospective, beaucoup de maîtres ont dépassé le programme et ont entrepris une monographie complète de leur commune... »Ces monographies, bâties par les instituteurs communaux, seront, comme le disait si justement notre collègue Juvenis, les véritables livres d’or de nos communes vosgiennes.— C'était à M. Le Moyne, directeur des postes et télégraphes, qu'était échue la tâche de « signaler les mérites des personnes auxquelles la Société d’Emulation a décerné des récompenses sur la proposition de la commission des sciences et de l’industrie ». Il l’a fait, dit-il, très rapidement, et, ce qu'il ne dit pas, avec un tact exquis et une haute compétence.— M. Ganier, juge d'instruction, l'artiste distingué, le président dévoué, l'organisateur entendu et zélé de nos expositions locales et de nos concerts des beaux-arts, a lu le rapport de la commission des beaux-arts. Le rapport de M. Ganier serait à citer tout entier, si nous n'avions eu maintes fois, dans le cours de cette année et des années précédentes, l’occasion de dire tout ce que nous pensons de l’œuvre de la commission à laquelle M. Ganier n’a cessé de donner sa direction éclairée. Nous avons publié de nombreux articles sur l'exposition de 1886, à la salle Lagarde, sur l'exposition de 1888, au concours régional, dans le « palais » de l’industrie et des arts. Nous avons dit quelles difficultés l’on avait dû surmonter, de quels succès avaient été couronnés les organisateurs. Nous avons fait un exposé succinct, une critique sommaire des œuvres exposées. Nous n'avons pas besoin d’y revenir à propos du rapport de M. Ganier.
Article publié dans le journal Le Mémorial des Vosges