Chronique agricole - 18 septembre 1887

Chronique agricoleLa récolte des pommes de terre. — On nous écrit à ce sujet que nos cultivateurs font trop tôt la récolte des pommes de terre. L’arrachage ne devrait pas se faire avant le 5 octobre, dans le cas contraire, en les arrachent en ce moment, le tubercule n’est pas arrivé à complète maturité et n’a pas atteint par conséquent son maximum de richesse en fécule, ni son meilleur goût.La récolte trop avancée a d’autres sérieux inconvénients : la pomme de terre trop tôt cueillie se conserve beaucoup moins et pourrit vite dans les caves ; ainsi l’arrachage pratiqué en ce moment fait perdre au cultivateur un quart de sa récolte, soit par l’insuffisance de développement du tubercule, soit par le défaut de maturité complète, indépendamment de la qualité. La semence s’en ressent aussi considérablement, car c’est au défaut de maturité de la pomme de terre qu’il faut s’en prendre si dans trop de cas et sur de trop grands espaces la plante ne lève pas.Cependant le cultivateur ne procède pas ainsi pour les céréales et autres produits de la terre : il y apporte moins de précipitation et ne fait sa récolte que lorsque le blé, l’avoine sont arrivés à complète maturité. Qu'il fasse de même pour la pomme de terre, et tout le monde s’en trouvera bien, lui tout le premier. Que les préoccupations des premiers travaux de la culture et les semailles d'automne ne l’empêchent pas de réaliser les conditions inséparables d’une bonne récolte des pommes de terre ; il peut mener les deux choses de front. En transportant à l'avance ses engrais sur les champs avant l’ensemencement, il peut gagner du temps dont il peut faire profiter le tubercule qui a besoin encore, en ce moment, d’une quinzaine de séjour dans la terre pour acquérir toutes les qualités désirables de rendement et de bon goût.
Nous recevons la communication suivante, qui confirme les lignes qui précèdent : Epinal, 16 septembre 1887.« Tout le monde sait, par expérience, que la pomme de terre, arrachée sans être complètement mûre, est d’une mauvaise conservation en cave, d’une qualité incomplète et peu propre à une plantation nouvelle. Cette année surtout, elle se trouve dans des conditions très défavorables ; les tiges sont aussi vertes qu’au mois de juin et sont encore en partie en fleurs ; pour que la maturité soit à peu près complète, il faudrait ne pas commencer l’arrachage avant le 5 octobre. En attendant jusqu’à cette époque, non seulement on trouverait la qualité, mais une quantité équivalente à un quart en plus.« Un comité de féculiers vient de se constituer à Epinal afin de s'entendre avec toute la féculerie des Vosges pour ne recevoir leurs pommes de terre qu’à partir de l’époque indiquée ci-dessus. Ce comité invite tous les féculiers soucieux de leurs intérêts à vouloir bien se rendre à Epinal, le mercredi 21 septembre, jour de foire, à 10 heures et demie du matin, au café Arnould, pour s'entendre définitivement sur cette question.« Ceux qui ne pourraient pas se rendre à cette réunion sont priés d'adresser leur adhésion soit à M. J. Guilgot, à M. Mangin-Bresson, à Epinal, ou à M. A. François, féculier à Buzegney. »
Article publié dans le journal Le Mémorial des Vosges