Un assassiné qui se porte bien - 5 février 1920

Aydoilles
Un assassiné qui se porte bien. — Lundi matin, M. le procureur de la République recevait une lettre, non signée bien entendu, l’informant qu’une tentative d’assassinat, suivie d'un vol avait été commise sur la personne d’un nommé Lallemand, âgé de 62 ans. Ce dernier, disait la lettre, était dans le coma et on ne savait s’il en reviendrait.La gendarmerie d’Epinal, prévenue immédiatement, se rendait donc mardi à Aydoilles pour procéder à une enquête... mais en fait de drame, c’est une comédie pittoresque qu’elle découvrit. Lallemand se portait comme un charme... et la lettre était de lui.Voici les faits : Lallemand vivait en concubinage depuis 24 ans avec une fille Schumaker. La maison q’habitait le couple était louée au nom de la femme qui, pour être encore mieux, chez elle, avait obtenu de Lallemand la vente de sa part de mobilier. Logement et meubles lui appartenaient donc entièrement. Ayant, depuis un an, des relations avec un nommé Roussel, de Fontenay, elle se crut enceinte et le mariage fut décidé. On proposa à Lallemand l’idée d’un ménage à trois, mais il refusa et acheta une maison à Fontenay.Or, vendredi dernier, en rentrant de Bruyères, où il était allé voir son notaire, Lallemand trouva porte de bois. Il pénétra chez lui par la cave et s’aperçut que des paquets étaient faits par les soins de sa maîtresse. La lumière se fit... Il s’aperçut qu’il était roulé et sortit en criant « au voleur » et en tirant un coup de revolver en l’air. Puis il s’en fut sur la route. Chemin faisant, il rencontra la fille Schumacker qui rentrait accompagnée de Roussel.Une discussion s'engagea, vite suivie d’une bataille d’où Lallemand sortit légèrement égratigné au sommet de la tête, et Roussel mordu à la joue gauche.Puis tout le monde rentra chez soi.Et voilà fidèlement rapportée l’affaire du crime d’Aydoilles, qui se termine pour l’assassiné Lallemand par des poursuites pour fausse déclaration à la justice auxquels s’ajouteront sans doute les délits de tapage nocturne et de coups réciproques.Vraiment, il n’a pas de chance !
Article publié dans le journal Le Télégramme des Vosges le 5 février 1920