Violent otage - 4 juillet 1897

— Un violent orage, accompagné d’une sorte de trombe d’eau, s’est abattu sur Epinal dans la nuit du 2 au 3 ; en un instant les rues ont été transformées en ruisseaux, beaucoup de caves ont été inondées.Le même orage, accompagné de grêle, a sévi sur Aydoilles, Fontenay et Méménil ; dans la première de ces-trois communes, une veuve Duc est morte de saisissement.
Article publié dans le journal Le Nouvelliste des Vosges
Des orages se sont déchainés cette nuit de vendredi à samedi, sur Epinal et les environs. Partout, la pluie est tombée abondamment ; plusieurs villages ont souffert de la grêle.À 10h.12, à Epinal, un violent coup de tonnerre fait trembler les vitres. La pluie tombe droite, à larges gouttes, sans être chassée par le vent. Au bout d’un quart d'heure, ce premier orage a disparu. Mais un autre lui succède bientôt, il vient du sud. A ce moment tout l'horizon est en feu. Les éclairs se succèdent sans interruption ; le nord, l’ouest et le midi flamboient.Cette fois, le vent est de la fête; une violente bourrasque précède la pluie qui tombe bientôt par paquets.Les rues sont transformées en ruisseaux.De Laufromont, d’Ambrail, de Saint-Michel, de Chantraine, des Brosses et du Chemin-des-Princes, l’eau arrive par torrents. Elle entraîne du sable et des débris qui obstruent rapidement les trop rares bouches d’égout que ne recouvre pas la plaque de tôle qu'on y voit d'habitude.Nous avons entendu ce matin beaucoup de personnes qui s’étonnaient que ces plaques n’eussent pas été toutes enlevées.Rues Haute, de la Maix et Lormont, le flot gagne les trottoirs, se glisse dans plusieurs caves et rend visite au magasin de M. Blondeau, coiffeur.Sous le pont du chemin de fer, rue de Chantraine, s'amasse une couche de sable de vingt-cinq centimètres. Par la rue de la Tabagerie arrive un flot de boue mêléé de gravier qui recouvre toute la chaussée du faubourg d'Alsace, de la tannerie Haffner à la maison Brenière. La rue de la Pelle et la ruelle de Laufremont sont ravinées ; ce n'est plus que trous et bosses.Dans un jardin, à l'angle des rues Thiers et Lefèvre, l’ouragan a brisé un arbre. Le carrefour formé par ces deux rues et celle des Jardiniers était inondé ; on ne pouvait plus le franchir.Rue Cour-Billot, il y a eu jusqu’à trente centimètres d'eau.Mais nous n'avons pas eu de grêle. Malheureusement, il n’en est pas de même à Aydoilles, Fontenay, Méménil. Des grêlons énormes, des morceaux de glace, ont saccagé les récoltes, détruit les potagers et les vergers. À Aydoilles même, une veuve Duc est morte de peur chez son gendre, M. Thévenot, cantonnier.À Fontenay, beaucoup de maisons ont été envahies par les eaux. Des porcs et des veaux surnageaient dans les écuries et les étables.À Dounoux, il est tombé un peu de grêle ; les céréales sont couchées ; mais on ne croit pas que la récolte soit beaucoup compromise.A Archettes, à Jeuxey, pluie seulement, des champs ravinés. Sur le marché d’Epinal, ce matin, on disait que des champs de pommes de terre, à Archettes, avaient été entraînés dans la Moselle.
Article publié dans le journal Le Mémorial des Vosges