M. de Ravinel malade - 10 septembre 1889

M. DE RAVINEL MALADEM. de Ravinel est toujours sérieusement malade chez M. Figarol, à Aydoilles. Le médecin ne s’est pas encore prononcé sur la gravité du mal. Le baron restera au moins trois semaines alité.M. Henry Boucher doit être le premier à regretter cette maladie. Dans un combat, quand l’adversaire n’a plus tous ses moyens, on lui permet de reprendre sa garde. Le candidat républicain serait assez chevaleresque pour attendre, l'arme haute, que M. de Ravinel fût sur pied ; mais la date du scrutin ne saurait être reculée. Au reste cette inflammation de la plèvre n’empêche pas le baron de rédiger une circulaire aux électeurs. Couché, il combat encore. Il écrit pis que pendre des républicains.J'aimerais autant, pour mon compte, que la plèvre du baron n’eût pas été atteinte ; car les monarchistes ne manqueront pas d’invoquer cette maladie pour excuse, le 23 septembre, quand ils auront à annoncer la défaite de leur candidat.Un vif mouvement d'opinion républicaine s’est manifesté dans les trois cantons de Bruyères, Châtel, Rambervillers. Le résultat est certain d’avance; aussi, mieux vaudrait pour nous que le baron fût debout. Il sera battu non parce qu'il a été surpris à Aydoilles par une pleurésie, mais parce que la cause monarchique est malade dans la circonscription.Je fais des vœux pour que M. de Ravinel se rétablisse. Malgré les ardeurs de la lutte, je ne pousse point la barbarie jusqu’à estimer, avec certain empereur romain, que « le cadavre d’un ennemi sent toujours bon ».Le journal qui défend à Epinal M. de Ravinel ne manquera pas d'insinuer que je me réjouis secrètement de cette pleurésie. Quand on accuse les gens de déloyauté et de mauvaise foi parce qu'ils n’insèrent point des lettres dont on ne leur a aucunement demandé l’insertion, et quand ensuite on atteste sa bonne foi en omettant d’enregistrer leurs explications, on est bien capable de dénier à son prochain toute galanterie.D'aucuns voient toujours chez autrui la mauvaise foi et la discourtoisie. Ils me rappellent ce soldat à qui un camarade avait frotté la moustache pendant son sommeil avec de la... vanille. Le barbouillé trouvait que, partout, à la caserne, dans la cour et sur la promenade, cela puait la... vanille. Gui.
Article publié dans le journal Le Mémorial des Vosges