Société d'Emulation - 27 décembre 1864

— Les conférences et lectures à Epinal ont commencé samedi dernier. M. Figarol, par le charme de sa parole brillante, a donné à cette soirée d’inauguration un éclat inattendu. On fut émerveillé de posséder, dans une modeste ville de province, un homme digne par son talent de s'asseoir dans une chaire de Faculté. Il faut dire aussi, à la louange de la population, qu’elle fut très empressée d’accourir à cette fête de l'esprit, et que la foule compacte qui se pressait dans le grand salon de l’Hôtel-de-Ville, écouta cette parole, qu’elle entendait pour la première fois, avec un recueillement parfait.Il y avait là des hommes de tout rang et de toute fortune, et une large place était occupée par bon nombre de nos belles dames, jalouses d'affermir, par l'exemple de leur zèle, le goût naissant du public pour de libérales récréations.Ce que l’on admira surtout dans la leçon que nous donna M. Figarol, c’est le tact et la légèreté de main. M. Figarol possède l’étendue des connaissances, la sûreté de goût, l’élégante correction et la sage mesure que donne seul l’enseignement ou la pratique de l’Université ; mais, à ces qualités, il joint une facilité, une décision et une ferme aisance que ne donne aucune école : elles sont les heureux dons de la nature.En finissant, M. Figarol fit observer que l’acteur, aux comédies de Plaute, se présentait au public, la pièce finie, et lui disait après l’épilogue : Plaudite. Pour moi, poursuivit M. Figarol, ce que je vous demande, Messieurs, ce n’est pas d'applaudir, c’est d'accorder à toute la série de nos conférences la bienveillante attention dont vous avez honoré celle d'aujourd'hui. Quoi qu’il dût advenir par la suite, on commença par applaudir. Espérons aussi que le vœu formulé sera entendu du public d'Epinal. Il y aura contagion de saine curiosité ; et puis, à l'intérêt de curiosité succédera un intérêt plus noble, inspiré par le goût des choses mêmes qui seront enseignées.Certes, après cet éclatant débat, il n’est pas possible de douter que l'institution des conférences à Epinal ne soit quelque chose de très solidement établi.
Article publié dans le journal Le Courrier des Vosges