Une concentration religieuse à Saint-Auger - 6 septembre 1922

Aydoilles
Une concentration religieuse à Saint-Auger. — Les pèlerins de Saint-Auger ne furent pas moins vaillants que ceux de Domrémy, et ils ne furent jamais aussi nombreux que cette année, depuis près de cinquante ans.Dès neuf heures, de pieux fidèles arrivaient d’Epinal, de Grandvillers, de Dompierre et des environs, pour glorifier les trois glorieux pontifes : saint Goëry, saint Auger et saint Anoul, dont les reliques sont le trésor de l’antique église d’Aydoilles. Les pèlerins apportaient de magnifiques bouquets de fleurs et des bougies pour ornementer les autels.A neuf heures trente, une très belle musique se fait entendre ; c’était, croyait-on, celle d’un régiment d’infanterie qui traversait la bourgade. Les tambours et les clairons s’harmonisaient, avec autant d’art que d’éclat, aux pas redoublés enlevés magistralement par tous les instruments. On reconnut bien vite que cette musique rassemblait à celle des poilus, mais qu’elle n’était pas jouée par des lignards. Le brave artiste, qui avait contribué, à Aydoilles, à la création de la musique militaire du 2e bataillon du 43° régiment d’infanterie territorial, en février 1915, réussit à former, à Saint-Laurent, une nouvelle société musicale où les jeunes et les vieux rivalisent de talent et de généreux dévouement. Ce charmant et adroit organisateur s’appelle Eugène Leboube. Sa famille a été bien éprouvée à Moyenmoutier, un obus a blessé son épouse et son plus jeune fils, mort, au champ d'honneur.Ses amis d’Aydoilles furent très heureux de faire le plus cordial accueil au président, M. Meyer, au chef de musique, M. Leboube, aux sociétaires et aux musiciens de Saint-Laurent, qui venaient faire leur pèlerinage à Saint-Auger. Après un prélude et une sonnerie de clairons devant le monument commémoratif d’Aydoilles, la belle musique de Saint-Laurent fit entendre ses plus beaux morceaux d’harmonie pendant la messe solennelle ; on constata bien vite que M. Leboube et que son beau-frère Alphonse étaient deux virtuoses comme piston et bugle. Cette, cérémonie fut une manifestation solennelle de la reconnaissance des Aydoliens, des Spinaliens et de tous leurs voisins envers ces célestes protecteurs qui les avaient préservés du pillage et de la dévastation des barbares. Ce fut le thème du premier sermon de M. le Curé à la grand’messe.Le pèlerinage au tombeau, à l’oratoire et à l'ermitage de saint Auger eut lieu l’après-midi, à quatorze heures. Une foule de toutes les paroisses d’alentour faisait un vaste demi-cercle autour des fermes. Les pèlerins se massaient près de la source miraculeuse, ils venaient ensuite vénérer la précieuse relique de saint Auger, dont l’autel venait d'être enrichi d’une nappe très artistement brodée, en ex-voto de reconnaissance au thaumaturge Pontife. M. 1'abbé Maire, curé de Jeuxey, et M. l’abbé Simon, curé de La Baffe, prêtaient leurs concours à M. le Curé de Saint-Auger. M. Leboube, M. Meyer et les vaillants musiciens de Saint-Laurent avaient surmonté les fatigues d’un double voyage pour joindre leurs pieuses mélodies au parfum surnaturel des vertus de saint Auger, que l'on respire dans cette ravissante solitude, parfum qui fera toujours du bien aux âmes.La mission de saint Auger n’est pas terminée. Le saint Pontife anachorète ne veut pas encore se reposer au paradis ; il veut faire tomber une pluie de grâces sur les Austrosiens du vingtième siècle qui doivent accomplir ces gestes de Dieu. Cette considération fut l’objet du second discours, prononcé en plein air par M. le Curé d’Aydoilles. Les cantiques, les vêpres, les andantes et les allegros de la musique de Saint-Laurent, réalisèrent religieusement le programme du pèlerinage, favorisé par le temps.A. M.
Article publié dans le journal Le Télégramme des Vosges le 6 septembre 1922