Association vosgienne de Paris - 19 janvier 1894

Association vosgienne de Paris. — Le premier banquet annuel de l’Association vosgienne de Paris, pour 1894, a eu lieu le mercredi 10 janvier, dans les salons Corazza, sous la présidence de M. le général Thomas.Parmi les convives : MM. Jules Méline, président de l'Association ; Demange, avocat à la cour d’appel, vice-président ; Daubrée, directeur des forêts ; Ponscarme, professeur à l’école des Beaux-Arts ; le peintre Monchablon ; Legras, directeur des verreries de St-Denis ; Jouve, publiciste ; Masure, père et fils ; Ch. Marteau ; Eusèbe Jacquemin, conseiller général ; Henry Mutel, avoué au Tribunal civil de la Seine ; Louis Fleuret, agréé ; le commandant Merciolle ; Charles Georgeot, publiciste ; les capitaines Montémont et Girardon ; les docteurs Liétard, Albert Colin et Goubert ; les lieutenants Herqué et Guichard ; MM. Foissard, Mathis et Fombaron, Villemin, Figarol, Maire, Petitnicolas, Edouard George, Picard, Zeller, Dennery, etc., etc.Au dessert, M. le général Thomas a prononcé une courte mais très émouvante allocution dans laquelle, après avoir formulé les vœux de tous pour la prospérité des Vosges et de l'Association, il a bu « à la santé de tous les Vosgiens, enfants de la frontière, sentinelles avancées de la France, pour qui le patriotisme est un culte et une vérité éternelle. »Ce toast a été chaleureusement applaudi par les bravos des convives.Le Président de l'Association, M. Jules Méline, a ensuite pris la parole pour exposer les travaux du comité depuis la réunion de novembre. Il rend compte de la très heureuse et très forte progression des adhésions nouvelles, qui s'élèvent à 103 pour l'exercice écoulé au 1er janvier 1894 ; mais il y a, dit-il, une ombre douloureuse à ce tableau ; car l'Association a fait des pertes très sensibles et M. Méline est ainsi amené à rappeler le décès de M. Albert Ferry, dont la mort, survenue depuis la dernière assemblée générale, porte à 16 le nombre des sociétaires décédés en 1893. « Je ne dirai rien ici, ajoute-t-il, de l’homme public : tout a été dit sur l’admirable unité de sa vie, sur la noblesse et la fermeté de son caractère. Ce qui nous appartient en lui, c’est le Vosgien. Albert Ferry possédait au plus haut point cette simplicité de mœurs et ce désintéressement qui sont les principales qualités de notre race ; grand chasseur et grand promeneur, il aimait à se trouver au milieu de nos belles forêts des Vosges qui convenaient si bien à sa nature altière et indépendante. Il n’a poursuivi ni la fortune ni la gloire, il s’est contenté de remplir son devoir et de donner le bon exemple ».M. le Président rend compte ensuite des opérations qui constituent le but même de la Société. Il insiste notamment sur la manière dont le comité envisage les questions d’assistance ; elles consistent avant tout à assurer le rapatriement dans les Vosges, à pratiquer l’assistance par le travail, et à ne distribuer les secours en argent qu’en désespoir de cause et dans les cas d’absolue nécessité. À cette occasion, M. Méline rend hommage au dévouement, au tact et à l’habileté de l'agent délégué de l'Association, M. le commandant Merciolle, qui centralise le service des demandes d'assistance et se livre, pour chacune des infortunes qui s'adressent à la Société, à une enquête dont le soin dépasse de beaucoup celui qu'apportent dans leurs services les inspecteurs ordinaires de l’Assistance publique. [| apporte lui-même dans ces fonctions une énergie qui, en dépistant les manœuvres de la mendicité professionnelle, est la meilleure garantie d’une distribution efficace des secours ; mais en même temps cette énergie s’éclaire elle même d’un grand sentiment de philanthropie qui en adoucit la rigueur au mieux des intérêts de tous. (L’unanimité des convives a salué de ses applaudissements ces éloges si mérités.)M. Jules Méline s'explique sur les efforts dirigés par le comité dans le sens de l'assistance par le travail qui permet de mettre les indigents à l’œuvre, et par cela même de les juger. Cette idée donne même lieu à un mouvement qui semble s’accentuer à Paris vers la fédération des associations de bienfaisance, pour centraliser les offres d’emploi et éviter le cumul des aumônes sur les mêmes têtes. Le comité a eu son attention appelée sur le projet de fédération et se réserve, le moment venu, d'examiner les conclusions d’une commission d'initiative qui fonctionne actuellement.Après avoir félicité le trésorier, M. Fleck, sur l’excellent état des finances de l’Association, M. Jules Méline en arrive à la question annuelle du renouvellement du comité.Trois membres devaient sortir, mais MM. Marcel Aubry et Joseph Méline ayant donné leur démission en raison de leur obligation d’habiter loin de Paris, il ne restait qu'un nom à tirer au sort. Le hasard, plus malencontreux que jamais, a désigné M. le capitaine Montémont. Le comité a alors pensé que son règlement particulier devait exceptionnellement céder devant l'intérêt général et, comme le lui permettent les statuts, il a décidé de vous proposer la réélection de M. Montémont. Il faut dire, en effet, que ce dernier a présenté une quarantaine d’adhésions nouvelles parmi les 103 recueillies ceite année par l’Association et qu’il continuait encore son apostolat pendant le congé de convalescence qui a suivi l'accident dont il a été l’héroïque victime dans l’incendie de l'avenue Philippe-Auguste.Les deux membres élus par le comité sont : un ancien, M. Emile Mourot, un des membres de l’Association qui a placé le plus de Vosgiens sans travail ; et un nouveau, M. Henry Boucher, dont tout le monde connaît le zèle et l’activité infatigables. M. Méline soumet ces choix à la ratification de l’assemblée qui leur fait le plus sympathique accueil.M. le président porte en terminant, et aux applaudissements de tous, un toast au capitaine Montémont et à tous ceux qui apporteront comme lui chaque année quarante adhésions à l’Association.La soirée a été particulièrement animée. Le statuaire Ponscarme a entonné « La Vosgienne », accompagné par le peintre Monchablon, et les convives se sont séparés vers minuit en se donnant rendez-vous au banquet du 14 mars prochain.
Article publié par le journal Le Mémorial des Vosges