Grande manifestation religieuse - 3 mai 1923

Aydoilles
Grande manifestation religieuse de toute la Région
Depuis le 8 avril, une foule de plus en plus nombreuse se pressait chaque jour dans l’église d’Aydoilles. Un très vénérable missionnaire français, gloire de la Congrégation du Très Saint Rédempteur, considéré comme l’un des plus grands orateurs de la Sainte Eglise, et comme un saint, le Très Révérend Père Dunoyer, prêchait, dans cette paroisse une mission de trois semaines. Bien que septuagénaire, sa parole ardente, énergique, très claire et très juste, captivait tous les cœurs. Il avait pour collaborateur, un très noble et glorieux missionnaire rédemptoriste de Bruxelles, le R. Père de Jamblinne de Meux, décoré de l'ordre de la Légion d’honneur de Léopold, de la croix de guerre et de la Croix de l’Yser. Fils et neveu de plusieurs officiers supérieurs belges, il s’était distingué pendant toute, la guerre comme aumônier titulaire du 4e régiment de chasseurs à pied et du 14e rég. d’artillerie de la brave armée belge. Sa belle éloquence n’était pas atténuée par les douleurs de sa blessure.M. le Chanoine Barjonet, curé doyen de Bruyères, présida, le 10 avril, à la consécration de la mission à Notre-Dame du Perpétuel Secours, dont 350 images furent distribuées à autant de fidèles. Aux grandes conférences réservées aux hommes, les 15 et 22 avril, plus de 250 hommes vinrent recevoir autant de croix de mission. Un millier de fidèles reçurent des médailles, scapulaires et des images variés ; car les communes voisines amenaient chaque soir des groupes de pieux assistants. Plus de sept cent bougies furent consacrées à deux splendides illuminations, aussi vastes que le chœur de l’église ; on y remarquait huit étoiles et des inscriptions en lettres de feu. Chaque matin, une assistance nombreuse et de plus en plus grande venait écouter les remarquables instructions des missionnaires.Aux réunions générales du soir, l’église bien que de grande dimension et à trois nefs, ne pouvait contenir tous les fidèles. Tous, d’un cœur et d’une âme, enlevaient magnifiquement les cantiques de mission et offraient à Dieu et à Notre Dame leurs instantes suppliques. Presque tous les hommes furent heureux d'être gratifiés d’un chapelet. Cent vingt hommes, non compris les jeunes, s’approchèrent des sacrements, avec toutes les femmes, à peu d’exceptions près ; il y avait là de très nombreux retours.Mais la plus grandiose manifestation fut l’exaltation triomphale de la grande croix de mission, dans l’après-midi du 29 avril.Les trente artistes musiciens de la « Ste Jeanne d’Arc », de la paroisse de Saint-Laurent étaient venus rehausser la cérémonie par leurs éclatantes mélodies. Sous l'habile direction de leur excellent chef, M. Eugène Leboube, les andantes et les allégros se succédèrent à la messe, aux vêpres, et surtout à la grande procession dans tout le village. Les rues étaient pavoisées de drapeaux, de guirlandes, de petits autels, surtout le quartier de la tuilerie de M. Georges Bastien. Plus de quinze cents personnes prirent part à cette belle manifestation, dirigée par les Pères Missionnaires, Par M. l’abbé Tart, curé de Fontenay, et présidée par M. l’abbé Maugenre, curé de la paroisse. Les associations paroissiales, bannières en tête, se succédaient avec ordre ; elles étaient séparées par des groupes portant les belles châsses de Saint-Auger, de Saint- Goéry et de Saint Arnoul, le tableau authentique de Notre-Dame du Perpétuel Secours, la statue de Saint-Georges, patron de la paroisse, la bannière de Saint-Nicolas et le Drapeau du Sacré-Cœur.Sur un beau lit de parade, le grand Christ de la Mission était porté par huit hommes, se faisant un honneur de contribuer à son exaltation et à sa gloire. Ces porteurs se rechangeaient à tour de rôle. Devant eux, la musique jouait des marches de procession, dont les morceaux alternaient avec les cantiques et les suppliques de tout le peuple. Derrière eux, marchaient le clergé et des groupes compactes d’hommes et de femmes, avec leurs bannières.Bien émouvants furent les discours prononcés ensuite dans l’église par le Très Révérend Père Supérieur et par son vieil ami curé de la paroisse. L’émotion grandit à l’audition des beaux compliments, adressés aux missionnaires par Mlle Marie Guidat, déléguée par les familles.La délicatesse de ses expressions et de ses sentiments et l’éloquence de sa voix claire et pénétrante furent le charme de la clôture. C’est dans son discours que les Aydoliens et que les autres assistants apprirent que, s’ils avaient été favorisés par le choix des missionnaires, dont Dieu s’était servi pour opérer tant de merveilles pendant cette mission, c’était grâce aux vertus héroïques du Très Révérend Père Dunoyer, préférant la continuation de son apostolat universel à l’épiscopat qui lui fut offert par Son Eminence le Cardinal Perraud. Son souvenir restera aussi impérissable dans la région que celui de Saint Pierre Fourier qui prêcha la mission à Aydoilles en 1607.
Article publié dans le journal Le Télégramme des Vosges le 3 mai 1923