Exposition industrielle - 29 juin 1888

EXPOSITION INDUSTRIELLEQu'on nous permette d'émettre, avant d'entrer dans le détail du deuxième groupe, une légère observation, avec un vœu facile à exaucer. On a transformé une partie de notre vieux cours en une espèce de parc ou de jardin anglais ; on y a tracé des allées gracieuses, des pelouses de formes variées ; on y a installé des fontaines et des jets d’eau. C’est fort bien. Mais est-ce que tout cela va disparaître, l'exposition terminée ? Est-ce que, dans deux mois, on va en revenir à l’ancien état de choses ?Notre promenade du cours, sans doute, a pour elle la voûte magnifique de ses tilleuls séculaires, la fraîcheur que lui donne le voisinage de la Moselle et la vue splendide qu'offre aux regards son cadre de montagnes. Mais elle n'a que cela. Ses allées droites et parallèles sont d’une insupportable monotonie ; ses pelouses, la plupart du temps, sont comme veuves de gazon.Ne serait-il pas possible de conserver le jardin anglais de l'exposition industrielle ? En créant quelques bosquets, en plantant quelques jeunes arbres dans ses pelouses nouvelles, en alimentant son jet d'eau, on aurait, sous la main, au milieu du cours même et à peu de frais, un coin de promenade des plus agréables.Nous connaissons la sollicitude de nos édiles pour leurs concitoyens ; nous sommes persuadés qu'ils se feront un plaisir de réaliser le modeste vœu que la majorité des Spinaliens fait avec nous.Ceci dit, venons-en au deuxième groupe. Il comprend les pierres, les minéraux, la grosse céramique, les matériaux de construction, les produits chimiques et pharmaceutiques, la parfumerie, les pommades, les onguents, etc.Voyons d'abord ce qui intéresse la construction. M. Vitu, d'Epinal, a monté au petit Champ-de-Mars une scierie des plus intéressantes. Elle est d’une installation fort simple et peut se transporter facilement ; on la campe aisément, paraît-il, au beau milieu d’une coupe, en pleine forêt. Une locomobile, un moteur d’une pièce, une immense scie circulaire, un chariot avec ses deux cursives ; voilà tout le matériel ; avec cela, on débite, en un rien de temps, les plus gros arbres, les chênes les plus durs.Les travaux en ciment de M. Tripier, de Venarey-les-Laumes (Côte-d'Or), sont remarquables. Il faut visiter ses margelles de puits, ses sections d'égoût, ses tuyaux, ses dalles, ses statues, ses vases et ses socles en tout genre, chaque objet étant d’une seule pièce.La marbrerie est représentée par les monuments de M. Bayenet, à Epinal, et par les marbres de M. Piot, à Vesoul. Il faut noter, de M. Bayenet, un monument d’un ensemble vraiment artistique : une pyramide de marbre blanc, ornée d’un bouquet de fleurs finement sculptées et surmontant un socle de granit rose corail des Vosges.Pour la grosse céramique, nous avons: MM. Martin, fabricant de tuiles à Aydoilles ; Foinant (une mention pour sa presse à tuiles toute en terre cuite), tuilerie de Lerrain ; Heulluy, de Golbey.Nous nous permettons de recommander aux habitants de Saint-Dié M. Bernard, d’Epinal, entrepreneur de travaux en asphalte ; ils pourront, grâce à lui, remplacer avantageusement leurs trottoirs en pierres pointues.M. Kiefer, coiffeur à Epinal, expose des ouvrages en cheveux qui méritent l'attention : un cadre d’une remarquable finesse d'exécution, des perruques invisibles, montées sur tulle-cheveux ; des coiffures fantaisie de toutes sortes ; sans compter un assortiment complet d'objets de parfumerie. M. Guery, coiffeur également à Epinal, a tout une collection de perruques, de bandeaux, de chignons, de bretons, de nattes, de frisettes, de « cache folie ». MM. Kieffer et Guery ont tout ce qu'il faut "Pour réparer des ans l'irréparable outrage."Nous ne voulons pas abandonner le deuxième groupe sans citer les onguents pour pieds de bestiaux de M. Arquevaux, à Nancy ; les bois de M. Lhuillier, à Dompaire ; les plantes sèches et vertes de M. Brésilley, à Busy ; les huiles à graisser de la maison Bloch frères, à Epinal ; les coffres-forts incombustibles, tout en fer, de M. Séliquer, à Blâmont ; les matériaux de construction de M. Renaud, à Nancy ; les décolorants et les désinfectants de M. Saint-Laurent, à Reims ; le carbolinoleum de M. Martin, à Saint-Dié ; les pavés de M. Richard, à Vittel ; les ardoises et les couvertures de M. Saint-Amand, ardoisier à Epinal ; le kiosque octogone en bois découpé de M. Varry, à Jarville ; les produits chimiques de la maison Xardel frères, à Malzéville...(A Suivre.)P.S. M. Singrün nous prie d'annoncer à nos lecteurs que les turbines Hercule dont il est dépositaire sont en acier, en bronze et en fonte, et non en tôle rivée, et qu’il garantit la pression maximum indiquée sur ses prospectus.
Article publié dans le journal Le Mémorial des Vosges