Tour Blanche 1959, Clos des petits croux 1992, La Turque 1991, les médaillés honorés !

Ceux qui ont lu attentivement l'introduction de ce site ont compris que le vin est une facette de ma personnalité, l'autre étant le sport de haut niveau. J'ai en effet eu le bonheur de pratiquer la gymnastique artistique 30 heures par semaine pendant des années. Le haut niveau est un monde à part qui m'a permis de vivre une vie bien différente des autres enfants. C'est une incroyable aventure humaine qui a forgé ma personnalité et aujourd'hui, quelques années plus tard, je n'ai rien oublié et je n'oublierai jamais.

 Je suis toujours en contact avec la gymnastique grâce à mon métier, et certains champions avec qui je me suis entraîné sont encore en activité...L'un d'eux vient de décrocher le très convoité titre de champion d'Europe il y a 2 semaines, un autre a également obtenu ce titre ainsi que celui de vice champion olympique l'an dernier. Quant au 3éme présent ce soir, non content d'être médaillé de bronze aux JO de Pékin, il est sur le point d'ouvrir une cave à Noisy Le Grand !!!! Comment donc ne pas leur rendre hommage ce soir avec la complicité de mon ami Libe ? Nous avons choisi des vins que nous aimons pour leur originalité et leur complexité. En cuisine c'est la famille Vavro qui fait des merveilles. Une soirée inoubliable !

Je suis juste un peu inquiet sur ma capacité à juger correctement les vins , car lorsqu'on vient de boire Yquem 1921, 1945, 1967 quelques heures avant, c'est dur de revenir sur terre...

CHARLES HEIDSIECK " La Royale " 1966

Le nez hyper puissant trouble tout le monde: On perçoit le jus de viande, ainsi qu'une odeur très nature presque soufrée de cantillon... A l'aération il prend de la complexité sur les agrumes. En bouche on est dans le registre de Juhlin...La finesse avec une minéralité tranchante. Un archétype de mon  millésime favori pour les Champagnes.  Le cordon est à point, donnant au vin un côté aérien et frais. Le citron , le cointreau et la craie me réjouissent et pour une fois je crois que je le goûte mieux que le reste de l'assemblée.... Il fallait juste attendre 20 minutes que le vin s'ouvre dans le verre. Je trouve aussi que mon velouté de lentille citronnée répond en tout point à ce champagne majestueux. 95/100

TAITTINGER Comtes De Champagne Rosé 1976

Dès la première seconde, je sais que je n'aimerai pas ce vin. Pourtant , c'est l'un de mes rosés préferés... Je garde un souvenir ému du 1971. Le nez presque chimique m'évoque le citron des bonbons piquants et le troène. Mais c'est surtout cette odeur de vieille barrique qui me pose problème. En bouche c'est la même chose. De plus, le peu de parfums passant au dessus de cette pollution m'agresse. Il se boit quand même... 86/100

POUILLY FUISSE Clos Des Petits Croux  1992 Guffens

Le nez explose du verre sur la paille, la pomme au beurre poelée et le silex. En bouche, la minéralité décoiffe grâce à cette impression de frotter la langue sur de la craie et des pierres cassées. On note également des odeurs de clairière humide et d'agrumes frais. La finale est somptueuse et fait saliver. Je pense qu'il rejoindra un jour les légendes produites par Ferret dans les années 50 et 60. 96/100

MEURSAULT PERRIERES 1992 Comtes Lafon

Le but est de faire plaisir aux cuisiniers, amoureux fous de ce millésime mythique ! Le nez semble dire que Dominique Lafon a pris quelques leçons chez Ramonet : La pomme très mure, le beurre, ainsi qu'un boisé bien présent mais luxueux. La bouche offre une nervosité surprenante sur ce millésime. On perçoit la peau d'orange, le citron confit et la volvic en finale. Je ne peux résister à la tentation du classement tant la confrontation directe est intéressante. Contre toute attente, Mâcon gagne haut la main ce soir...Le plat me donne également une sacrée émotion. En effet, la raie et "perle du Japon" est à tomber ! 94+/100

LA GRANDE RUE 1978

Après 2H30 d'aération, le vin livre tout son potentiel. Une fois encore , ce cru très décrié étonne. Le nez est même superbe avec de la fumée, de la framboise, puis le cassis et sa feuille avec une touche de groseille ; Quelle gourmandise. Benoît ne s'en remet pas ; Le pinot aussi séduisant, il ne connaissait pas ! En bouche on retrouve à nouveau la fumée puis les petits fruits rouges. Le seul bémol est pour la finale qui sèche un peu. Le 95 /100 n'était pas loin... Par contre il faut que Monsieur Meadows regoûte le 1962 , car 93/100 au 78, je comprends mais le 62 (même note) est d'une perfection telle qu'il ne semble pas issu du même terroir que ce 78...Il y a un monde d'écart ! 94/100

CHÂTEAU COS D' ESTOURNEL 1982

Ce Château est l'un de mes favoris sur ce millésime mythique. Après une longue aération, il offre un nez puissant d'herbes sèches, de pivoine, d'anis et de cuir. La bouche crémeuse à souhait est un peu en retrait actuellement au niveau de la complexité: Café, cacao et chêne racé. Laissons lui le temps de s'accomplir et d'aller inquiéter les 1ers crus classés... 94+/100

CÔTE RÔTIE LA TURQUE 1991

Le nez, comme toujours chez Guigal, explose sur la fraise, la violette et les herbes grillées. Par contre, je ne retrouve pas l'extrême complexité de La Mouline 1991: Pas d'odeurs de braise et de jambon fumé. La bouche massive et crémeuse est réjouissante, grâce aux arômes de prunes, de fumée et d'épices orientales. Il y a quelque chose de Bordelais dans ce vin. Mais une fois encore , il se situe un ton en dessous de sa soeur, en particulier dans la finale trop stricte pour mon palais. Ne touchez pas à vos bouteilles avant au moins 6 ou 7 ans. 95/100

CHÂTEAU LA TOUR BLANCHE 1959

C'est bien sûr le vin qui m'inquiète le plus...Comment va t' il se comporter et pouvoir lutter contre les plus grands Yquem du 20e siècle que je viens de boire ce midi. J'ai peur de ne pas l'apprécier à sa juste valeur. Immédiatement  je suis rassuré, le nez est d'une race incroyable. Il me pousse les narines !

On perçoit tour à tour la mandarine et le pamplemousse primeur ainsi que le jus de pêche. Il n'a vraiment rien à envier à Yquem 1955 par exemple. En bouche il offre une belle liqueur, sans le rôti hallucinant du Roi. Par contre il compense cette "faiblesse" par une fraîcheur que je n'ai jamais rencontré en Sauternes. On pourrait presque boire la bouteille seul ! L'unique bémol vient de cet alcool un peu trop brûlant en finale qui lui fait rater de peu une entrée dans mon Top 10 Liquoreux. 96/100

Quel bonheur de discuter en compagnie des gymnastes les plus titrés de l'histoire de ce sport. On refait le monde en prenant du plaisir. Il n'y a rien que j'aime plus au monde que de régaler des amis sans rien attendre en retour. Bon, c'est pas tout mais ce week end extraordinaire m'a épuisé, il est tant d'aller au dodo. Vivement la prochaine !