Margaux 1959, Gilette "Crème de Tête" 1937... Les Vavro là où on ne les attend pas !

La chance n'a jamais été de notre côté lorsque nous avons tenté de convertir les Vavro aux vins anciens. A part quelques grands liquoreux  tels Climens 1947 ou Château De Fesles "Chapelle" 1947, les vieux flacons nous ont souvent fait faux bond en leur compagnie. Une malédiction ? Il faut croire que non, car les Vavro nous font la surprise et l'immense joie de prendre les choses en mains en nous servant des ancêtres en parfaite forme ! Un pied de nez, certes, mais quel bonheur !

CHAMPAGNE HENRIOT "ENCHANTELEURS" 1988

Le nez, ouvert, est déjà puissant sur la fougère, les herbes humides et la brioche noisettée. En bouche, il m'évoque au départ un 1996 tant il est jeune et fougueux. On perçoit des arômes d'agrumes et des herbes. C'est un champagne très fin encore bien jeune pour l'instant. 93+/100

RIESLING "CLOS ST HUNE" 1997 Trimbach

Le nez est somptueux, saturé d'agrumes et de diesel. La bouche est tranchante comme un poignard, avec des arômes de clairière humide, de minéraux et de jus de citron. Un bébé en devenir ! 93+/100

PULIGNY MONTRACHET "COMBETTES" 1964 Carillon

Alors là, on tape dans la rareté absolue ! Qui peut prétendre dénicher de tels bijoux actuellement ?! Le nez explose du verre sur la morille, le caramel au lait, l'iode et l'amande amère. Quelle complexité !

En bouche, le festival tertiaire continue avec du mousseron crémeux, du beurre fondu et du caramel brun citronné. Un très grand Chardonnay et sans aucun doute l'un des grands Puligny de ma vie ! 95/100

CHÂTEAU MARGAUX 1959

Les senteurs sont d'une pureté inouïe. Le charbon, la griotte, la peau de lapin, la cendre puis la prune et la griotte. Épatant ! En bouche c'est une danseuse : Cerise-griotte à l'eau de vie, anis, ainsi qu'une belle minéralité. Un boisé luxueux ajoute encore au charme de cet élégant Rive Gauche. Par contre, il faut le boire en moins de 30 minutes pour saisir toute la subtilité de sa palette finalement proche d'un grand Pinot... Certainement l'un des vins que je choisirais pour montrer à un étranger ce qu'est la finesse légendaire et inégalée des vins français. Un des millésimes oubliés de Parker, pourtant supérieur au 1961. 96/100

CHÂTEAUNEUF BEAUCASTEL "Hommage à Jacques Perrin " 1990

Enfin un grand Beaucastel ! J'ai tellement été deçu par ce domaine que, parfois, je me surprend à rêver d'en goûter en compagnie d'un grand critique, mais à l'aveugle bien sûr... Je suis sûr qu'il perdra 1 ou 2 étoiles. Bon là il faut bien avouer que c'est superbe. Un nez de cendre, de fourrure, de lys, de liqueur de fraise et de framboise ; le tout agrémenté d'une touche de violette et de chêne ancien. En bouche, il est très enveloppé et glycériné avec des arômes de réglisse, de burlat et de jus de viande fumée. Je m'incline car c'est un grand Rhône Sud 1990. Pas le meilleur, mais dans le peloton de tête, assurément. 96/100

MUSIGNY VV 1989 De Vogüe

Le nez un peu timide rappel le cuir, l'épicéa et la grenadine. C'est en bouche que le bas blesse... L'acidité et l'amertume bloquent net l'évolution du vin. Que c'est strict ! On perçoit péniblement la myrtille et le boisé sec. Que se passe-t'il ? La réponse de la Bourgogne à Ausone 1982... 89+/100

CHÂTEAU GILETTE "CRÈME DE TETE" 1976

La première fois que j'ai bu ce vin, cela avait été une formidable déception. Cette fois c'est pire!

Le nez est agréable grâce à ses parfums de raisins, de colle Cleopâtre et d'amande amère. Mais la bouche est typée 1/2 liquoreuse, avec une grosse amertume très désagréable qui contracte l'arrière de la langue. Il est de surcroît un peu monolythique avec un corps maigrichon. On ne peut pas dire que ce vin soit mauvais, mais il est pénible. 88/100

CHÂTEAU GILETTE "CRÈME DE TETE" 1937

La couleur ambre liquide est magnifique. Le nez m'évoque le caramel brun, l'orange sanguine et la gaufre au sirop d'érable, avec une touche de vieux champignons qui disparaît à l'aération. En bouche, l'ouverture de cire et de morille est réjouissante, tandis que le milieu s'étire sur le caramel trop cuit et la pomme qui accroche dans le fond de la gamelle. Le sucre légèrement digéré donne un vin à l'élégance indéniable mais, une fois encore, c'est cette amertume en finale qui me dérange. Je trouve qu'elle se substitue trop à la complexité. Certains diront que c'est cela le cachet de Gilette et je ne pourrai pas vraiment les contredire. On dira donc que ce n'est pas mon style de mythe, même si je reconnais volontiers que c'est grand. Je l'attendais depuis des années, alors mille mercis au clan Vavro !!! 95/100

Le repas ne fut pas en reste comme vous pouvez le constater sur le diaporama... L'association Vavro et votre serviteur a fait des étincelles. Quelle journée!