Quilceda creek 2002, Marcassin Pinot 2003,  ou une autre façon de découvrir the big apple...

New York 10 ans plus tard... Après avoir découvert the big apple à la fin des années 90, je me demandais ce que j'allais découvrir en ce début de 21 éme siècle ; Comment cette ville, qui ne dort jamais, avait elle surmonté le traumatisme de 2001 ?

J'y ai trouvé une ville, qui comme  le peuple américain, a choisi  de continuer à vivre sans réellement rebondir.

En effet, je ne m'attendais pas à trouver une locomotive à l'arrêt. Le monde entier fantasme sur ce coin branché du monde, influencé par des séries telles Sex & The city, mais pourtant la belle  semble s'être endormie.

Le plus grand magasin du monde est d'une ringardise à mourir, et je suis sûr que de l'autre côté de l'atlantique, Harrods est mort de rire... Une des  boutiques de luxe les plus prestigieuse n'avait que moi pour seule compagnie...Certains musées sont interdits aux moins de 10 ans... Avant le vol en avion, on fouille le doudou de ma fille en oubliant de vérifier toutes les lotions de ma trousse de toilette. Et la mode n'est pas ici ! Quant à la notion de produit de qualité, elle est toujours aussi lamentablement absente de l'alimentation.

 Ground 0 n'est toujours qu'un chantier,tandis que beaucoup de choses sont en panne. Que se passe t'il ???

 Se pourrait il que la France si critiquée ne soit pas si mauvaise que ça ? Est'il possible que Paris négocie finalement mieux que les autres son entrée dans le "futur" ?

Pire, les Parisiens ne seraient ils pas plus branchés que les New Yorkais par hasard ?!?

Allez, n'oublions pas tous ces incroyables immeubles, les magnifiques collections du "Metro" , du MOMA , les ongles de pieds et de mains parfaitement soignés des américaines, l'accueil irréprochable des restaurants, la gentillesse des gens,les audacieuses galeries d'art , les plus belles caves du monde et tant d'autres découvertes qui font de cette ville une incontournable de la planète...

Mais tout cela ne répond pas à la grande question que je me pose : La vinification a t'elle changée depuis les années 50, un 100 Parker est il vraiment aussi grand que nos "supers 1ers crus" ? Réponse ou plutôt semblant de réponse à la fin du voyage...

Dès le premier jour, ma femme panique : J'entre dans une cave, et je repars avec un 100 Parker ...Elle seule sait que je suis parfois capable de griller le budget vacances dès le premier jour. C'est devenu une blague entre nous depuis le jour où, dans le sud de la France, nous étions tombés dans un restaurant qui possédait un Clos Vougeot 1945 du Château de La Tour. Vrai gamin, impossible à raisonner, j'avais dépensé la moitié du budget prévu dès la 1ère heure des vacances...Qui dit mieux ?

Cette fois elle sait que j'ai potassé de longs mois, que les choix sont faits et que les caves ont été sélectionnées via Wine searcher. Donc le premier soir dans la chambre d'hôtel nous commençons en fanfare :

QUILCEDA CREEK Cabernet 2002

Puisqu'il faut faire des choix, j'avais décidé de commencer le voyage avec ce monument de l'est américain. Le seul 100/100 Parker de ce côté du pays. Le vin est noir, je n'ai jamais vu ça de ma vie. On dirait de l'encre qui coule...L'étiquette annonce 15° !!!

 Le nez bien ouvert m'évoque un grand Languedoc extrait comme le Clos des Truffiers. On perçoit la réglisse, l'épicéa, la myrtille écrasée, la mûre, et la cacahuète. Par la suite on note du menthol et de la figue fraîche. La bouche est d'une hallucinante puissance, presque une sauce. Ma femme souffre en silence. A côté, une cuvée réservée 2001 de la Vieille Julienne me semble désaltérante... C'est la première fois de ma vie que je bois littéralement de la réglisse parfumée de violette. La sensation de sucre résiduel n'est pas loin , mais finalement, OUF ! le vin reste sec. La finale de chocolat aux fruits noirs et d'anis poivrée est dantesque ... C'est presque imbuvable, mais il faut reconnaître que la personnalité est là quand même.Pour les curieux, la réponse est oui ! Je préfère de loin nos vins de garage, puissants certes, mais pourtant plus élégants et digestes. 94+/100

MARCASSIN PINOT NOIR VINEYARD 2003

Le Pinot mythique vinifié par le couple Turley-Wetlaufer, véritables stars, outre atlantique. Wine Advoacte et Spectator sont unanimes : Perfection...

Les 14,3 ° signalés sur le flacon me font un peu peur tout de même ; J'ai toujours pensé que ce cépage ne supportait pas une transformation en grenache...

Le nez est très expressif grâce aux parfums de patisserie étrangères, d'apple pie, de cannelle, de prune et de braise. Mais cette explosion n'est pas dénuée de lourdeur malheureusement. L'attaque en bouche est très puissante et me paraît presque sucrée, encore plus que les nouvelles générations de cuvées prestiges du Rhône. Le 4 épices, l'anis étoilée, la confiture de mûres, et toujours cette sensation de réglisse fondue. J'ai la vague impression  que cela me rappelle quelque chose : Ha oui, un pot de Nutella. Je suis impressionné, et j'aime, mais dès la troisième cuillère, je suis écoeuré. C'est dur de finir la bouteille. Je comprends les amarteurs de puissance et leur 99/100, mais je ne me range pas de leur côté. Par contre je ne condamne pas ce vin , loin de là, car il est monstrueux. J'attends simplement de voir comment il peut vieillir. A l'aération le nez s'affine et rappelle certains Musigny "technologiques", mais la bouche reste identique. 94/100

DIAMOND CREEK Gravelly Meadow 1984

Direction l'Alto et sa cave mythique constituée en seulement 5 ans !!!! Je choisis ce vin, car Michel Bettane le cite dans son Top 10. C'est le seul vin étranger qu'il classe. Je suis intrigué.

Le nez, impeccable, bien ouvert, offre un bouquet de truffe, d'anis, de cuir et de cèdre. On nage à Pauillac. La bouche me rappelle un Lafite 1983. Tanin soyeux, sous bois et cassis avec une accroche en finale qui ferait presque lorgner du côté de Pradeaux. C'est franchement bien fait, mais je suis déçu par son manque d'identité. Bref, c'est trop Français ! Je préfère largement un Montelena 1974 et sa gamme aromatique "endémique". Aux USA , je veux boire du vin possédant un cachet unique. Les clones m'intéressent moins, et au risque de choquer, je préfère les excès du Quilceda creek. 94/100

IRON HORSE 2004

Le mousseux le plus célèbre des Etats unis. Assemblage de 68% de Pinot et de 32 % de Chardonnay. Le nez encore très marqué par l'élevage est agréable et parfumé d'anis puis d'agrumes. La bouche plutôt élégante offre un cordon intense, ainsi que des arômes de pêches, de réglisses et de citrons. La finale semble moins minérale que nos Champagnes. 88/100

MARLBOROUGH PINOT NOIR Momo 2008

La Nouvelle Zélande a peut être un climat frais, car ce vin est très proche du style de nos Bourgogne. Nez extra de myrtille, de framboises, et de ronces. La bouche est une dentelle minérale, épicée, et fruitée. c'est la cuvée de base, attention ! 89+/100

DOMAINE DE CHEVALIER Blanc 1955

Cette fois, direction le Véritas, restaurant possédant peut être la plus belle cave du monde. On y voit encore des Roumier remontant aux années 50, des Rousseau jusqu'en 1923, des DRC 1929, et des cuvées rares de Jayer en 1978, 1985, des Roty anciens, tous les Bordeaux mythiques en magnum ( Mouton 1945, Lafleur 1945....) les vins étrangers les plus rares. Bref de quoi y passer des heures !

J'ai envie de boire un blanc. Les domaine de chevalier blanc de plus de 40 ans, je n'en ai jamais trouvé. Des laville ou des Haut brion oui, mais celui ci non . 1955 est une de mes années préférée en rouge, et elle est encore plus légendaire en blanc. C'est parti.

Le niveau est Mi épaule+. J'hésite. Comme vous le savez, après d'innombrables déceptions sur des vins anciens de ce niveau, je me suis fait une règle de ne plus en acheter, sauf cas exceptionnel, lorsque je connais la traçabilité exacte. La couleur est belle, c'est mon anniversaire, je ne résiste pas et viole ma propre règle.

Au premier nez, je crois avoir perdu. Le vin me paraît vieillissant. En bouche, il est d'une droiture très impressionnante, et cette minéralité ! Avec une telle bouche le nez va se reveiller, c'est obligé.

 Au bout de 20 minutes, le miel et l'amande sont là, je suis content. Au palais, c'est un beau mariage d'écorce d'orange, de noyau de pêche, et de noisette. La finale granitique et safranée se marie plutôt bien aux cuisses de grenouilles du chef français. Le seul bémol qui explique un peu ma note, est que ce vin ne semble pas vieillir. Je m'explique... J'ai toujours eu du mal à comprendre ce Graves , et j'étais persuadé de le boire trop tôt. Pour ceux qui ne connaissent pas, Domaine de Chevalier est un blanc de garde, strict et minéral dans sa jeunesse. 50 ans plus tard, je le retrouve toujours assez austère avec une gamme aromatique qui n'a pas bougé. En clair, je le trouve dur dans sa jeunesse, et je constate que le long vieillissement n'apporte rien de plus. Alors oui, c'est délicieux, mais non ce n'est pas mythique. 93/100

Un vin chaque soir à New York, une semaine sainte ! De retour en France, j'appelle les amis, il faut goûter le vin que j'ai rapporté !

TAITTINGER Hans Hartung 1986

Bouchonné jusqu' à l'os ! Ca commence mal... NN

CORTON CHARLEMAGNE 1973 Latour

Le nez de coquillages, d' asperges vertes, de foin et d'agrumes jaillit du verre. WOW ! La bouche, gourmande à souhait est d'une ampleur décoiffante. Le citron, la rhubarbe sucrée, les épices offrent un couple acide-liqueur de légende. La finale de zeste piquant est marquante elle aussi. Nous calons sur le millésime. Cette fois ce n'est plus un secret, 1973 est superbe en Champagne, et j'ose, mythique et supérieur aux 78 et 79 en Chardonnay. 96/100

CHÂTEAU PAVIE DECESSE 1969

Bouchonné jusqu'au trognon ! Décidément... NN

BEAULIEU VINEYARD CABERNET PRIVATE RESERVE Georges De Latour 1974

Le domaine pionnier des Etats Unis, admirés de tous, Broadbent en tête ...Ils ont eux aussi leur "1947", c'est 1974. Curieux, non ? Il est dégusté à l'aveugle, et bien sûr tout le monde part à Bordeaux. J'entends "quelle fraîcheur... ou encore élégant ! ". L'étiquette annonce 12,3° ceci expliquant peut être cela. Cette fois, je retrouve l'identité américaine, avec ces parfums frais d'eucalyptus, de pastis, de caramel brun, et de griotte puis de ronces. La bouche est une dentelle de groseilles et de tabac, avec l'épice d'un Grenache, et la fleur d'un Pinot. J'aime !  95/100

DE VENOGE BLANC de NOIR Années 70

Un domaine que j'adore et cette rare cuvée de Pinot... Le nez est encore génial : Brioche au lait et sirop d'agrumes. La bouche est d'une finesse qui donne le sourire tandis que la fougère et le zeste nous régalent de longs instants. 92/100

Cette petite virée Outre atlantique m'aura permis de constater que nos vins restent insurpassables. La voie dans laquelle s'était engagée les USA depuis les années 50 me plaisait beaucoup, mais il semble que la course au degré alcoolique, soit moins mon truc. Les années diront si ces cuvées pourront un jour dépasser leurs aînés de 74 par exemple... La semaine prochaine rendez vous avec les vins d'une vie...

Remarquez la couleur du Corton Charlemagne 1973 : Quelle jeunesse !