Taittinger Collection 1981, 1982... Lolive arrivera-t'il à boucler la série ?

Une soirée chez Lolive est déjà une expérience en soi, mais lorsqu'en plus il s'attaque à la série des "Collection", l'expérience devient révélation ! Et si quelques fois certaines dégustations sont un peu trop cérébrales et scolaires, je peux vous assurer, qu'ici, le maître de cérémonie sait détendre l'atmosphère... Bref, une soirée unique comme lui seul peut les orchestrer !

En début d'après-midi, Lolive me laisse un message, car les deux premiers vins sont morts. Il souhaite avoir quelques conseils... Je sais qu'il saura parfaitement gérer seul cet incident, et je décide donc de ne pas le rappeler. J'ai bien fait !

HERMITAGE 1959 Gombert De Loches

Le nez impeccable délivre des parfums subtils de cire, de miel et de fruits macérés. La bouche offre une entame sèche, assez caractéristique des vieux Hermitage. La trame minérale est stricte, tandis que la fougère et les épices tapissent agréablement la langue. A point. 91/100

HERMITAGE Chante Alouette 1959

Superbe match, n'est-ce pas ? Ici, le nez est beaucoup plus explosif, offrant un récital de croûton, de foin, de beurre fondu et de légumes d'hiver. La bouche, brutale, tranche avec le précédent : Bâton de réglisse, miel et fruits pochés qui se poursuivent dans une finale dépassant les 30 secondes. Il n'est pas au niveau du somptueux 1955, mais l'esprit est le même. 95/100

CHAMPAGNE Spécial Club 1978 Roland Champion

C'est la première fois que je goûte cette rare sélection appelée "Spécial Club". Elle n'est élaborée que dans certains millésimes, par une rare poignée de vignerons. Le nez magnifique dévoile une palette assez complète de noisette, de tarte à la crème, de clairière et d'agrumes confits. La bouche ne fait pas dans la dentelle grâce à un cordon intense, agrémenté d'une acidité piquante très désaltérante. Citron, écorce et herbes humides sont au programme de ce grand flacon. 94/100

CHAMPAGNE TAITTINGER Collection Arman 1981

Le nez est une ode à ce grand millésime pourtant trop souvent oublié. Le bouquet virevolte sur le miel, la fougère, la pomme granny et la fumée. La bouche est une perfection d'anis, de fenouil, de fruits jaunes pochés puis de figue. Richard Juhlin avec son 89/100 est totalement passé à côté. On est effectivement en face de l'un des trois plus beaux exemples de collection. 96/100

CHABLIS MOUTONNE 1984

Le nez à maturité m'évoque la guimauve, le toast et les agrumes. La bouche possède une belle colonne vertébrale alcoolique très étonnante dans ce millésime déplorable. On note des arômes de marc de café, de citron confit et d'écorce. Voilà qui donne très envie de découvrir ce monopole sur une immense année. 92/100

CHÂTEAU OLIVIER Rouge 1982

Au départ, les odeurs de rafle et de poussière sont peu engageantes mais, rapidement, il s'améliore sur le poivron vert, la mûre sauvage et le chêne humide. En bouche, ce château souvent décrié se tient plutôt bien. Les baies et la prune nous rappellent la grandeur de ce millésime à Bordeaux. 87/100

CLOS DES LAMBRAYS 1988

Soyons honnête, il me faut faire amende honorable. Je l'avais goûté dix ans plus tôt, déjà en compagnie de Lolive. C'était un bon vin que je trouvais pourtant trop austère et rigide pour espérer le boire un jour comme il s'est présenté à nous ce soir. Les parfums jaillissent du verre sur la griotte, la rose, la grenadine nuancés d'une pointe de tabac. La bouche possède encore cette pureté monastique exhalant les épices et les petits fruits rouges. Il manque encore un peu de soyeux pour atteindre la note magique ! 93/100

CHATEAUNEUF LA MORDOREE 1990

A l'aveugle, le nez de diesel, d'herbes grillées et de mûre ne nous trompe pas une seconde. La bouche est confiturée et alcooleuse mais décidément trop monolithique pour pouvoir me passionner. C'est curieux car ce vin ne semble pas vieillir. On le croirait encore en cours d'élevage. 89/100

CLOS DE LA ROCHE 1997 Cathy Peirazeau

J'avais aussi bu ce vin il y a une dizaine d'années, en même temps que le Clos des Lambrays 1988. C'est assez rare pour être signalé, mais la chance était avec moi, car mon premier essai fut le bon : Je trouvais à l'aveugle, le nom du domaine, le cru et l'année. Les parfums sont caractéristiques de ce millésime que j'aime tant : une explosion de mûre, de tarte à la myrtille et de cerise noire. La bouche reprend en boucle ce très beau thème en y associant la ronce et la brindille de cassis. 92/100

MAZOYERES CHAMBERTIN 1998 Camus P.&F.

Le nez de cacahuète, d'épices et de grenadine me rappelle plutôt un vin du Sud. La couleur est pourtant bien celle du Pinot mais cette fois, l'exercice de l'aveugle m'est fatal. La bouche déséquilibrée offre une grosse charge d'alcool où l'on ne perçoit que les petits fruits rouges gorgés de soleil. J'ai eu de très beaux exemples de Pinot avec ce domaine, mais je suis beaucoup moins enthousiaste cette fois-ci. 88/100

CHATEAU DE L'ERMITAGE "EPICURIA" 2003

Le millésime 2002 avait été une véritable révélation lorsque nous l'avions goûté quelques années auparavant. Après 24 heures de carafe, le vin est (enfin !) à point mais un peu trop éxubérant pour espérer inquiéter le 2002. Les parfums de fruits noirs confits, de gelée de cassis, d'épices et de céréales tournoient dans le verre. La bouche est une sauce de pruneaux, de mûre sauvage et de tabac. A revoir dans quinze ans. 93+/100

CHATEAU MASBUREL Boléro 2003

Encore un rapport qualité-prix de légende. Le nez crémeux de tarte aux myrtilles, de noix de coco, de noisette et d'anis est un bon représentant de son cépage majoritaire : le Merlot. La bouche est plus équilibrée que celle du précédent et l'on perçoit les fruits noirs, le chocolat amer et les épices. 92+/100

RASTEAU VDN 1989 Domaine de la Soumade

Je ne suis pas près de l'oublier, car c'est la première fois de ma vie que je retrouve à l'aveugle un vin que je ne connais pas et que, bien sûr, je n'ai jamais bu ! Le seul indice que nous avions est cette phrase de Lolive : "Personne ne pourra le trouver car c'est très rare." Le nez est une bombe de réglisse, de burlat et de fruits exotiques. C'est à ce moment-là que tout se joue, j'ai un flash : un Rasteau de Jérôme Bressy. Je me souviens au même moment qu'un autre domaine à fait un Rasteau en vin doux naturel dans les années 1980. Je lance donc : "Rasteau VDN". Lolive manque de tomber à la renverse ! Il faut bien quelques coups de génie pour se rassurer de temps à autre... La bouche offre une sucrosité délicate proche de la perfection : la griotte, le kirsch, le Mon Chéri et les épices asiatiques enrobent la langue près de quarante cinq secondes. Superbe ! 95/100

CHAMPAGNE TAITTINGER Collection Masson 1982

C'est la deuxième fois que je bois ce vin mais il est malheureusement bien en deça de ma première expérience. Le nez presque oxydatif rappelle le caramel au lait, la noix, le comté, la pomme avec une touche de "jaune". La bouche, puissante et même un peu lourde, reprend en fanfare les mêmes arômes. 94/100

CHAMPAGNE LAURENT PERRIER Grand Siècle Assemblage 1979/1975/1973

Le nez prodigieux de café grillé, d'amande amère, de fève de cacao et d'agrumes est un régal. La bouche offre un cordon vif des années 1990. Quelle jeunesse ! Les parfums de fleur, de citron vert, de bergamote et de chocolat noir 80 % ne nous lâchent pas. Encore dix ans de patience pour une récompense inoubliable. 94+/100

Voilà une bien belle dégustation ma foi, et à ce train là il ne nous manquera pas beaucoup de Champagne dans la série "Collection" puisque Lolive nous a déjà fait découvrir le 1978,1981, 1982, 1983, 1986 et 1990... Bravo mon pote et vivement la suite puisque j'organise fin novembre une monumentale dégustation comme chaque année !