Pavie 1950, Charlie 1979, Da Capo 1998... Deux repas entre amis.
Deux repas sont l'occasion de goûter quelques bouteilles qui me tentent en ce moment. Le premier dîner se passe à la maison. C'est donc le bon moment pour tester enfin une recette que j'ai en tête depuis longtemps : Une île flottante contemporaine composée d' un velouté d'orties et d'oeufs en neige à l'ail des ours.
La semaine suivante, je mets cette fois les pieds sous la table et goûte à l'aveugle une belle série. Cela fait quelques temps que je ne suis pas parti dans les étoiles et ça ne sera pas pour cette fois encore, mais peu importe, le plaisir est là et c'est bien l'essentiel !
CHAMPAGNE GOSSET 1971
Le nez de pomme, de raisin sec et de café donne l 'impression que ce Champagne est plus vieux de 10 ans. J'ai remarqué que 1971 est une année riche et parfumée, mais assez évoluée déjà. Il faut donc commencer à les boire...
En bouche, le cordon est impeccable, charriant un flot de parfums comprenant la noix, la liqueur de pomme, et les petits minéraux en finale. J'ai une nette préférence pour le 1973, bien plus racé. 91/100
CHÂTEAU LAVILLE HAUT BRION 1966
Un château que j'adore, qui m'avait donné l'une de mes plus grandes émotions en Blanc, avec le 1949. Malheureusement, celui-ci est bouchonné. Rageant ! NN
CHEVALIER MONTRACHET 1971 Bouchard P&F
Finalement, mon vin de secours est une bombe ! Le nez puissant de paille, de cire, de champignons frais et de noisette grillée est un régal pour les narines. La bouche ne fait pas dans la dentelle. Quelle force ! Le beurre fondu, les fruits exotiques poêlés et les fruits d'été macérés envahissent le palais, tandis qu'une magnifique finale saline et safranée nous fait tomber sous le charme de ce Chevalier. 95/100
CHAMBERTIN CLOS DE BEZE 1993 Faiveley
Un producteur que j'aime beaucoup. Son 1990 est d'une qualité hors norme ! Ce 1993 est moins exubérant,à cause d'un nez plus strict de fourrure, d'anis, d'herbes et de groseilles. La bouche pure et ciselée,rappelle la roche, la griotte et la framboise épicée. Laissons lui encore une bonne dizaine d'année. Il sera grand, car la matière est là... 91+/100
CHÂTEAU PAVIE 1950 (Négoce)
Le nez, en pleine forme, de cacao, de cannelle, de chocolat noir et de pralin, est nuancé de fines herbes et d'olives. La bouche offre une superbe attaque mentholée, et un grain de tanin abouti. Le kirsch et la griottine prennent le relais, tandis qu'une finale agréable et acidulée termine ce beau voyage. J'entends "années 70 ou 80 " à l'aveugle. Ha ces vieux vins ! 94/100
CHÂTEAUNEUF DOMAINE DU PEGAU Cuvée Da Capo 1998
Faut-il encore présenter ce vin , l'un des plus mythiques du monde, que Parker range dans ces légendes absolues, aux côtés de Rayas 1990 et Célestins 1990 ?
Le nez est une compote de raisin de Corinthe, et de mûre, avec des nuances de rhum arrangé, de tapenade et de gibier.
C'est la deuxième bouteille que je goûte,et le vin n'a pas encore évolué : On a toujours cette impression de boire une sauce parfumée de rhum vanille, de burlat et de framboises. Le tour de force réside dans cette capacité qu'a ce domaine à rester digeste en comparaison des monstres Américains que j'ai pu tester. La minéralité, ainsi qu'une acidité de bon aloi équilibre la finale. A revoir dans une quinzaine d'année... 95+/100
VIN DE PAILLE 1966 Domaine de La Pinte
Il est encore buvable, mais des traces pas très nettes de vieilles barriques me gâchent une grande partie du plaisir. Quand je repense au fameux 1959, monument absolu, je suis très déçu par la performance de celui-ci. NN
QUETSCH 1895
Le nez est à se damner tant il tourbillonne sous nos narines; Il est difficile d'en saisir toute la complexité, mais retenons la tourbe, les herbes sèches, le noyau et la chair de prune. En bouche l'alcool est là, c'est certain, mais cette eau de vie reste aérienne, avec des notes de bâton de réglisse, de fruits macérés et d'épices délicates. Très grande finale. 96/100
Suite chez Libe la semaine d'après...
CHARLES HEIDSIECK "Charlie" 1979
Le nez à point rappelle le pain grillé, les agrumes confits, avec une touche de guimauve. En bouche, le cordon est fin, tandis que la minéralité tranchante comme un silex stimule les papilles. On perçoit aussi une note de bicarbonates. La finale est heureusement plus gourmande grâce à cette touche de fruits d'été juteux. 91/100
MEURSAULT Les Corbins 2007 V.Dancer
Le nez ouvert dévoile des senteurs de chêne sucré, de beurre, d'amande et de pêche. La bouche glycérinée, offre une salinité agréable, mais le milieu , un peu mou, peine à nous embarquer. Je préfère de loin les génériques de Coche. 87+/100
RICHEBOURG 1991 Hudelot Noëllat
Le nez de fourrure, de café froid, de poussière et de pruneau me rappelle celui d'un Pinot des années 60 à l'aveugle : C'est fâcheux ! En bouche, la touche de sucraïon ne sème pas le doute dans mon esprit. Je perçois même quelques notes provençale, qui me donnent à penser qu'on a pu ajouter un peu de Grenache. Quand Libe nous dévoile la provenance et l'année, je prends un coup de chaud ! Pas déplaisant, mais problématique... 87/100
CÔTE RÔTIE LA MOULINE 1980 Guigal
Le nez est magnifique, exemplaire même, pour un si modeste millésime. Il s'étale sur les herbes grillées, la cendre, le toast et les groseilles. La bouche est crémeuse, gourmande, grâce aux arômes de pruneaux, de lard, de baies et d'olives noires.Quel beau vin ! J'ai une petite pensée pour Marco qui aurait adoré cet exemplaire impeccable de son année de naissance. 95/100
TOKAY PINOT GRIS Muenchberg VT 1994 Ostertag
Un producteur que j'adore, une année que je vénère en Alsace, et pourtant le résultat n'est pas la hauteur.
Le nez de coquillages, de zeste, et de citron confit est agréable. C'est quand même un peu le minimum syndical... La bouche est dénuée d'intérêt, car monolithique et courte. Un beau loupé, en somme... 84/100
Un petit bonus pour la route...Mes parents sont de passage le lundi de Pâques, et j'ai envie d'ouvrir cette appellation chère à nos coeurs !
MOULIN A VENT 1959 Hospices de Romanèches
Le niveau est parfait. Hormis l'étiquette très abîmée, on dirait que le vin est tout neuf !
Je déchante en ouvrant le flacon, car le bouchon d'origine part en lambeaux... Mais en vérité, je vous le dis, rien n'arrête un grand Gamay. Ceux qui méprisent le Beaujolais feraient bien de goûter celui-ci à l'aveugle qu'on rigole un peu.
Je dois avouer que mon papa est très en forme, ce jour, pour cet exercice périlleux. Il se place sur l'année 1959, plutôt en Richebourg de mise négociant. Pas mal, je n'aurais pas fait mieux, c'est certain... Il est vrai que ce nez de rose et de violette dirige tout droit sur un grand Côte de nuit. La bouche gourmande fait saliver, grâce à ce flot de petits fruits rouges, de fumée et d'épices délicates. Certes il manque de coffre et de longueur, mais on s'en fiche un peu, car la bouteille est finie en moins de deux, et c'est bon. Tout est dit ! 91/100