Smith Haut Lafite 1920, Eglise Clinet 1955, Corton 1947 Giroud... En attendant l'été...

Bouclée au dernier moment, cette dégustation rassemble une belle brochette de dégustateurs :) Marten arrive de Suède, mon frère d'Alsace, Luc de Bourgogne, et Libe de Lyon. Cela n'arrive pas souvent, mais dès l'ouverture, je sais que sur 13 vins, il n'y aura aucun "trou". Tous les vins sont vivants et même en pleine forme !

MOET & CHANDON 1928

Je préfère commencer par ce Champagne, car je perçois les prémices du crépuscule de son long parcours. Il offre un nez intéressant de truffe, d'agrumes, et de cuir. La bouche est encore sous gaz, mais le mousseron, ainsi qu'un léger relent de bête crevée dérangent certains. Heureusement l'aération gomme cet arôme de fin de vie, pour laisser place au sous bois et à la truffe avec une touche bienvenue de citron. Décidément, ce millésime n'est peut être pas aussi grand qu'on le prétend habituellement. Attention j'apporte un bémol sur ce vin que j'attendais mythique ; Comprenez bien qu'il est tout de même bon et impressionnant pour son âge.

90/100

TAITTINGER Comtes de Champagne 1959

C'est l'un des Champagne que j'ai le plus goûté : De 1952 à 1995.

Le nez est d'emblée bien plus jeune que le précédent. On note de la verveine, du tabac et une touche de bergamote. En bouche il est gras, mais plutôt aérien pour un 1959. Le gaz est bien présent et agréable. Il est surtout axé sur le citron vert et l'écorce d'orange. Rien d'inoubliable, mais un beau moment quand même...

93/100

POMMERY 1953

C'est peut être bien ma maison de prédilection ! Le nez est inattendu, car fin et plutôt discret. Cependant, la complexité est indéniable : Croissant, cacao, abricot et café.

La bouche est sous gaz, très jeune, offrant une belle palette constituée de pralin, d'agrumes, et de thé. Superbe vin en dentelle et surtout dans une forme olympique !

96/100

POUILLY FUISSE 1955 Ferret

Un domaine mythique du Mâconnais, que j'ai toujours défendu bec et ongle, allant même jusqu'à dire sans rougir qu'il est parfois meilleur que beaucoup de Montrachet.

L'aveugle est une épreuve riche d'enseignements. Luc nous fait la surprise d'amener cette rareté, et comme tout le monde je pars à l'aveugle sur un vin de la fin des années 70:)

Quelle leçon !

Le nez est jeune et complet, offrant des parfums subtils de pain grillé, de noisette et de pierres concassées. La bouche est ciselée, crayeuse, avec un gras beurré surprenant en finale. Pour une cuvée basique, c'est presque de la science fiction qu'un Pouilly atteigne un tel niveau...

93/100

CHÂTEAU TALBOT Caillou Blanc 1955

Le nez superbe de pétrole, de cuir, de citron et de zeste, évoque au départ un grand Riesling, mais les notes de pêche qui arrivent ensuite ne peuvent tromper plus longtemps l'assemblée. La bouche offre un tranchant hallucinant, et une nervosité lorgnant presque sur la Moselle. Le citron, les herbes humides, les minéraux et les fruits jaunes laissent une empreinte d'une fraîcheur étonnante pour un vin de cet âge. Superbe surprise !

96/100

CHÂTEAU RAYAS Blanc 1929-1933

Cette rareté unique provient d'une cave très humide, où tous les cols sont millésimés sur une période allant de 29 à 33. On a donc toutes les chances d'être sur une année monstrueuse du Rhône : 1929 ou 1933.

La couleur acajou ne laisse qu'une chance : Soit le vin est liquoreux, soit il est mort depuis longtemps. Bingo !

Le nez de caramel, de figue et de barbe à papa est très enthousiasmant. La bouche est une douce liqueur sucrée de sucre brun, de figue à nouveau, et de rhum arrangé. Un vin superbe, mais qui ne possède pas le cachet d'autres blancs très rares, comme Lafite blanc par exemple. Donc passé l'excitation, on se raisonne pour jauger ce Châteauneuf blanc à sa juste valeur:

93/100

Après une panne un peu prolongée du site, tout à l'air de rentrer dans l'ordre....Moteur, Action:)

CHÂTEAU SMITH HAUT LAFITE 1920

Le nez est somptueux de jeunesse et surtout de complexité : Poivron, fraises des bois, fumée, viande braisée...

La bouche, n'est pas en reste et confirme que 1920 est l'année secrète de Bordeaux. Longévité, complexité, et finesse incroyable sont les adjectifs qui la caractérisent le mieux...

Je ne vois d'ailleurs pas trop d'équivalent dans le siècle. C'est à mon sens un millésime plus abouti que 1928 et surtout plus marquant.

Le palais est inondé de cassis, de civet, de fraises, et de chêne ancien. Un grand vin, tout en dentelle et très proche de son terroir, repéré il y a déjà longtemps par notre cher dégustateur Allemand Wineterminator.

99/100

GRANDS ECHEZEAUX 1966 DRC

Le niveau est bas et pourtant, le nez jaillit littéralement du verre sur des parfums de fourrure, de rose, de fruits noirs, le tout porté par une délicate touche d'agrumes.

La bouche est encore nerveuse, saline à souhait, et surtout marquée d'un goût inoubliable de rose fanée, de bois de luxe et de framboises fraîches. Le plus grand millésime pour ce cru d'après Allen Meadows...

98/100

CHÂTEAU EGLISE CLINET 1955

Le nez monstrueux délivre une bombe parfumée de zan, de menthol, de cuir, mais aussi de poivron et de fruits noirs. La bouche est aussi dense qu'on l'imagine, offrant un volume et une sucrosité parfaitement dosée. On retrouve une cohérence parfaite avec le nez.

Quel grand 1955, encore une fois !

97/100

RICHEBOURG 1978 Jean Gros

Il est bien ouvert, mais on sent que ce vin est encore très loin de sa maturité. J'aurais aimé le boire dans 20 ans ....

La tablée le trouve classique, parfaitement exécuté , mais sans génie. Pour ma part, je le trouve effectivement vinifié dans les règles de l'art, et à bien y réfléchir, il n'y a pas tant de Richebourg que cela, à ce niveau, donc on ne va pas bouder notre plaisir !

Nez superbe de ronce, de rose, de fruits rouges acidulés et bouche jeune, marquée par le fruit, et les petits minéraux. Un grand vin très frais.

94+/100

CORTON 1947 Camille Giroud

Attention, vin mythique ! Le plus grand vin pour mon ami Dominique Fornage. Et quand on sait que ce célèbre critique a bu les plus grands vins de DRC jusqu'à 1875, Yquem 1811, et tous les grands Bordeaux des XIXe et XXe siècles, on tremble, rien qu'en versant le vin dans le verre !

Le nez est l'un des plus complexes que j'ai eu en Côte de Beaune : On perçoit la rose, le café, les fruits rouges épicés, et les herbes sèches...

La bouche est un mammouth ! Plus puissante que n'importe quel Châteauneuf, et pourtant pas la moindre trace de grenache. La sucrosité est incroyable , sans jamais tomber dans la caricature des vins "sucraïon" de la décennie 60. Il est tellement puissant que certains amis le trouvent ecoeurant. Moi je suis séduit et même époustouflé par son côté baroque digne de Cheval Blanc 1947. Le flot de fruits noirs et rouges compotés est inouï ! Ca n'est plus un vin, mais plutôt une crème de Pinot !:)

Un breuvage qui peut déranger, mais que l'on peut difficilement oublier. A revoir dans 50 ans.

98+/100

CHÂTEAU LEOVILLE LAS CASES 1982

J'ai tellement eu de déceptions avec ce vin que je n'ose même plus me prononcer sur son réel potentiel.... Cette fois, reconnaissons humblement que c'est une superbe bouteille.

Oui, d'accord, on est loin du 100/100 Parker, mais on est aussi loin du 87/100 que j'avais mis, il y a une dizaine d'année.

Le nez de sureau, de pistache, d'amande, de fruits noirs et de chêne grillé est une merveille. La bouche est crémeuse et fait magnifiquement revivre la palette du nez. Finale superbe. Il lui manque la magie absolue de Latour, Cheval, Certan de May, Mouton et autres Petrus du même millésime.

96+/100

VOUVRAY Cuvée Constance 1989 Huet

Un 6 étoiles Broadbent !!!!

Il offre un beau nez de cannelle, de coing et de citron confit.

La bouche est marquée par une trame acidulée inattendue, certes rafraîchissante, mais qui coupe un peu trop le volume quand même. Le coing, les agrumes, le thé, sont quelques arômes qu'on saisit sur le vif. J'espérais un vin nettement plus puissant, complexe et marquant. Le résultat est un Vouvray bien fait, sans surprises, qui sera malheureusement vite oublié.

92/100

Voici maintenant un aperçu de l'été, qui fut plutôt calme côté vins...

BEAUNE Clos des Mouches 1966 Blanc ( Drouhin )

Un cru rare et recherché. Le nez puissant de truffe, de zan, de noix et de fruits jaunes macérés est enthousiasmant. La bouche est encore puissante et évoque le pamplemousse et le beurre fondu. Belle surprise.

93/100

BONNES MARES 1923 Lupé Cholet

Le nez est d'une puissance hallucinante de cèdre, de hêtre et de fumée. A l'aveugle, je pars direct sur un vieux vin du Rhône nord.

Par la suite de superbes notes de truffe, de gibier, et de mûres donnent au vin un cachet redoutable ; Presque une eau de parfum grâce à de subtiles touches d'iris et de mimosa !

La bouche est massive, totalement gorgée de fruits très murs et de fumée. On perçoit nettement de tous petits rendements. Est il rehaussé à l'Hermitage ? Dur à dire, et honnêtement , je m'en fiche un peu de savoir comment il a été fait, car il est somptueux, et c'est tout ce qui m'intéresse.

98/100

CHEVALIER MONTRACHET Demoiselles 1990 Jadot

Nez exotique et entêtant d'ananas, de foin, de noisettes, de noix de coco et d'abricots cuits. La bouche offre une puissance plutôt "Bâtard" que "Chevalier". On a l'impression de déguster le citron confit d'un tajine, mêlé à l'orange sanguine et à l'anis. Quel corps et quelle finale !

97+/100

CÔTE RÔTIE Landonne 1979 Guigal

Nez prodigieux de cendre, de lard fumé, et de baies. Bouche opulente offrant de nobles arômes de jambon braisé, d'épices et de petits fruits rouges acidulés. Rondeur, sensualité et longueur sont le tiercé gagnant de ce vin redoutable.

97/100

ROMANEE St VIVANT 1999 Confuron JJ

Le nez fin de ronce, de rose et d'épices est agréable et puissant. La bouche est crémeuse , marquée  par la mûre, les fruits rouges acidulés et les fleurs séchées. Grand vin en devenir.

94+/100

CÔTE RÔTIE Lancement 2004 Ogier

Un vin rare que je suis heureux de goûter. Nez classique de kirsch, d'épices et boisé subtil. La bouche est complètement déroutante, avec une acidité phénoménale qui fait presque grimacer. Mais curieusement cette acidité fruitée rend le vin aérien et digeste. Bizarre, mais excellent...

91+/100

CHINON Clos de l'olive 1959 Couly

Bouchonné malheureusement. Dommage car on sent une belle matière derrière ce voile de pollution.

NN

MEURSAULT GENEVRIERES 1986 Bouchard P&F

Nez superbe de pain grillé, de noisette torréfiée, et de fruits jaunes macérés. Bouche grasse de beurre fondu, d'herbes sèches et d'agrumes alcoolisés. Grosse surprise et un vrai bonheur pour 35 euros.

95/100

DE VENOGE princes 1979

Ce Champagne dévoile un nez complexe de tabac, de réglisse, de chêne neuf, de fumée et d'agrumes.

La bouche offre une belle rondeur, presque sucrée à force d'être mûre. On retrouve une gamme aromatique qui se pose en miroir du nez.

Meilleure que ma première expérience faite l'an dernier. 95/100

HERMITAGE Chante Alouette 1959 Chapoutier

Nez curieux de génépi, de jus de viande, d'herbes et de fourrure. La bouche est une vraie liqueur qui pourrait presque rappeler une Chartreuse. La puissance est là, mais quid de la finesse et de la fraîcheur. On est loin du magique 1955.

90/100

CHÂTEAU RAUZAN SEGLA 1961

Le nez superbe et explosif s'étale de tout son aise sur la truffe noire, le poivron, l'anis et la cendre. La bouche est un peu moins spectaculaire, mais elle possède néanmoins de beaux atouts, comme la rondeur et la finesse par exemple. Le spectre aromatique se limite surtout aux fruits noirs et au sous-bois. Nettement meilleur que ce qu'en dit Bob Parker.

92/100

CHÂTEAU FIGEAC 1964

Nez de mûres, de cassis et d'herbes sèches. Difficile de choisir une région à l'aveugle. La bouche est d'une jeunesse surprenante. La dernière bouteille que j'avais bue était, au contraire, à boire sans plus tarder. Celle-ci me bloque même un peu, car je la trouve trop jeune, et peu développée, au niveau de la complexité. Ce 1964 est confit, fruité, et assez herbacé, mais je n'arrive pas à m'emballer. Attention, grand vin quand même.... A revoir dans 15 ans ?

92+/100

VIN DE LAURENCE 1997 ( Mas Daumas Gassac )

Vraisemblablement un vin de liqueur.... Le nez de noix, de tartelette caramel, d'orange sanguine et de pain grillé est très appréciable.

La bouche n'est pas en reste et emporte les papilles dans un beau manège aromatique. On se laisse emporter par la poire, la quetsche et la mandarine impériale. Belle surprise, pour les amateurs de digestifs :)

93+/100

Vivement la suite, qui va nous permettre de retrouver un peu le XIXe siècle avec l'ami François....